Le Conseil municipal de Grenoble, par la demande appuyée de son maire Éric Piolle, a validé le 16 mai 2022 la modification du règlement intérieur des piscines municipales. Ce fut laborieux, marqué par une massive opposition y compris dans sa propre majorité. Mais l’essentiel est là. Dès le 1er juin, le sexisme islamiste sera officiellement autorisé, le burqini bienvenu.
Ce n’est pas un simple changement de règlement qui concerne une anodine tenue de bain. C’est un basculement fondamental vers un retour en arrière concernant l’égalité des sexes et vers une formidable avancée de l’islamisme. L’association à la manœuvre depuis 2019 est Alliance citoyenne, une des associations les plus sexistes et rétrogrades de France, celle qui illustre le mieux la jonction entre une partie de l’extrême gauche et de l’extrême droite musulmane. Par cette autorisation du maire de Grenoble, qualifié d’"allié" par les militantes islamistes d’Alliance citoyenne, l’association espère un effet domino sur les communes limitrophes de Grenoble et aussi partout dans le pays.
Mais tout ne se passe pas comme prévu. L’opposition municipale lance une procédure judiciaire pour faire annuler cette décision. L’audience est prévue pour le 31 mai. Parallèlement, le préfet de l’Isère, à la demande du Ministre de l’intérieur, saisit aussi la justice, en invoquant la loi contre "le séparatisme" de 2021. En attendant, après avoir exulté de joie le 16 mai, les militantes islamistes ne pourront pas défiler dans les piscines ni avoir le "plaisir" de mariner dans leur "pudique" transpiration pour satisfaire fièrement une idéologie qui les rabaisse.
Le 25 mai 2022, le tribunal administratif rend sa décision suite à la saisine du préfet. Il suspend "l’exécution de l’article 10 du règlement des piscines de Grenoble". Cet article, alambiqué, illustre la contorsion pour autoriser le burqini afin de "religieusement" satisfaire une demande de privilège. Cet article est la concrétisation de la réclamation d’Alliance citoyenne depuis trois ans et sur laquelle j’ai alerté sans relâche : accorder un privilège à une minorité extrémiste en raison de la supériorité supposée de son idéologie sur la société. Les fameux "droits civiques des femmes musulmanes" brandis par Alliance citoyenne que je n’ai eu de cesse de dénoncer car en opposition totale à la Constitution française qui ne reconnaît aucun droit spécifique à une communauté. Cette demande de privilège est pourtant présentée comme un droit. Une contorsion intellectuelle qui permet de hurler à la discrimination face à tout refus. C’est exactement l’angle adopté par Éric Piolle. Et c’est exactement sur ce point que le tribunal retoque l’article 10 du nouveau règlement : "les dispositions de l’article 1er de la Constitution interdisent à quiconque de se prévaloir de ses croyances pour s'affranchir des règles communes organisant et assurant le bon fonctionnement des services publics. […] En dérogeant à la règle générale d’obligation de porter des tenues ajustées près du corps pour permettre à certains usagers de s’affranchir de cette règle dans un but religieux, ainsi qu’il est d’ailleurs reconnu dans les écritures de la commune, les auteurs de la délibération litigieuse ont gravement porté atteinte aux principes de neutralité du service public."
Je l’ai toujours martelé : les usagers n’ont pas à faire preuve de neutralité religieuse (sous réserve du trouble à l’ordre public). Mais le règlement des piscines, lui, doit être neutre. Ceci a bien été rappelé par le tribunal : "l’autorité administrative doit respecter le principe de neutralité". "Dans ces conditions, il y a lieu de suspendre l’exécution de l’article 10 du règlement des piscines […]."
Cette décision est, pour Éric Piolle, un camouflet juridique et surtout politique. Ses multiples instrumentalisations et détournements de la laïcité, pour mieux la saper afin de favoriser une poignée de fanatiques moyenâgeuses et masochistes qui aiment s'autodiscriminer, se sont heurtés à la réalité du droit. Le maire de Grenoble et Alliance citoyenne ne s’avouent toutefois pas vaincus. L’édile a annoncé saisir le Conseil d’État. En attendant, le nouveau règlement qui devait entrer en vigueur le 1er juin reste suspendu.
