A sa demande, j'ai rencontré le maire de Grenoble cet après-midi, 28 juin 2019. L'entretien a duré un peu plus de 45 minutes. En voici le compte-rendu.
Je lui ai exposé la stratégie politique des islamistes et d'Alliance citoyenne qui les soutient. Je lui ai dit qu'avant de satisfaire des intégristes religieux, il faut d'abord penser à toutes les musulmanes qui résistent et n'ont pas encore basculé dans l'extrémisme. Ce sont elles dont il faut protéger la liberté de conscience et les droits civiques que les islamistes veulent leur ôter. J'ai utilisé ces termes pour lui démontrer que cette liberté de conscience et ces droits civiques brandis par Alliance citoyenne sont un mensonge : la liberté de conscience tout comme les droits civiques de chacun sont préservés par la constitution et la loi. Si le règlement des piscines interdisait l'accès à des citoyens en raison de leur religion ("interdit aux musulmans" par exemple), là il y aurait discrimination et atteinte à la liberté de conscience. Demander un privilège pour pouvoir porter un vêtement sexiste et masochiste dans une piscine n'a rien à voir avec cela. Si leur "conscience" se réduit à l'intransigeance du port d'un vêtement qui véhicule des idées d'un autre âge, ce n'est pas le règlement qu'il faut interroger mais leur inquiétant endoctrinement.
Il s'est montré à l'écoute de mes arguments. Puis nous avons échangé. Il a conscience de l'enjeu politique. Il penche clairement et sans ambiguïté du côté du féminisme et de la lutte contre l'islamisme politique. Je lui ai alors répondu que son erreur est de ne pas l'avoir affirmé clairement. J'ai pris exemple sur le parfait communiqué du parti socialiste de Grenoble et lui ai conseillé d'en faire autant. Il semble qu'il ait déjà fait des déclarations dans ce sens à la presse aujourd'hui.
A mon affirmation qu'il ne s'agit pas d'une lutte entre musulmans et non musulmans mais entre deux modèles de société (l'une totalitaire et sexiste, l'autre universaliste, laïque et féministe) où des musulmans et des non musulmans se trouvent dans les deux camps, il le savait déjà. De plus, des membres de son équipe municipale, musulmans, lui conseillent aussi fortement de ne rien céder aux islamistes. Car tout comme moi, ils ont vu de près la menace que représentent l'islamisme politique et son arme sexiste du voile. Il était donc déjà bien sensibilisé.
Si leur "conscience" se réduit à l'intransigeance du port d'un vêtement qui véhicule des idées d'un autre âge, ce n'est pas le règlement qu'il faut interroger mais leur inquiétant endoctrinement.
Il a ensuite sorti l'argument qui tue : "les foulards de nos grands-mères". Mais, contrairement à ce que je craignais, ce n'était pas pour relativiser le voile comme l'avait fait Edwy Plenel ou Christophe Castaner par nostalgie d'une période où les femmes n'avaient aucun droit. Il voulait prendre exemple sur les féministes de l'époque qui menaient les luttes pour s'émanciper de tous ces marqueurs catholiques, pour s'en inspirer aujourd'hui afin de lutter efficacement et pédagogiquement contre le voilement.
Je lui ai d'abord répondu que le foulard d'antan n'a pas grand-chose à voir avec le voile islamiste. Le vocabulaire est important : les islamistes ne prescrivent pas un foulard. Ils prescrivent un voile. La forme, la fonction et les objectifs sont totalement différents. Les repères des français pour lutter contre l'intégrisme catholique ne sont pas les mêmes pour lutter contre l'intégrisme musulman. En collant des repères anciens et inadaptés, les balises d'alerte ne s'allument pas. Ce qui explique en partie le grand nombre "d'idiots utiles" qui soutiennent les islamistes et le sexisme du voile en imaginant soutenir de "pauvres musulmans opprimés". En France, aucune fillette catholique n'a jamais été voilée par "pudeur" au cours des 100 dernières années. Il n'y a jamais eu d'affaire de voile catholique à l'école. Les intégristes cathos n'ont jamais usé du voilement comme arme politique. Ils ne l'ont d'ailleurs jamais vu comme une "prescription religieuse" pour protéger leur libido. Pour une raison simple : l'Église n'a jamais fait du voile un marqueur identitaire ni même religieux pour les femmes laïques (c’est-à-dire non religieuse de profession). Aucune flamme de l'enfer brandie pour imposer son port. Aucun prêche d'aucun curé pour en faire la promotion. C'est pour cela que "nos grands-mères" pouvaient porter leur foulard un jour et ne pas le porter le lendemain. Elles pouvaient en porter un transparent et un autre jour un foulard avec des fleurs en motif. C'est aussi pour cela que les féministes de l'époque n'ont pas spécifiquement bataillé contre ces foulards. Avec les avancées féministes, il a disparu de lui-même. Car il est plus facile de lutter contre une habitude machiste culturelle qu'une obligation sexiste "prescrite" par Dieu. Quant au voile des nonnes, là aussi cela n'a aucun rapport. J'avais tout détaillé et expliqué dans un de mes articles (1).
