"La Fondation de l’islam de France s’associe à la Ligue islamique mondiale pour organiser une « conférence internationale pour la paix et la solidarité »".
Tel fut le communiqué de presse de la Fondation de l'islam de France. La Ligue islamique mondiale (LIM) reconnait que "l'Holocauste est un crime contre l’humanité", considère l'"islam politique" comme une "menace" et condamne le terrorisme.
La conférence a eu lieu hier, mardi 17 septembre 2019, au Palais Brongniart à Paris. Étaient invités des représentants des autres religions monothéistes pour montrer l'image, importante, du dialogue et de l'entente interreligieux.
Le Grand Rabbin de France, le Conseil des Églises chrétiennes de France et la Ligue islamique mondiale se sont d'ailleurs engagés à promouvoir la liberté religieuse et la liberté de conscience.
Ça, c'est la vitrine. L'arrière-cour est différente. Tout d'abord, aucun athée n'a été invité, la "paix et la solidarité" ne concerneraient et ne seraient garanties que par les religions (un athée n'aurait aucune morale). Cette vision s'illustre jusque sur le logo de la conférence qui récupère les couleurs du drapeau français et le tryptique national encerclé par les symboles des trois monothéismes.
Pour être encore plus en accord avec le logo, la laïcité a été orientée vers plus de religiosité pour le citoyen. Il a été dit lors de cette conférence que si l'État est laïc, le citoyen ne l'est pas. Or, si l'État est laïc, par définition tous les citoyens le sont puisque aucun d'entre eux ne peut faire prévaloir les lois religieuses sur les lois de la République laïque ou les règlements. Sur son lieu de travail par exemple, un individu est un salarié, pas un croyant.
Quant à la liberté de conscience, comme toutes les déclarations de façade, personne n'est entré dans les détails. Aucune déclaration sur la possibilité de changer de religion, d'être athée ou de critiquer les dogmes. Rien non plus sur l'égalité des sexes, dont le voilement est le symbole le plus sexiste de l'histoire.
Cette conférence, qui détourne les symboles laïcs français, est d'autant plus inquiétante quand on sait ce qu'est la Ligue islamique mondiale : la vitrine internationale du wahhabisme (salafisme saoudien), arme diplomatique de l'Arabie Saoudite. Ce régime décapite ou emprisonne les apostats ou tout musulman qui dénonce la radicalité de cette interprétation de l'islam. C'est le cas de Raif Badawi, dont la liberté de conscience est respectée… à la saoudienne : emprisonné et maltraité depuis des années. Son tortionnaire a d'ailleurs été invité pour cette conférence par la Fondation de l'islam de France. Du fond de sa cellule en Arabie Saoudite, Raïf Badawi doit être touché par tant de "solidarité". Son épouse, Ensaf Haïdar, est venue du Québec pour être reçue, puisque les organisateurs ont "malencontreusement oublié" de l'inviter. La solidarité brandie par la conférence a été appliquée… toujours à la saoudienne mais en France : les portes sont restées closes à cette femme qui lutte depuis des années pour la libération de son mari.
Cette conférence, qui détourne les symboles laïcs français, est d'autant plus inquiétante quand on sait ce qu'est la Ligue islamique mondiale : la vitrine internationale du wahhabisme.
Il est savoureux, pour ne pas dire choquant, que la LIM, organisation extrémiste internationale, dénonce l'extrémisme religieux. Cette hypocrisie a été exprimée en France pour redorer le blason de ce qu'il peut y avoir de pire comme idéologie politique et renforcer son influence politico-religieuse auprès des français de confession musulmane.
Je n'ai pas eu la possibilité d'écrire un article sur cette conférence (notamment par manque de temps). Mais d'autres travaillent sur ce sujet et sur la LIM depuis longtemps, comme Mohamed Louizi et Mohamed Sifaoui. Plusieurs articles ont été écrits. Je partage ici celui de l'UFAL qui résume bien le sujet :
C’est confirmé : l’Islam de France d’Emmanuel Macron ouvre un boulevard aux extrémistes.