Le ramadan a débuté. Mois sacré pour les musulmans, cette pratique est un des cinq piliers de l'islam. Devenue bien plus identitaire que spirituelle, cette période est agréable pour les musulmans qui y adhèrent mais peut être un enfer pour les non pratiquants et les ex musulmans.
En effet, la liberté de conscience et religieuse n'existe pas dans les pays musulmans, que ce soit par la loi qui l'interdit ou dans les faits par la pression sociale. La liberté individuelle y est donc tout aussi crédible que l'existence de Dieu pour un athée.
Cette assignation au groupe au détriment de l'individu se retrouve chez nombre de musulmans dans les pays non musulmans, dans les milieux où ils sont majoritaires (famille, quartier).
"La liberté de croire et de ne pas croire, d'avoir une religion ou pas, de pratiquer ou non", principes fondamentaux de la laïcité, est une formule enracinée dans nos lois et brandie par nos politiques. Mais dans les faits, en France, chez nombre de familles musulmanes et les islamistes, la liberté est de croire, d'avoir pour seule religion l'islam et de la pratiquer. Tout musulman qui ne pratiquerait pas le ramadan ou, "pire" encore, qui deviendrait athée, en aurait le droit légal (puisque c'est la loi républicaine)… mais pas moral. Il faudra donc qu'il en assume les conséquences (insultes, pressions, menaces). C'est ce qu'ils appellent la "liberté religieuse et de conscience" ou encore le fameux "libre choix", pour coller de façon illusoire à nos lois et à la Déclaration Universelle des Droits Humains. Ils prennent la moitié qui leur convient (croire, adhérer à l'islam et pratiquer) et rejettent l'autre. Tout (ex) musulman qui ose invoquer cette autre moitié a de grandes chances d'être accusé de vouloir "faire comme les Français". Les cas sont très nombreux, même entre élèves à l'école. Comment le justifient-ils ? En invoquant le "respect", terme là aussi détourné, et en accusant de racisme et d'intolérance toute personne (y compris des musulmans) qui alerterait sur cet état de fait. En effet, pour eux et leurs soutiens "idiots utiles", l'islam serait une ethnie, donc toute critique serait du racisme. Ainsi, si nombre d'associations de gauche soutiennent l'islamisme politique notamment à travers le sexisme du voile, ces mêmes associations n'ont jamais soutenu les (ex) musulmans persécutés par leur entourage. Un comble pour des associations qui se prétendent de gauche, donc censées être libertaires et d'irrésolues adversaires du carcan religieux.
Je pourrais parler de mon vécu et des témoignages que je recueille souvent. Mais il n'y a pas besoin d'aller chercher bien loin pour aussi trouver des exemples publics. En voici un : Maeva Ghennam est une participante de l'émission de télé réalité "Les Marseillais aux Caraïbes" (W9). Il y a quelques jours, elle a déclaré sur Snapchat :
Vous savez pas ce qu'il vient de m'arriver ? Je viens d'avoir mes ragnagnas ! D'un côté, je ne suis pas contente car je vais avoir mal au ventre dans deux heures. Mais ça veut dire que demain, pas de Ramadan parce que j'ai mes règles. Je suis trop contente !
Mon propos n'est pas de juger la "profondeur" et l'intérêt d'une telle "information" à la hauteur du niveau de l'émission et de sa participante. Mais nous pouvons observer deux choses. Tout d'abord, si elle exprime sa joie d'avoir une bonne excuse pour ne pas faire le ramadan, cela veut dire qu'elle subit une forme de contrainte pour le pratiquer. C'est une chose que j'ai souvent observée également (toujours cette pression du groupe). Qui est venu la soutenir dans cette déclaration qui transpire l'opposition à la fameuse déclaration "la liberté de croire et de ne pas croire, de pratiquer ou pas" ? Personne.
Pire, suite à cette déclaration, elle a reçu de nombreux messages insultants et dégradants car elle est accusée d'être une mauvaise musulmane. Qui l'a soutenue ? Là encore, personne. Évidemment, le CCIF, association d'extrême droite musulmane qui défend moins les musulmans que les islamistes, ne soutiendra pas non plus cette musulmane victime d'agressions verbales numériques en raison de sa religion.
Ce type de cas est malheureusement courant. Mais cette année, c'est encore pire. En effet, le confinement en raison de la pandémie aggrave la situation de nombreux (ex) musulmans qui ne pratiquent pas le ramadan. Le confinement rend quasi impossible les stratagèmes habituels permettant de dissimuler leur non pratique. Oui, en France et en Europe, au 21e siècle, des citoyens sont contraints de dissimuler leur non pratique de l'islam.
La liberté des musulmans à pratiquer le ramadan, dans le cadre défini par les lois concernées, doit être préservée. La liberté des (ex) musulmans à ne pas pratiquer doit l'être aussi. Or, à ce jour, dans les faits, et surtout cette année, seule la première est garantie et réellement protégée. La seconde est un sujet tabou.
Fadila Maaroufi, porte-parole de l'Observatoire des fondamentalismes à Bruxelles, alerte sur cette situation. Elle propose également à ces personnes de la contacter pour ne pas se sentir seules mais aussi pour témoigner dans un cadre sûr.
Les apostats et musulmans non pratiquants ne sont pas seuls. Nous ne sommes pas seuls…