J'ai été auditionné le 19 mars 2021 par le Sénat, à la demande du Groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen, dans le cadre du projet de loi "confortant le respect des principes de la République". Je le remercie de m'avoir entendu.
L'audition en visioconférence aura duré une heure trente environ.
J'ai alerté sur les dérives d'une partie de la gauche qui soutient de plus en plus l'islamisme politique. Les corps des femmes, notamment à travers le sexisme du voile, servent de support et de lien. Comment lutter contre ce séparatisme (ethnique, sexuel) promu par des mouvements de gauche (UNEF, EELV, etc.) ?
On m'a demandé comment mieux lutter contre l'islamisme. J'ai expliqué que la bataille est d'abord sémantique (par exemple les partisans du sexisme du voile parlent de "foulard" au lieu de "voile", Alliance citoyenne parle à présent de "maillot de bain couvrant" au lieu de burqini, beaucoup parlent de '"islamisme radical" au lieu d'islamisme, etc.).
J'ai aussi insisté sur le fait que le voile est l’arme politique la plus redoutable de l’islamisme, car positionné sur le terrain de la laïcité. En le ramenant sur son véritable terrain, le sexisme, il devient son talon d’Achille. C’est par le prosélytisme du voilement que l’islamisme prospère, grâce à la "liberté religieuse" qui est mise en avant. C’est par la lutte contre le voilement que cette idéologie totalitaire reculera, grâce à la lutte pour l'égalité des sexes. Il faut donc aussi se concentrer sur le soutien aux musulmanes qui résistent au sexisme du voile.
Pour trouver une solution aux certificats de complaisance et au voilement des fillettes, il faut se concentrer sur les rapports garçons/filles et l'égalité des sexes, pas sur la religion.
Nous avons évoqué les certificats médicaux de complaisance pour dispenser des filles de piscine et toutes les discriminations sexistes des islamistes, notamment le voilement des fillettes. Mes interlocuteurs avaient encore le réflexe d'aller sur le terrain de la laïcité. J'ai donc encore insisté : il faut cesser de toujours tout voir à travers le prisme de la laïcité. La question ici n'est pas laïque mais féministe. Pour trouver une solution aux certificats de complaisance et au voilement des fillettes, il faut se concentrer sur les rapports garçons/filles et l'égalité des sexes, pas sur la religion.
Est-il possible d'interdire la séparation sexuelle au même titre qu'il est interdit de proposer des horaires séparés pour les Noirs et les Blancs, les personnes d'origines européennes et les personnes d'origine maghrébine, les Juifs des autres, les hétéros des homos ? Après tout, si on justifie l'apartheid sexuel par le "respect des convictions religieuses", ne pourrions-nous pas accepter des horaires séparés selon la couleur de peau si les demandeurs invoquent une quelconque raison religieuse ? Si on justifie la séparation des sexes par le sentiment d'insécurité des femmes qui l'expriment, car elles déclarent être importunées par des hommes et/ou entretiennent de difficiles relations avec leur propre corps, plutôt que d'accompagner pour les surmonter (et aussi éduquer hommes et femmes), pourquoi ne pas prendre en compte le "sentiment d'insécurité" de quelques Blancs face aux Noirs et aux Maghrébins ? Dans une piscine, des hétéros homophobes pourraient se sentir en insécurité en compagnie d'homosexuels qui pourraient les reluquer. Pourrait-on alors demander des horaires séparés entre hétéros et homos ? Pour, comme le disent les partisans de la séparation des sexes, avoir un temps "safe" pour les hétéros ?
La séparation des sexes pour justifier un meilleur accès des filles au sport est un message éducatif catastrophique. Il désigne les garçons comme des prédateurs et les filles comme des proies. Exactement comme souhaité par les islamistes. Il faudra ensuite ramer pour amener de la mixité qui s'éloigne de plus en plus. C'est un contre sens pédagogique et une opposition frontale aux valeurs de la République.
Le séparatisme islamiste n'est donc aujourd'hui plus seulement à l'initiative des islamistes, y compris dans le sport qui est un des supports de radicalisation religieuse. Il l'est aussi par leurs alliés. Signer un contrat d'engagement sur le respect des valeurs de la République pourra être contourné. Les revendications religieuses et sexistes ne se feront plus au nom de la religion mais de la sécurité affective des filles.
Ainsi, aller sur le terrain réellement concerné, l'égalité des sexes, rendra toutes les solutions proposées plus pertinentes et efficaces. A force de faire appel à la laïcité pour des problèmes qui concernent le sexisme et le patriarcat, on en vient à retourner la laïcité contre les filles par l'aménagement du sexisme.
Nous avons aussi échangé sur la nécessité de mieux former les fonctionnaires, surtout ceux en contact avec la jeunesse. J'ai émis la proposition de changer l'équipe dirigeante de l'Observatoire de la laïcité, de refondre totalement cet Observatoire, de mieux l'encadrer par l'État. La laïcité promue ne doit plus être réduite à son aspect juridique ni dériver vers le modèle anglo-saxon. A partir de là, j'ai proposé qu'il y ait un travail en étroite collaboration entre l'ODL, l'UFAL et le CLR pour créer une sorte de consortium. Ce consortium aurait pour mission de créer une formation nationale sur la laïcité qui pourra être dispensée partout où cela sera nécessaire. Ce consortium labelliserait aussi toute association ou personne qui voudrait proposer des formations à la laïcité à un établissement scolaire, une entreprise privée, une collectivité, etc. L'objectif est que cessent les interventions d'associations qui maitrisent mal le sujet, et surtout celles qui diffusent une laïcité dévoyée, adjectivée (je pense notamment à "Coexister"). Je rappelle quand même qu'une des associations qui formait à la laïcité était… le CCIF.
J'ai proposé qu'il y ait un travail en étroite collaboration entre l'ODL, l'UFAL et le CLR pour créer une sorte de consortium.
Un autre volet légitimerait, selon moi, l'existence de ce consortium : le juridique. En effet, j'ai fortement souligné les infractions répétées à l'article 26 de la loi de 1905 ("Il est interdit de tenir des réunions politiques dans les locaux servant habituellement à l'exercice d'un culte"). Le CCIF, qui prétendait défendre la loi de 1905, s'était fait une spécialité de cette infraction. Mais d'autres aussi. J'ai expliqué qu'aucun dispositif clair n'existait pour les signaler. Exemple : moi et d'autres avions publiquement alerté sur les infractions du CCIF, à plusieurs reprises. Mais l'État n'avait pas réagi.
Le consortium serait la voix de nos alertes. Il se chargerait de déposer plainte auprès du procureur de la République par exemple.
Un autre de ses aspects serait aussi d'assurer le soutien financier et l'assistance juridique des lanceurs d'alerte (et plus généralement de tout citoyen) victimes du "Jihad judiciaire" et/ou de plaintes déposées par des alliés des islamistes pour intimider et faire taire. Je suis bien placé pour l'avoir vécu (et le vivre encore), comme d'autres.
Suite à nos échanges et mes propositions, de possibles amendements pourraient être rédigés.