Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques, a réaffirmé l'interdiction du voile pour les compétitrices représentant la France lors des Jeux Olympiques (1).
C'est une bonne chose. Les athlètes représentent la Nation, notre République laïque. Ils ne doivent pas être les étendards publicitaires d'une idéologie politique ou religieuse. Ils ne doivent pas non plus promouvoir une discrimination (ici, sexiste par le voile). C'est justement là que réside un vide béant dans la déclaration de la ministre. Elle se positionne comme tout le monde : sur le terrain de la laïcité. Or, invoquer uniquement la laïcité est une erreur. Le terrain concerné par le voile est d'abord le sexisme et le patriarcat, une discrimination aussi interdite par le Comité International Olympique (CIO). La laïcité vient en appuie, puisque les islamistes invoquent la "liberté religieuse" (qui séduit) plutôt que la "liberté patriarcale" (qui braquerait). Mais elle ne peut pas être le premier terrain et encore moins le seul.
La laïcité vient en appuie. Mais elle ne peut pas être le premier terrain et encore moins le seul.
Camper sur le terrain de la laïcité, plutôt que sur celui du patriarcat où les islamistes n'ont aucune chance, est donc un piège tendu par l'islamisme politique. La France, comme d'autres pays, y a sauté à pieds joints et s'y embourbe depuis plus de 30 ans. D'ailleurs, les islamistes ont encore parfaitement manœuvré : auprès du CIO, le voile n'est plus présenté comme une manifestation cultuelle mais culturelle (exactement la même stratégie que pour l'abaya en France). Cet outil ne contreviendrait donc ni à la neutralité religieuse ni à la Charte olympique. Ainsi, la laïcité n'est plus un bouclier mais au contraire un outil de contournement pour permettre l'avancée de la misogynie islamiste, fer de lance de son prosélytisme.
Rappeler la laïcité est nécessaire. Mais, sur le long terme, cela reste fragile. Les Jeux Olympiques de 2024 en seront la prochaine démonstration. D'abord parce que, en Occident, la notion de laïcité n'est pas la même d'un pays à un autre. Ensuite, parce que le véritable terrain concerné par le voilement des femmes, je le répète, est le sexisme et le patriarcat. Rester sur le terrain de la laïcité permet d'aménager, plutôt que de combattre, cette discrimination raciste (le sexisme est un racisme). Enfin, puisque le voile serait une question de laïcité, alors le sortir de ce champ pour en faire un attribut culturel permet de l'autoriser partout. Or, si nous prenions le voile pour ce qu'il est réellement, l'opposition à ce concept misogyne serait unanime, plus efficace et interdit dans toutes les compétitions sportives. En effet, les discriminations sexistes et leurs expressions, y compris présentées comme "culturelles" (le patriarcat est un héritage culturel), sont interdites.
Comme je le démontre tout au long de mon livre ("Le linceul du féminisme-Caresser l'islamisme dans le sens du voile"), "camper sur le champ de la laïcité hisse le voile en meilleur atout de l'islamisme. En le ramenant sur son véritable terrain, celui de l'inégalité des sexes, il devient son talon d'Achille - pour autant que l'on soit capable de décrypter les contre-vérités et les éléments de langage de ses plus ardents promoteurs."
(1) JO de Paris 2024 : Les athlètes françaises ne pourront pas porter le voile