Quelle que soit la décision du Conseil d’État, la République a déjà perdu. Elle a perdu le jour où Éric Piolle a fait voter le nouveau règlement. Il a créé une brèche politique qui servira soit de jurisprudence sur le plan du droit (l'effet domino tant espéré par Alliance citoyenne), soit de jurisprudence sur le plan politique à travers un nouvel axe de victimisation. L’angle de la laïcité est fragile. Le Conseil d’État peut basculer en faveur de la demande islamiste. Éric Piolle le sait. L’enjeu est moins la laïcité que la discrimination et l’infériorisation "choisies" d’un groupe humain en raison de son sexe. La religion n’est qu’un prétexte pour perdre les citoyens dans les méandres de la laïcité, permettant ainsi l’avancée de l’islamisme avec le soutien d’une partie de ceux censés combattre cette idéologie totalitaire.
De plus, sous l’angle purement pratique et pour prendre au piège le maire et les islamistes sur leur propre terrain, la question de l’hygiène devrait aussi être débattue. En effet, au-delà des débats philosophiques, politiques et sociétaux que pose le burqini, les problèmes d’hygiène liés à cet accoutrement sont scientifiquement flagrants (1). Ainsi, soit la jurisprudence sera en faveur du maire et de ses partenaires islamistes. Soit le rejet définitif servira la propagande victimaire de l’islamisme politique.
L’audience au Conseil d’État est fixée au 14 juin. Parallèlement, les offensives burqini se multiplient en Ile De France, les offensives du voile à l’école également dans diverses régions ; le parti islamiste UDMF a présenté une centaine de candidats aux législatives (2), des islamistes (dont le CCIE) appellent à voter pour leurs "alliés" de la NUPES. Jamais l’islamisme politique n’avait montré une telle vigueur en France, avec toujours le sexisme du voile comme cheval de Troie.
Pour bien saisir l’importance de l’audience au Conseil d’État, Taous Hammouti encourage sur Twitter, le jour J, l’avocate d’Alliance citoyenne. Taous Hammouti est une militante islamiste, issue de l’idéologie des Frères musulmans. Elle a, entre autres, porté le deuil de Mohamed Morsi (leader des Frères musulmans devenu président égyptien et décédé en 2019 après avoir été destitué), partagé la propagande pro-voile d'Erdogan et lancé une pétition de soutien à Tariq Ramadan (3). Sans parler de sa publication qui avait tant fait réagir : une image où est inscrit "N’oubliez jamais que c’est Charlie qui a dégainé le 1er…" Elle est la cheffe de file des actions burqini. Elle est celle par qui tout a commencé. L'avocate reprend ses éléments de langage inspirés de l’islamisme politique et va défendre, cet après-midi-là, ses idées au Conseil d’État.
Jamais l’islamisme politique n’avait montré une telle vigueur en France, avec toujours le sexisme du voile comme cheval de Troie.
Malgré les trésors d’imagination déployés par Eric Piolle devant la haute juridiction pour prendre des vessies pour des lanternes, "le Conseil d’État confirme la suspension du règlement intérieur des piscines de la ville de Grenoble autorisant le port du « burqini »". "le juge des référés constate que, contrairement à l’objectif affiché par la ville de Grenoble, l’adaptation du règlement intérieur de ses piscines municipales ne visait qu’à autoriser le port du « burkini » afin de satisfaire une revendication de nature religieuse et, pour ce faire, dérogeait, pour une catégorie d’usagers, à la règle commune" (4). Les revendications d'Alliance citoyenne et de ces militantes islamistes sont bien une demande de privilège que je ne cesse de présenter ainsi depuis 2019, rejetée par la haute juridiction.
Dans sa fuite en avant pro islamiste, le maire de Grenoble ira-t-il jusqu'à la Cour européenne des droits de l'Homme ? Sans doute pas. Le prix politique qu’il a payé est trop élevé. Au niveau local, il a fracturé sa majorité municipale et renforcé l’opposition. En devenant "allié" de l'islamisme politique, et de façon aussi médiatique, Eric Piolle a aussi cultivé d'un côté la stratégie victimaire de l'islamisme, et de l'autre la "zemmourisation des esprits" (son anathème fétiche lancé à tous ses opposants pour tenter de les disqualifier). Il a contribué à la montée de l'extrême droite en France. Les 89 nouveaux députés RN lui disent "merci".
