Comme je l’avais déjà précisé par le passé, il n’y a pas qu’à gauche où des compromissions politiques avec l’islamisme se traduisent sur le terrain au niveau local. Le département des Yvelines, dirigé par la droite, en est un bel exemple.
Dans son numéro du 18 août, le Canard Enchaîné a publié un article qui pourrait surprendre (1). Nous pourrions croire que ce qui est révélé concerne un maire EELV. Mais non, cela concerne bien Les Républicains et un préfet de la République (donc sous l’autorité de la présidence d’Emmanuel Macron) :
En échange de subventions, de l’octroi de permis de construire et d’embauches de complaisance, des mosquées ultra-conservatrices [c’est-à-dire islamistes] ont pris l’habitude d’appeler à voter pour Pierre Bédier [président LR du Conseil départemental] et ses amis. Et ce, au détriment des musulmans progressistes. Pierre Bédier est un habitué de ces compromissions avec les islamistes. il a déjà fait polémique par le passé pour cette raison. Le préfet du département (donc représentant de l’État) se joint à son ami de longue date pour le soutien à l’islamisme plutôt qu’aux musulmans progressistes. Une des autres raisons de l’élu et du haut-fonctionnaire est qu’un imam aurait des positions trop libérales et aurait aussi trop tendance à dénoncer le salafisme qui sévit sur son secteur. Sa dénonciation est considérée comme une forme de remue-ménage pour une situation qui aurait trouvé un certain équilibre avec les islamistes…
En revanche, les islamistes turcs du Milli Gorus, dont l’association bénéficie elle aussi de l’aide financière du clan Bédier, sont en discussion avec le préfet pour être localement intégrés au Conseil des institutions musulmanes des Yvelines, au côté des salafistes.
Comment prétendre lutter contre le séparatisme grâce à la "loi confortant les principes de la République" quand un préfet et un président de département font exactement le contraire ?
Les islamistes savent comment manœuvrer pour avancer localement, car leur approche de l’islam est bien plus politique que spirituelle. Alors que l’approche des musulmans progressistes est uniquement spirituelle. Ils ne sont pas dans la démarche de vouloir représenter tous les musulmans (car dans l’islam sunnite, le lien avec Dieu est direct, sans intermédiaire ni représentant). Les islamistes réussissent alors à s’imposer auprès des pouvoirs publics, surtout lorsque les représentants de ces derniers sont dans le clientélisme électoral. Les intégristes l’ont bien compris depuis longtemps. Ça fonctionne surtout à gauche, mais aussi parfois à droite.
Comment prétendre lutter contre le séparatisme grâce à la "loi confortant les principes de la République" quand un préfet et un président de département font exactement le contraire ?
Je l’ai souvent expliqué : les islamistes ont une vision sur le temps long. Notre société et nos élus ont une vision sur le temps court. Ce décalage temporel permet à l’islamisme politique d’avancer suffisamment lentement, en jouant sur des enjeux ponctuels plutôt que structurels, pour ne pas braquer nombre de nos élus et d’associations de "défense des droits". L'évolution structurelle se fera ensuite naturellement. Le département des Yvelines en serait-il un laboratoire grâce à LR et à l’État ?
(1) Anathèmes et coups de piston dans les mosquées des Yvelines, Hervé Liffran, Canard Enchaîné, 18 août 2021.