Le Collectif Contre l'Islamophobie en France (CCIF), principal initiateur de l'appel à manifester le 10 novembre 2019 contre "l'islamophobie", fait mine de s'offusquer face aux accusations qui le définissent comme "islamiste proche des Frères musulmans". Des "accusations jamais prouvées" selon lui. Vraiment ?
Comme nombre de Frères musulmans, le CCIF joue sur les mots. Il n'y a pas de lien officiel entre la confrérie et le CCIF. L'appartenance n'est pas formelle. Elle est idéologique. Les Frères musulmans, c'est d'abord une idéologie qu'on considère être l'islam tout court.
Cette idéologie a une interprétation rétrograde, sexiste, politique et totalitaire de l'islam. Les références du CCIF, sa vision de la femme musulmane, son obsession pour favoriser son voilement, sa stratégie politique, ses soutiens religieux extrémistes l'inscrivent dans la ligne des Frères musulmans.
Un des critères fréristes est d'avoir un double discours : un pour la vitrine, (le CCIF se présente par exemple comme "apolitique et areligieux") pour rassurer et séduire ; un autre plus sincère, politique et religieux, destiné à son arrière-cour.
Ayant opté comme terrain politique le créneau juridique et victimaire, désirant faire de l'islam une race et des musulmans un peuple éternellement opprimé, le CCIF n'a pas d'autres choix que de se présenter comme une "association antiraciste" et de "défense des droits humains".
Cette association ne défend jamais "les musulmans", seulement leur frange intégriste pour promouvoir l'affichage sexiste du voile et le communautarisme, moyens pour faire avancer l'islamisme politique. Ses slogans marketing ne sont là que pour être comparés aux vraies associations antiracistes et se rapprocher d'elles pour obtenir un statut de crédibilité et de respectabilité. C'est justement ce qu'il met en avant dans son communiqué comme argument face aux accusations d'islamisme.
Pour découvrir l'ADN du CCIF, il faut remonter à l'époque où il était moins médiatisé. Il exprimait alors sans filtre ses idées, sa vision d'un islam totalitaire, comme ici en janvier 2010 lors d'une conférence en partenariat avec les Indigènes de la République. Marwan Muhammad était adhérent du CCIF dont il deviendra le porte-parole quelques mois plus tard :
Cette vision totalitaire de l'islam est exprimée dans diverses conférences, comme ici encore en 2011. Le propos de Marwan Muhammad, cette fois porte-parole officiel, concentre toute la perception du CCIF. En moins de deux minutes, il passe d'un discours victimaire surréaliste à une vision totalitaire et raciste de l'islam. Cet extrait concentre toute la pensée islamiste : les musulmans seraient des éternelles victimes car ils formeraient un peuple supérieur qui aurait vocation à diriger le monde. Les islamistes ont exactement la même perception d'eux-mêmes que les nazis.
Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que les propos racistes et totalitaires tenus par Marwan Muhammad au nom du CCIF collent presque parfaitement à plusieurs passages de "Mein Kampf" écrit par Adolf Hitler, 3 ans avant la création des Frères musulmans. Ces derniers admiraient le nazisme.
Les propos du CCIF, association "apolitique et "areligieuse" selon sa vitrine, s'inspirent directement du verset 110 de la Sourate 3 du Coran : "Vous êtes la meilleure communauté qu’on ait fait surgir pour les hommes vous ordonnez le convenable, interdisez le blâmable et croyez en Allah". Ce sentiment de faire partie d’un peuple supérieur qui aurait vocation à diriger le monde s'appuie sur une interprétation littéraliste du Coran qui justifie toute la doctrine des islamistes. Aucun musulman rationaliste n’interprète et n'instrumentalise ce verset de la sorte. Ce verset est donc souvent brandi par les Frères musulmans. On le trouve par exemple dans le préambule de la charte du Hamas, branche palestinienne de la confrérie, pour marquer dès l'introduction de cette charte sa supériorité sur Israël et plus largement la supériorité de l'islam sur le monde.
Sa défense acharnée du voile est un autre élément de l'appartenance du CCIF à l'idéologie des Frères musulmans. Seuls les islamistes considèrent le voile comme une prescription religieuse. Les musulmans rationalistes/progressistes le considèrent comme un héritage culturel sexiste et patriarcal dont les formes de voiles actuelles sont des créations récentes importées du Moyen-Orient.
