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Naëm Bestandji

Féminisme / Universalisme / Laïcité

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Élections municipales à Strasbourg : les Verts et le sexisme islamiste

Par Naëm Bestandji . Publié le 13 Mars 2020 à 13h25

Europe Écologie les Verts ne s'intéresse pas qu'à l'environnement. Si ses positions en faveur de la défense de la planète et du développement durable sont plus que nécessaires, le parti œuvre aussi, malheureusement, pour la promotion de l'islamisme politique et le développement durable de son cheval de Troie : le sexisme du voile.

Les Verts et l'islamisme politique : une relation sentimentale par une vision stéréotypée des musulmans

Ce parti fut naguère progressiste, universel, laïc et pour l'émancipation des consciences loin de tout dogme religieux. Aujourd'hui, il infuse une dose rétrograde toujours plus forte et inclut dans ses luttes une partie des revendications sexistes, communautaires et politiques des Frères musulmans. Cette dérive, non exclusive à EELV, a pour origine une vision exotique, orientaliste et paternaliste de l'islam et des musulmans. En quête d'opprimés à défendre comme toute une partie de la gauche, elle a trouvé dans l'islamisme une visibilité "physique" qui permet de distinguer ses adeptes du reste de la population. Cette distinction se fait par les corps des femmes, obsession principale de l'islamisme qui se fait un point d'honneur à défendre le patriarcat comme facteur identitaire de son idéologie. Ainsi, EELV considère que favoriser l'intégrisme musulman (perçue par le parti comme une simple expression de piété) est plus important que le féminisme. Le sexisme devient alors acceptable lorsqu'il est brandi par une femme au nom du respect de son islamité. Comme à l'époque coloniale, EELV considère cette interprétation extrémiste de l'islam comme l'islam tout court. Cela colle à sa vision stéréotypée de l'islam et de ses fidèles. Les musulmans progressistes, laïques, qui ne font pas commerce de leur islamité et se considèrent en société uniquement comme citoyens, ne les intéressent pas.

Cette dérive vers l'intégrisme musulman dont EELV promeut le sexisme à travers la sexualisation et la diabolisation du corps des femmes, pousse le parti à refuser toute réflexion et remise en question du voilement. La critique de ce sexisme politique est considérée comme une atteinte aux "musulmans". Cela porte un nom : l'obscurantisme. Ce retour en arrière concernant les corps des femmes est présenté comme un progrès par EELV. Inversion typique de l'islamisme politique adopté par le parti écolo qui invente ainsi le "sexisme bio".

Tous les membres du parti ne sont pas sur cette ligne politico-religieuse identitaire qui, au-delà du sexisme, s'assoie sur le principe de laïcité. Mais ils pèsent moins que les soutiens à l'islamisme.

Jeanne Barseghian, tête de liste "Strasbourg écologiste et citoyenne", a fait le choix de promouvoir le mélange sexisme/"religion"/politique en incluant sur sa liste une militante voilée.

Ainsi, comme j'avais alerté il y a quelques mois, les élections municipales sont l'occasion d'afficher au grand jour cette dérive, notamment par la composition des listes qui n'ont jamais vu autant de voiles fleurir. EELV n'est pas le seul parti à croire qu'on peut gagner le vote des "musulmans" par la promotion politique du sexisme identitaire. Mais, à travers son sexisme "bio", il est le plus zélé : Tourcoing (1), Laval, Grenoble et aussi Strasbourg.

Jeanne Barseghian est la tête de liste "Strasbourg écologiste et citoyenne". Pourquoi a-t-elle fait le choix de promouvoir le mélange sexisme/"religion"/politique en incluant sur sa liste une militante voilée ? Pourquoi croit-elle que ce gage "symbolique" donné à l'islamisme politique (et ainsi jouer avec le feu) lui permettrait de séduire "les musulmans" ? Pour le comprendre, il faut s'intéresser à un autre colistier : Abdelkarim Ramdane.

Abdelkarim Ramdane est conseiller municipal délégué de la ville de Strasbourg "en charge de la lutte contre les discriminations dans le cadre de l’insertion sociale et professionnelle". Il est aussi conseiller eurométropolitain d'Eurométropole de Strasbourg. Il indique sur son compte Twitter être, entre autres, antiraciste et féministe. Ça, c'est pour la vitrine. En réalité, il plaide pour l'investissement des musulmans dans la société sur la base de leur religion. Et pour cela, il est allé l'exprimer en 2016 dans le temple annuel du communautarisme, de la discrimination et du sexisme, au plus grand rassemblement islamiste d'Europe : la rencontre annuelle des Frères Musulmans de France au Bourget.

Quand un élu écologiste s'invite au plus grand rassemblement islamiste d'Europe

Les discours tenus y sont souvent sexistes. Ses allées mettent en pratique ces discours où le sexisme et le patriarcat sont assumés sur de nombreux stands vendant toute forme de voilement pour femmes et fillettes (considérées aussi comme sexuellement attirantes pour certains ou comme une manière de les habituer au sort d'objet sexuel qui les attend pour d'autres). Les ouvrages écrits par des hommes qui définissent la "pudeur" féminine, la "complémentarité" (c’est-à-dire la supériorité de l'homme sur la femme), la place de la femme et son voilement pour ne pas tenter les hommes, se comptent par dizaines à divers endroits du rassemblement. Ces ouvrages sont à destination des adultes et beaucoup d'autres à des enfants, comme par exemple les livres de coloriage pour montrer la "bonne tenue" du voile. Voici comment est présenté l'un d'entre eux, "spécial filles" : les princesses ont toutes de jolis foulards et de longues robes ... C'est une manière ludique de montrer aux petites filles musulmanes que ce n'est pas parce qu'on porte le voile que l'on est moins belle ; bien au contraire !
A vous, parents musulmans d'offrir ce petit coloriage à vos enfants
(…).

