Dans un communiqué (1), le CFCM (Conseil français du culte musulman) donne son avis concernant "la polémique sur le terme « islamophobie »". Un terme qu'il valide et défend.
Voici ma réponse que je lui adresse directement :
Cher CFCM,
Au-delà de l’histoire du terme "islamophobie", dont les créateurs étaient imprégnés de leur vision paternaliste coloniale (islam=musulmans, critiquer l’islam serait s’en prendre aux colonisés), "islamophobie" concerne bien la religion, pas les individus.
Dire que l’islam est une religion de paix et d’amour et que le Prophète Mohamed était le meilleur des hommes est islamophile. C’est légal en France et cela doit le rester.
Dire que l’islam appelle à la violence envers les apostats, les homosexuels, etc., autorise l’esclavage, la pédophilie, le viol et les violences conjugaux envers les femmes, est islamophobe. C’est aussi légal en France et cela doit le rester.
Or, pour vous et tous les nostalgiques du délit de blasphème, seule l'islamophilie aurait droit de cité. Pour les partisans de la lutte contre l'"islamophobie", l'islam devrait donc avoir un statut particulier, un privilège d'intouchabilité. Tout obstacle à l'expression de cette religion, même à ses dérives, serait de "l'islamophobie" à combattre.
Pour faire passer la pilule, les partisans du terme "islamophobie" ambitionnent de fusionner une idéologie religieuse avec des individus pour ne plus distinguer l’offense à une religion de l’hostilité contre des personnes en raison de leurs croyances. Ils instrumentalisent la seconde (les discriminations que subissent des musulmans sont réelles et doivent être combattues) pour tenter d’interdire la première. Pour s’en défendre, ils affirment n’avoir aucun problème avec la critique de l’islam… sauf quand on le critique.
Cette confusion volontaire se retrouve dans la définition contestable du Larousse que vous avez volontairement tronquée : "Hostilité envers l'islam, les musulmans." Ainsi, l’islamophobie est l’hostilité envers l’islam en tant que religion, de facto assimilée à une hostilité envers des individus. C’est la notion même du blasphème.
D’ailleurs, dans les pays musulmans, le terme "islamophobie" n’existe pas. Seul son synonyme est utilisé : offense à l’islam.
De plus, ces mêmes partisans de la lutte contre "l’islamophobie" considèrent l’islamisme comme l’islam tout court, et les islamistes comme de simples pieux musulmans opprimés. Ainsi, toute critique de l’extrémisme musulman est considérée être une critique contre l’islam donc contre tous les musulmans.
L’islamophobie est l’hostilité envers l’islam en tant que religion, de facto assimilée à une hostilité envers des individus. C’est la notion même du blasphème.
Enfin, il existe bien une hostilité envers les musulmans qu’il faut combattre. Contrairement à votre affirmation, moi comme tant d’autres avons toujours condamné cette haine. Mais il faut être précis pour mieux la combattre. Affirmer, comme vous le faites, qu’il existerait un racisme antimusulman est le moyen d’essentialiser les musulmans à leur religion. L’islam n’est pas une race. Les musulmans ne sont pas membres d’une ethnie ni originaire d’un pays qui s’appellerait la "Musulmanie".
Or, comme vous le démontrez dans votre communiqué, le concept "islamophobie" vise aussi à faire de l’offense à l’islam une forme de racisme. On transforme l'islam en race, génétiquement incluse en chaque musulman "de naissance". Le musulman, fidèle d'une religion censée être choisie, devient le Musulman, membre assigné à un peuple imaginaire. La liberté de conscience devient caduque.
Il ne s’agit donc pas de racisme mais d'hostilité/haine/discrimination en raison de la religion. Si vous préférez un terme avec le suffixe "phobie", vous pourriez utiliser "musulmanophobie" qui ne prête à aucune ambiguïté. Mais vous préférez "ISLAMophobie", car votre rêve que soit un jour établi un délit de blasphème spécifique à l’islam est trop vivace.
Vous êtes loin d'être les seuls. Des pays comme le Pakistan et des associations islamistes européennes exercent un fort lobbying depuis des années pour faire accepter ce terme par des instances internationales. Un lobbying victimaire efficace puisque, comme vous l'avez indiqué, l'ONU et d'autres l'ont validé.
Ces arguments ne sont donc pas "servis par des racistes notoires", comme vous l’affirmez malhonnêtement pour tenter de discréditer toute opposition. Ils sont servis par des défenseurs de la liberté de conscience et de la liberté d’expression. Deux libertés totalement opposées à vos valeurs, sauf quand vous en usez pour servir vos idéaux religieux.
(1) COMMUNIQUÉ : Que cache la polémique sur le terme « islamophobie » ?