Le maire et moi étions d'accord dès le départ. Mais il n'avait pas pensé à tous les arguments que je lui ai déroulés.
Durant notre échange, il a utilisé le terme "islamophobes" pour désigner ceux qui n'ont pour but que de lutter contre les musulmans en général. Nous sommes d'accord sur le fait que l'extrême droite adore surfer sur les polémiques lancées par les islamistes. Alliance citoyenne devrait d'ailleurs être élue membre d'honneur du Rassemblement National tant leurs actions avec l'extrême droite musulmane ont dû engranger des voix pour l'extrême droite nationaliste.
J'y suis alors allé de mon laïus contre ce terme dangereux qui n'a pour but que de faire taire toute critique de l'islam et de l'islamisme. Je lui ai dit qu'en démocratie, on a le droit d'être islamophobe (blasphémer pour se moquer de cette religion, la critiquer, ne pas l'aimer et le dire), tout comme on a le droit d'être islamophile (aimer cette religion et le dire). A ne pas confondre avec les actes et propos antimusulmans qui, eux, sont condamnables par la loi et doivent être condamnés. Ce n'est pas de la simple sémantique mais une lutte contre la liberté d'expression parallèle à la promotion du voilement dans la stratégie victimaire des islamistes. Il a été convaincu par mes propos et n'utilisera plus ce terme. En tout cas, c'est ce qu'il m'a dit.
Il est plus facile de lutter contre une habitude machiste culturelle qu'une obligation sexiste "prescrite" par Dieu.
Dans sa légitime réflexion, il me demanda pourquoi interdire le burqini dans les piscines alors que le voile est autorisé dans la rue et dans les stades par exemple. Sa question est pertinente. Tout d'abord, je lui ai précisé que je ne suis pas pour l'interdiction du voile dans la rue, dans le respect de la loi de 2010 sur le voile intégral. Je ne suis pas non plus pour l'interdiction du burqini sur les plages. Ces lieux n'ont rien à voir avec la laïcité. Pareil pour les stades. D'autant plus que les stades ne sont pas une cible politique des islamistes (en ce qui concerne les spectateurs, pas les athlètes…). Ce qui n'est pas le cas des piscines publiques. La piscine n'est pas la rue. C'est un service public où des règles particulières s'appliquent. C'est le lieu du rapport au corps par excellence. Les personnes s'y côtoient en partie dénudées, hommes et femmes, pour se baigner. Cela n'a donc aucun rapport avec la rue ou les stades. Les islamistes en ont bien conscience. C'est pour cela que, par leur obsession sexuelle légendaire, les piscines sont un lieu de conquête presqu'aussi important que l'école pour une partie d'entre eux (les autres, en général les salafistes, considèrent que les femmes n'ont pas leur place dans les piscines, surtout si ces lieux sont mixtes).
Céder serait catastrophique. Pourquoi ? Je lui ai rappelé la patience des Frères Musulmans. Ils n'auraient jamais milité pour des bâches de bain il y a encore seulement 10 ans car la société n'était pas prête. Il fallait d'abord que le hijab et autres voiles islamistes s'installent dans le paysage pour que la population s'habitue un minimum. Une fois cette étape passée, ils osèrent conquérir les piscines. Suite aux multiples refus d'horaires séparés, ils revoient leurs ambitions provisoirement à la baisse. Ils laissent des militantes, fanatisées par leurs prêches, agir pour "seulement" imposer le burqini. Contrairement à il y a 15 ans, une partie de la population serait prête à soutenir une telle demande aujourd'hui. C'est ce qui se passe. Si d'autres villes imitaient Rennes, dans 10 ou 15 ans (voire même avant), une fois que le burqini sera bien installé dans le paysage, ils entameront l'étape suivante : les horaires séparés pour "respecter la liberté de conscience et les droits civiques" des islamistes.
Le maire a été très attentif à tous mes propos. De plus, il m'a confirmé que le règlement des piscines ne changera pas (en tout cas, jusqu'aux élections municipales). Pas seulement pour des raisons républicaines face au communautarisme islamiste, mais aussi en raison des actions menées par Alliance citoyenne qui n'ont laissé d'autre choix que celui de la fermeté.
Il a écouté mes propositions. Mais, en dehors de son affirmation à ne pas modifier le règlement, il n'a pris aucun autre engagement. J'ai salué son interpellation du Ministre des sports. En effet, si aucune décision n'est prise au niveau national, il sera difficile pour les maires de résister.
Avant de nous quitter, j'ai souhaité lui montrer un montage vidéo de 6 minutes que j'ai réalisé pour l'occasion. Je voulais lui démontrer par l'image et le son les raisons de la prescription du voile. Raisons étroitement liées à la question des piscines qui sont un enjeu pour les islamistes, comme montré dans la vidéo, et d'une importance vitale à préserver pour les féministes. Voici cette vidéo ci-dessous. Le message est passé…