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Naëm Bestandji

Féminisme / Universalisme / Laïcité

actualités - IESH, Nabil Ennasri, Yamine Makri

Les Frères musulmans en France dans la tourmente : l’IESH menacé de dissolution

Par Naëm Bestandji . Publié le 25 Juin 2025 à 10h02

Capture extraite d'une publication Facebook (mai 2014) du militant islamiste Nabil Ennasri. Formé à l'IESH, il est heureux de faire le signe de la rabia (signe de ralliement aux Frères musulmans) avec ses camarades, un soir de formation à l'institut.

Le 4 décembre 2024 au matin, une vaste opération de police avait eu lieu à l'Institut européen des sciences humaines (IESH) dans la Nièvre, dans le cadre d'une enquête financière. Des responsables de l’Institut avaient aussi été perquisitionnés.
Le nom de cet institut n’est qu’un leurre. Il est en réalité le plus grand centre européen de formation à l'idéologie des Frères musulmans. Plusieurs militants islamistes français y ont été politiquement formés, comme Nabil Ennasri.

L’IESH a été cofondé par Ahmed Jaballah, Frère musulman exilé depuis en Tunisie (car il risquait d'être expulsé en raison de sa radicalité). Il a été inauguré en 1992 par Youssef al-Qaradawi, le plus célèbre théologien de la confrérie. Il était venu spécialement pour cet événement, qui marquait une étape importante dans l'installation et le développement de l'idéologie des Frères musulmans en Europe.

Depuis quelques années, le gouvernement se montre intraitable contre les représentants politiques de l'islamisme. Sa fermeté s’est renforcée ces derniers mois. La méthode choisie est la même que celle appliquée pour faire tomber Al Capone : l'angle financier. Ainsi, Nabil Ennasri a été mis en détention préventive pour « abus de confiance, blanchiment de fraude fiscale aggravée, corruption et trafic d’influence d’agent public » (1). Yamine Makri, autre militant très actif en lien direct avec l’IESH et des associations fréristes, voit tous ses fonds et ressources économiques gelés par le ministre de l’Intérieur et le ministre de l’Economie et des finances (décret paru le 6 juin dernier) (2). Par un autre décret, publié le 16 juin (3), c’est au tour de l’IESH de voir ses avoirs gelés pour une durée de 6 mois, suite aux perquisitions de décembre 2024. Ce gel concerne également Mohamed Karmous (un des fondateurs) et Saïd Bouhdifi (enseigant du Coran).

L’État semble aller encore plus loin puisque, selon l’IESH, un projet de dissolution est en cours. Dans un communiqué publié le 23 juin, il se défend de toute dérive, affirmant même être un rempart contre… l’extrémisme (les Frères musulmans ne manquent pas d’humour). L’institut annonce qu’en cas de procédure effective, il formulera un recours en référé (4).

(1) Soupçons d’ingérence étrangère : le politologue Nabil Ennasri remis en liberté
(2) Arrêté du 6 juin 2025 portant application des articles L. 562-2 et suivants du code monétaire et financier
(3) Arrêté du 16 juin 2025 portant application des articles L. 562-2 et suivants du code monétaire et financier
(4) [COMMUNIQUÉ OFFICIEL] Réponse à l’avis de dissolution de notre association

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