Soeurs musulmanes, il fait chaud dehors, allez nager tranquillement. Ne vous inquiétez pas, Muzz vous remboursera si vous êtes verbalisées pour port de Burkini. (1)
Muzz est une application anglaise, anciennement Muzmatch créée par un homme d’affaires, Shahzad Younasse. Muzz se présente comme la plus grande application de rencontre entre musulmans du monde, avec plus de 6 millions de membres - dont plusieurs centaines de milliers en France. Son approche de l’islam est conservatrice voire extrémiste. Le sexisme du voile est donc partout présent sur l’application. Bien entendu, aucun homme ne le porte, uniquement les femmes car considérées comme des objets sexuels tentateurs.
Sous le hashtag #freetheburkini, avec l’emoji sexiste d’une femme ensevelie sous un voile, l’application veut frapper un grand coup. Encore une fois, le sexisme du voilement sert d’outil de propagande politique. En effet, à l’initiative d’Alliance citoyenne depuis 2019, les offensives burqini se sont multipliées. En mai 2022, le maire de Grenoble, Éric Piolle, a décidé de soutenir ce sexisme politique en l’autorisant dans les piscines municipales de la ville. Le Tribunal administratif invalide ce nouveau règlement. Quelques semaines plus tard, le 21 juin, le Conseil d’État retoque à son tour ce privilège accordé à un groupe de fanatiques.
Depuis, la canicule a sévi. Plutôt que d’appeler les "musulmanes" à se baigner comme tout le monde afin de profiter comme chacun des bienfaits de cette activité, Muzz préfère les encourager à s'enfermer, à porter le burqini, à rester ensevelies, ne jamais sentir l’air, le soleil et l’eau sur leur peau (contrairement aux gérants masculins de l’appli) pour respecter une "pudeur", une "modestie", créées par des hommes, qui en sont dispensés, pour apaiser leur libido d’obsédés sexuels : beaucoup de femmes musulmanes devront faire un choix injuste - échapper à la canicule en nageant en bikini, ou payer une amende pour avoir choisi une tenue modeste. C’est injuste. Muzz soutient à 100% les droits de toutes les femmes françaises dans leurs choix vestimentaires pour se baigner.
L’application tacle toutes les femmes qui, en se baignant en maillot de bain, n’auraient aucune "modestie". Cette distinction entre les femmes "modestes" et celles qui ne le seraient pas est un classique de ce que les islamistes nomment le "chemin spirituel" vers le "libre choix" de ne pas en avoir.
Les prescripteurs du voile, tous des hommes, menacent les musulmanes des pires tourments de l’enfer si elles restent tête nue et leur promettent le paradis si elles consentent à se soumettre au voilement. Ils détournent les textes coraniques pour faire croire à une "obligation religieuse" (s’il y a obligation, il n’y a donc aucun choix). Ils usent de toutes les manipulations psychologiques pour effrayer les récalcitrantes et les flatter en valorisant ce sexisme sur le plan identitaire et patriarcal. Tout cela est fait à travers des milliers de prêches, de livres, de conférence et de vidéos martelés depuis des décennies, pour amener les musulmanes à consentir d’elles-mêmes à se dissimuler sous un voile. Une fois l'objectif (en partie) atteint, les intégristes veulent ensuite se donner l’image de défenseurs de la liberté de se vêtir comme les musulmanes le souhaitent (sous leur contrôle du bon "choix", évidemment). Ainsi, si aucun homme ne prescrivait le voile, aucune femme ne le porterait ni se baignerait en burqini.
Cette distinction entre les femmes "modestes" et celles qui ne le seraient pas est un classique de ce que les islamistes nomment le "chemin spirituel" vers le "libre choix" de ne pas en avoir.
Pour permettre l’exercice de cette "liberté" qui ne produira que transpiration sous le burqini et le regard bienveillant de leur entourage masculin, l’application déclare avoir un budget de 25 000 euros dédié aux amendes pour port du Burkini. Oui, le sexisme et le patriarcat islamistes se donnent les moyens de leur ambition. L'application assume clairement inciter à commettre des délits. Alliance citoyenne se laissera-t-elle tenter par une naturelle "convergence des luttes" ?. Cela rappelle le coup médiatique de Rachid Nekkaz. En 2010, cet homme d'affaires et homme politique algérien s’était proposé de payer les amendes des femmes salafistes qui braveraient l’interdiction du port du voile intégral dans l’espace public.
Cette action menée par Muzz montre une nouvelle fois que le voile, et sa déclinaison waterproof, n’a rien d’un simple accessoire vestimentaire. Il concentre de nombreux enjeux politiques et sociétaux, comme la question de l’égalité des sexes et des coups de boutoir de l’islamisme politique contre la République dont le sexisme du voile est le cheval de Troie.
(1) #freetheburkini