Les jouets ne sont pas oubliés. Les poupées voilées ont un grand succès. L'intérêt est d'enfermer les enfants dans ces stéréotypes sexistes pour les amener au "libre choix" du voilement une fois adultes. EELV prendra ensuite le relais pour le promouvoir sur ses listes et défendre ce sexisme au nom de ce fameux "libre choix" construit par les islamistes hommes.

Les livres proposés au public font aussi la promotion de l'homophobie, comme celui de Youssef Al-Qaradawi, "Le licite et l'illicite en islam", dont l'homophobie égale le sexisme du voilement justifiés dans cet ouvrage présent chaque année à plusieurs endroits du rassemblement.

J'avais consacré un long article à la RAMF qui en montre les dangers tout autant que l'indifférence d'une partie des féministes et des défenseurs des Droits Humains (2).

C'est dans cette ambiance "antiraciste et féministe" qu'Abdelkarim Ramdane est allé s'exprimer. Non pas pour critiquer ce rassemblement devant ses organisateurs Frères musulmans mais pour le conforter par sa présence en tant qu'élu écologiste. Énième symbole des liens entre une frange de la gauche et de l'extrême droite musulmane. Il participa à une table ronde aux côtés de deux personnalités de l'islamisme politique. Nabil Ennasri, un des Frères musulmans les plus actifs en France, avait notamment exprimé son homophobie dans une tribune qui compara l'homosexualité à la zoophilie (3). Mohammed Bajrafil était également présent. Idéologiquement proche des Frères musulmans, il défend le sexisme du voile et regrette qu'il n'ait pu voiler sa propre fille à l'école en raison de la loi de 2004 (4).

Par sa présence en tant qu'élu écologiste, Abdelkarim Ramdane a conforté le rassemblement des Frères musulmans.

C'est donc là, si bien entouré, qu'Abdelkarim Ramdane prit la parole pour dire notamment ceci : Pourquoi n’y a-t-il personne de chez nous dans les manifestations contre la loi travail ? Ne sommes-nous pas Français ? (5) Qui est ce "nous" ? Quel est ce "chez nous" ? Il ne parle pas des écologistes ni des citoyens. Ce n'est pas un "nous" universel. C'est un "nous" communautaire. Le "chez nous" est l'Oumma, la communauté des croyants supérieure aux communautés nationales. Le "nous" signifie "nous les musulmans". Enfin, pas tous les musulmans mais ceux qui politisent leur foi, donc les islamistes. En effet, des musulmans étaient présents dans les manifestations contre la loi travail, comme dans toutes les luttes sociales qui agitent notre pays, avec des citoyens de toute confession et sans confession. Seulement, manifestant en tant que citoyens, leur islamité n'est pas visible. C'est ce que regrette Abdelkarim Ramdane. Alors comment faire pour être reconnu ? En mêlant slogans religieux et politique contre le gouvernement ? En brandissant des panneaux qui affichent des "sponsors" du genre "Collectif des musulmans de France" ? Cette volonté d'amener l'islam, de le rendre visible, à travers son interprétation extrémiste, dans les luttes politiques et sociales passe d'abord par l'obsession de tous les islamistes : le corps des femmes. C'est là que le sexisme du voile entre en jeu. Voilà comment il se retrouve sur la liste écologiste de Strasbourg pour les municipales de 2020.

Le parti assurera ainsi le SAV politique de l'intégrisme musulman. Il sera le relais, "l'idiot utile" de la communication islamiste théorisée par ceux qui prescrivent le voile. Selon eux, le voile est l'outil visible de la da'wa, la prédication. Sa visibilité assure la transmission du message de l'islam (version islamiste), sa banalisation. Une fois bien installé dans le paysage, d'autres revendications pourront être amenées. L'idée est de faire avancer leur idéologie en faisant reculer nos valeurs, petit pas par petit pas. Par leur machisme et leur obsession sexuelle, les corps des femmes servent de panneau publicitaire.

Ces jalons, posés comme espéré par les islamistes grâce à leur sexisme présenté comme "signe religieux", le sont moins aujourd'hui par les extrémistes que par leurs maillons externes, leurs alliés tels EELV. Si à court terme le parti ne voit pas le danger, le retour de bâton de ce pacte avec le diable sera particulièrement douloureux à long, voire à moyen terme. Car, et l'histoire le montre, le fanatisme religieux ne se s'atténue pas au contact d'autrui. Le voile ne se retire pas parce que les femmes concernées s'investissent aux côtés d'autres qui ne le sont pas. Ces alliances permettent au contraire d'ancrer l'islamisme, de conforter un retour vers le passé sur la séparation du politique et du religieux comme sur l'égalité des sexes. Cela passe par la banalisation du voilement et sa validation politique par celles et ceux censés défendre la laïcité, l'égalité des sexes et protéger la société de l'intégrisme religieux. Puis, progressivement, après les demandes sexistes, d'autres revendications islamistes pointeront. Cela se fera notamment par "l'écologie islamique" où la lutte pour la préservation de la planète passera par le filtre du "halal". Sans ces alliances avec des partis comme EELV, rien ne serait possible. Telle est la conquête lente (pour qu'elle ne soit pas perceptible) et progressive de l'islamisme politique.

(1) Europe Écologie les Verts invente le sexisme bio
(2) La Rencontre Annuelle des Frères Musulmans, le plus grand rassemblement islamiste d'Europe
(3) Le CCIF et l'homophobie : un faux silence, une vraie caution (1ère partie)
(4) "Nous, Français musulmans" : un documentaire intéressant aux graves lacunes (3ème partie)
(5) Au Bourget, les représentants musulmans débattent du voile et de participation politique

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