La décision du Conseil d’État est une victoire pour le féminisme, la laïcité et les valeurs de la République. Mais une victoire à la Pyrrhus. Cette victoire au goût amer reste toutefois une victoire. C’est aussi une victoire personnelle, en tant que premier opposant à Alliance citoyenne, après tant d'années de lutte et les multiples diffamations de l’association contre moi pour tenter de me faire taire. Sans succès : je reste debout pour hurler de fierté et de joie : Féminisme/Universalisme/Laïcité ! ✊
Alliance citoyenne a réagi sur Twitter... de sa façon habituelle. Sans honte, fidèle à la communication politique de l'islamisme, l’association continue de prétendre parler au nom des "femmes musulmanes", pour toutes les assigner à la frange extrémiste de l'islam. Toutes ne rêvent pas de se soumettre à l'occultation de leur être pour obéir aux injonctions de prédicateurs qui les considèrent comme des objets sexuels tentateurs.
Quant à son schéma, il véhicule les mêmes fausses informations que l'association répète en boucle depuis des années : la laïcité n'est pas la liberté absolue ; la laïcité et le féminisme offrent la véritable liberté, celle de pouvoir sortir de son carcan patriarcal "religieux" selon l'activité et la météo du moment ; le port du voile et de sa déclinaison waterproof n'est pas un "libre choix" mais le consentement à une soumission patriarcale ; les militantes ne sont pas empêchées par un règlement qui s'applique à toutes et tous sans distinction, mais par une idéologie totalitaire qui les enferme.
Son schéma est fidèle au concept du "juste milieu" affiché par les Frères musulmans. Un classique des éléments de langage de la confrérie pour faire croire à une forme de modération rassurante. Ce "milieu" se situe entre les salafistes "quiétistes" et les djihadistes (l’islamisme politique partage les mêmes ambitions mais pas les mêmes méthodes), et les musulmans rationalistes dont le progressisme et la laïcité sont vécus comme une menace et une trahison. Le "juste milieu" est donc un terme marketing, pour rassurer et séduire. Ils placent l’islamisme politique au bon endroit selon leur propre point de vue. En réalité, du point de vue des démocrates, des laïques et des progressistes dans les pays musulmans, les Frères musulmans ne se situent pas au milieu mais à l’extrême droite, avec tous les radicaux religieux. Là est leur "juste" place.
Alliance citoyenne use de la même rhétorique. Elle serait au bon endroit tempéré, entre des islamistes trop francs idéologiquement (notamment ceux qui réclament trop rapidement des horaires séparés), et les défenseurs de la laïcité et de l’égalité des sexes dont l’opposition est vécue comme un obstacle. Voici donc le même schéma, mais plus fidèle au "libre choix" selon Alliance citoyenne :
Enivrée par son fanatisme d'un autre âge, Alliance citoyenne confirme qu'elle ne lâchera rien, "jusqu'à la victoire". Tant qu'une partie de la gauche et des féministes à temps partiel (les féministes intersectionnelles) continueront de les soutenir, les militantes islamistes de l'association resteront galvanisées.
Le maire de Grenoble s’est aussi exprimé (5). Il tente de transformer sa défaite en victoire. Mais n’est pas David Copperfield qui veut. Par sa défense d’un sexisme d’un autre âge et son soutien à l’islamisme politique, il a trahi les valeurs de gauche pour satisfaire une extrême droite religieuse. Il a joué de son pouvoir de maire pour cela, trahissant également la République. Je conclus donc comme je l’avais déjà fait auparavant : Éric Piolle devra un jour en répondre face à l’histoire.
(1) Le burqini et l'hygiène ne sont pas amis
(2) Législatives 2022 : l'UDMF, le parti islamiste aux dents longues
(3) L'islamiste Taous Hammouti porte plainte contre moi pour injure publique
(4) Le Conseil d’État confirme la suspension du règlement intérieur des piscines de la ville de Grenoble autorisant le port du « burkini »
(5) Communiqué d'Éric Piolle