Comme je l'avais révélé le 17 mars dernier, la majorité municipale de Grenoble présentera la modification du règlement des piscines de la ville lors du Conseil municipal du 16 mai prochain. Le maire, Éric Piolle, a déjà affiché sa position : il est pour l'autorisation du sexisme du burqini.
Pour en faire la promotion, il multiplie les entretiens à la presse et les vidéos sur son compte Twitter. Jamais auparavant, un élu de la République n’avait dépensé autant d’énergie pour promouvoir le sexisme et le patriarcat d’une idéologie totalitaire.
Il use toujours des mêmes méthodes. La première est de classer tous ses opposants à l'extrême droite, même ceux de gauche restés fidèles à leurs valeurs dont celles de la République. Éric Piolle s’inscrit dans la stratégie habituelle d'une partie de la gauche qui ne peut défendre l'indéfendable. Alors elle tente de disqualifier ses détracteurs pour éviter de trop s'attarder sur la faiblesse de ses arguments.
Jamais auparavant, un élu de la République n’avait dépensé autant d’énergie pour promouvoir le sexisme et le patriarcat d’une idéologie totalitaire.
Une fois tout le monde classé dans la catégorie « facho », quels sont justement ses arguments ? Selon lui, le burqini, et donc la lutte contre le sexisme et l'islamisme, est un « non-sujet ». Il ne considère évidemment pas cet accoutrement moyenâgeux comme sexiste et patriarcal, mais comme « religieux ». Il ne l’est pourtant pas en islam. L’emballage religieux, surtout celui présenté par l’islamisme, est censé rendre l’inégalité des sexes acceptable, et les offensives politiques de l’intégrisme musulman toutes relatives. Il persiste ainsi dans son instrumentalisation de la loi de 1905 pour justifier sa complaisance d'un autre âge, par sa défense de certains idéaux islamistes sur les corps des femmes.
Mais cela ne lui suffit plus. Dans une énième vidéo, il franchit cette fois un nouveau cap en instrumentalisant l’universalisme :
« Je suis, nous sommes profondément universalistes. L’universalisme c’est aussi la lutte contre les discriminations cumulées. Luttons pour un universalisme qui permette l’émancipation de toutes et tous. »
Son passage sur « la lutte contre les discriminations cumulées » fait référence à l'intersectionnalité. L'intersectionnalité est un féminisme à temps partiel et à géométrie variable. Ce féminisme observe les discriminations cumulées que peut vivre un individu (femme, noire, pauvre, etc.). Mais il privilégie le respect du sexisme et du patriarcat quand l'intégrisme musulman entre dans la cumulation. C'est pour cela que des militantes islamistes pro-burqini affirment être "intersectionnelles" et déclarent aussi, dans le Dauphiné libéré, que le maire de Grenoble est leur « allié ».
L'universalisme lutte contre toute forme de discrimination, peu importe d'où cela provient. L'inégalité des sexes reste l'inégalité des sexes, que ce soit à travers les différences de salaires, les propos sexistes tenus par des occidentaux, orientaux, chrétiens, athées, musulmans ou autres, que ce soit à travers la chosification sexuelle des femmes dans la pub ou par le voile. L'universalisme ne relativise pas les discriminations selon la couleur de peau, le sexe ou autre. Le premier critère est l’Humanité, pas la culture ou la religion. Éric Piolle n'a rien à voir avec cela. Pour lui, le sexisme est acceptable s'il respecte la loi de 1905 et s’il respecte... l’hygiène et la sécurité.
Comme Alliance citoyenne, dont il écoute les conseils, le maire de Grenoble adopte la rhétorique d’inversion de l’islamisme politique. Il récupère ce qui lui est reproché (favoriser le communautarisme islamiste et l’oppression des femmes plutôt que défendre l’universalisme) et les valeurs dans lesquelles s’inscrivent ses adversaires tels que moi. Il détourne le tout pour les retourner contre les féministes universalistes et les laïques.
Pour le maire de Grenoble, le sexisme est acceptable s'il respecte la loi de 1905 et s’il respecte... l’hygiène et la sécurité.
Éric Piolle est autant universaliste que les islamistes sont féministes ou que Jean-Marie Le Pen est antiraciste. Je suis universaliste depuis toujours. Je me suis battu toute ma vie contre le racisme, contre l’islamisme, contre toute forme de sexisme sans relativisme aucun selon les cultures ou religions. L’idéal universaliste a toujours été mon phare, surtout quand je subissais des pressions « bienveillantes » de fanatiques de l’islam qui aujourd’hui militent pour le voilement des musulmanes. Quand je militais à Ni Putes Ni Soumises, et depuis que j'use de ma plume pour alerter sur l'islamisme et le sexisme du voile, l'universalisme est mon moteur.
Les propos d’Éric Piolle me choquent donc profondément. Pour un élu de la République, ses instrumentalisations des valeurs républicaines pour défendre le patriarcat islamiste sont particulièrement graves. Nous ne sommes plus dans le cadre d’un débat intellectuel autour de l’expression religieuse ou du féminisme. Peu importe le sujet, le maire de Grenoble a franchi le Rubicon. Il crée volontairement la confusion entre « extrême droite » et républicains pour mieux banaliser la première, entre féminisme et sexisme, entre émancipation et servitude volontaire, entre universalisme et différentialisme. Pour un édile, là encore, c'est très grave. Et cela pour défendre l’indéfendable, un uniforme d’une idéologie totalitaire.
Sa complaisance patriarcale envers l'islamisme et son relativisme rétrograde (il compare cette fois le sexisme du burqini à... son absence de cravate) sont indignes de son mandat. Il n'a pas été élu pour vendre sa vision réactionnaire du corps des femmes dont il ne voit aucun problème à la chosification sexuelle. Il n'ignore rien de ce que signifie le voile et sa déclinaison qu'est le burqini. Il sait parfaitement la menace que représente l'idéologie qui le justifie. Une menace pour les femmes, pour les musulmans et pour la société en général. Il le sait. Je le lui avais expliqué de vive voix en 2019. D'autres le lui ont rappelé également. Mais il assume sa défense de cette idéologie, en usant même de certains arguments des Frères musulmans.
Son opposition frontale à la République par l’instrumentalisation de ses valeurs confirme qu’il ne faut surtout pas autoriser le burqini dans les piscines municipales. Comme nous le voyons, cela dépasse le cadre de la simple « tenue de bain qui répond aux normes d’hygiène et de sécurité ». 42 conseillers départementaux de l'Isère, 38 maires de la métropole d'agglomération et le Parti Socialiste de Grenoble ne s’y sont pas trompés. Chacun de ces groupes ont publié ces derniers jours leur propre communiqué pour appeler le maire de Grenoble à cesser sa dérive sexiste vers l'islamisme.
Éric Piolle, plus conservateur que de gauche, est prêt à tout pour imposer sa vision réactionnaire des femmes, y compris à favoriser l’avancée de l’islamisme, à cliver la société et à piétiner ce qu'il est censé représenter et défendre : la République. Il devra un jour en répondre face à l'histoire.