Depuis plus de 20 ans, certains territoires de l'agglomération grenobloise, comme d'autres en France, voient un recul de la mixité, de plus en plus souvent conditionnée au voilement des femmes, par la progression de l'islamisme et de son rigorisme sexiste (1). Cette évolution vers un profond sexisme trouva sa spectaculaire expression en mai 2019. L'association Alliance citoyenne mena sa première action burqini dans une piscine municipale de Grenoble. Une autre suivit, créant de vives tensions, le recours aux forces de l'ordre et des verbalisations pour les contrevenantes. Pour faire monter la pression, Alliance citoyenne lança un appel public pour des "sorties piscine en famille pour toutes et tous", autrement dit (et surtout) pour les partisanes du burqini, le dimanche suivant. Par moquerie et légèreté face à la gravité de la situation, l'association joignit une fiche d'inscription en proposant de cocher le "maillot" de son choix dont le burqini. Une fiche inutile qui n'avait d'autre ambition que de provoquer la mairie. Elle voulait montrer que ce vêtement sexiste serait aussi normal et autorisé que les autres, malgré son interdiction.
L'appel à la famille montre également la volonté d'inclure leurs propres enfants dans le conflit. L'objectif est de les utiliser comme bouclier émotionnel pour susciter l'empathie de la population. Une méthode déjà usée par des islamistes auparavant puis durant l'été 2019 avec, par exemple, une autre militante islamiste pro burqini, "Louz" (son pseudo Twitter).
L'instrumentalisation des enfants est déjà choquante. Mais le plus grave est le moment choisi. Un moment de forte tension où une nouvelle action burqini pouvait cette fois dégénérer. Cette organisation d'une sortie piscine, sous cette forme et à un tel moment, était un appel clair au trouble à l'ordre public dont les enfants, par leur mise en danger émotionnelle, auraient été des boucliers politiques.
Lallab, association qui s'inspire des Frères Musulmans et milite pour le respect du sexisme "religieux", avait soutenu cet appel au trouble à l'ordre public et dont des enfants étaient l'instrument. C'est la convergence des luttes politico-religieuses pour faire reculer le féminisme et la République. Une nouvelle preuve démontrant que Lallab ne lutte pas pour l'émancipation des femmes mais pour le "libre choix" de l'enfermement sous un voile au nom de sa vision sexiste et politique de l'islam, peu importe les moyens.
Mais la tension était telle à Grenoble que, deux jours plus tard, un nouvel incident, indirectement lié aux actions burqini, poussa cette fois le personnel des piscines à exercer son droit de retrait et entraina la fermeture des piscines municipales durant plusieurs jours, en pleine période de canicule. Cela annula de fait la "sortie famille".
Malgré l'incident et ces fermetures provisoires suite à toutes ces offensives, Lallab maintint son soutien au trouble à l'ordre public, dévoilant ainsi un peu plus le profil de cette association.
L'attirance évidente des deux associations ne pouvait qu'aboutir à des prises de contact officieux pour se conclure par une rencontre officielle. Ce fut le cas le 28 septembre 2019. Plusieurs militantes d'Alliance citoyenne, dont des intégristes musulmanes, se rendirent à Paris. Lallab fut ravie de les accueillir avec, parmi elles, l'islamiste Taous Hammouti. Cette intégriste, fan des frères Ramadan, rêve d'être uniquement soignée par des femmes médecins et milite politiquement inlassablement pour la promotion de son sexisme "religieux". J'avais détaillé sa radicalité dans un de mes articles (2).
Cela ne gêne pas Lallab, issue de la même idéologie que celle de Taous Hammouti. Par exemple, selon Lallab, la "mode pudique" concerne les femmes "à la recherche de pudeur, de retenue et de modestie", comme elle l'explique dans un de ses articles (3). Et les femmes qui préfèrent une autre mode ? Elles sont moins pudiques, manquent de retenue et de modestie… "L’idée principale [de la mode pudique] réside dans la réappropriation de la mode par celle-ci tant que les vêtements portés n’incitent pas à une attirance sexuelle". Autrement dit, montrer ses cheveux, ses oreilles, son cou et porter des vêtements un peu trop près du corps serait une tentation sexuelle pour les hommes dont les femmes seraient responsables. Les femmes non voilées, donc "impudiques", apprécieront. Lallab n'invente rien. Elle ne fait que relayer les critères de "pudeur" définis par des hommes obnubilés par leur libido et leur patriarcat. Voilà comment, sur des critères moralement sexistes, dicter aux femmes leur façon de se vêtir, tout en accusant autrui de leur dicter comment se vêtir à la moindre critique du voilement… Être en grande partie dénudées dans une piscine publique est donc de la science-fiction pour elles, leur soutien au burqini une évidence.
Montrer ses cheveux, ses oreilles, son cou et porter des vêtements un peu trop près du corps serait une tentation sexuelle pour les hommes dont les femmes seraient responsables. Les femmes non voilées, donc "impudiques", apprécieront.
Quant à la mixité, Lallab nous explique, dans ses "3 conseils pour assumer son féminisme" (4), que "être féministe ne signifie pas forcément être à l’aise dans un environnement masculin et vous ne devez pas avoir honte de ne pas toujours vous sentir à votre place."
Voilà une belle manière d'instrumentaliser le féminisme pour remettre en cause la mixité. Comme je ne cesse de le dire, les pressions pour autoriser le burqini dans les piscines ne sont qu'une étape. Il faut d'abord habituer la population à voir des burqinis, que cela devienne banal, avant la demande ultime des horaires séparés. Les arguments sont déjà là. En voici une simulation : "nous ne sommes pas obligées d'être à l’aise dans un environnement masculin ! Libres de nos corps, nous réclamons des horaires sans hommes pour nous sentir à notre place ! Pour notre empowerment, notre liberté et par respect des droits civiques des [intégristes] musulmanes !"
Il faut d'abord habituer la population à voir des burqinis, que cela devienne banal, avant la demande ultime des horaires séparés.
En attendant ce jour "béni" d'un apartheid sexuel plein et entier, nul doute qu'Alliance citoyenne et Lallab organiseront ensemble des actions pour atteindre l'étape intermédiaire : l'autorisation du sexisme politico-religieux dans les piscines municipales à travers le burqini. S'y joindront peut-être d'autres Frères musulmans comme le CCIF. Hassan Iquioussen, le prêcheur Frère musulman le plus influent en France aujourd'hui, a bien expliqué que les piscines municipales sont un terrain à conquérir, "une décision politique" (5). Nul doute également que, comme toujours, des soutiens non islamistes verront encore dans ce sexisme une forme d'exotisme qu'il faudrait protéger.
Ce rapprochement et cette rencontre entre Lallab et Alliance citoyenne laissent entrevoir le cœur du sexisme politique dont l'islam sert de prétexte et le féminisme de paravent.
(1) Burqini à la piscine municipale de Grenoble : la mairie sous pression d'intégristes musulmanes
(2) L'islamiste Taous Hammouti porte plainte contre moi pour injure publique
(3) 5 idées reçues sur la « modest fashion »
(4) 3 conseils pour assumer son féminisme
(5) Burkini à Grenoble, les raisons idéologiques de ces offensives islamistes