Ainsi, en bon islamiste, le CCIF a une vision sexiste des femmes. Un sexisme identitaire, notamment préconisé par Youssef Al-Qaradawi, célèbre théologien frériste. Selon les Frères musulmans, la musulmane doit se distinguer des occidentales dépravées, en se cachant sous un voile.
Le CCIF ne dit pas autre chose : les musulmanes voilées "n'ont pas envie de se soumettre au mode de vie tel qu'il est pratiqué ici", c'est à dire en France.
Pour le CCIF, il y a "eux" (ces dépravés de Français) et "nous" (les musulmans qui se respectent).
Cette image de la femme nue pour vendre du yaourt est un classique chez les islamistes. Ils font référence à une publicité Danone qui n'est plus diffusée depuis 25 ans, car des féministes s'étaient mobilisées pour pointer son sexisme. Mais peu importe pour les islamistes. Ils instrumentalisent une publicité qui a disparu il y a plusieurs décennies, la société française la trouvant sexiste, pour promouvoir le voile, incarnation du sexisme le plus rétrograde. L'intérêt est de diaboliser le mode de vie français en général pour inciter les musulmanes à faire le "libre choix" du voile. Celles qui refuseraient "de se soumettre au mode de vie tel qu'il est" prescrit par les islamistes seraient moins pieuses et moins respectables.
Comme Marwan Muhammad, le célèbre prêcheur Frère musulman Hassan Iquioussen n'échappe pas à la règle. Il reprend lui aussi, comme de nombreux autres islamistes, l'image de "la femme nue pour vendre du yaourt".
L'adhésion du CCIF à l'islamisme politique s'observe également dans sa filiation idéologique. L'association a été créée par Sami Debah, ancien militant du Tabligh (mouvement islamiste pour une prédication active né dans les années 1920 en Inde). Quant à Marwan Muhammad, qui fut longtemps porte-parole puis "directeur exécutif" du CCIF, il a été adoubé par la référence la plus directe aux Frères musulmans : Tariq Ramadan. Ce dernier est le petit-fils du fondateur des Frères musulmans, fils du représentant européen de la confrérie. Il a toujours fait l'éloge de son ascendance.
Il a aussi désigné Marwan Muhammad, parmi d'autres, comme l'un de ses héritiers idéologiques. Marwan Muhammad lui-même a reconnu s'être construit, je dirais "politico-religieusement", à travers les écrits et conférences de Tariq Ramadan. Le flambeau frériste est transmis.
Le CCIF est clairement une association islamiste aussi par les soutiens religieux à cette association "areligieuse". Tous sont issus des Frères musulmans, mais aussi du salafisme. Plusieurs d'entre eux soutiennent officiellement le CCIF qui les a mis en scène pour bien souligner le courant de l'islam dans lequel il s'inscrit. Il se présente faussement comme une association de défense des droits humains, de lutte contre les discriminations. Or, tous les islamistes sont homophobes, à commencer par ceux que le CCIF est allé chercher pour être soutenu.
Il y a bien sûr Tariq Ramadan.
Il y a aussi son frère Hani, qui considère la femme non voilée comme une pièce de 2 euros qui passe d'une main à l'autre. Dans son ouvrage "Aspects du monothéisme musulman" (Tawhid, Lyon, 1998), il écrit que l'homosexualité serait une "sexualité débridée" équivalente à "la prostitution, au viol, à la pédophilie, à l’inceste".
Depuis, Hani Ramadan a été expulsé du territoire en raison de sa radicalité. Mais le CCIF n'a jamais renié sa tendresse à son égard. Il n'a jamais critiqué ou, au moins, pris ses distances avec ses propos sexistes et homophobes. La vidéo de soutien de Hani Ramadan est d'ailleurs toujours en ligne sur le compte YouTube du CCIF.
Un autre soutien islamiste au CCIF est Hassan Iquioussen qui, au passage, lance une pique homophobe dans son appel à soutenir cette association "areligieuse" et de "lutte contre les discriminations".
Un petit dernier pour la route : l'imam salafiste Hassan Bounamcha a tenu des propos moyenâgeux sur les femmes et d'autres particulièrement violents contre les homosexuels. Le CCIF lui a aussi demandé de lui apporter officiellement son soutien.
Aucun imam, islamologue ou théologien rationaliste/progressiste ne soutient le CCIF. Et pour cause : ils sont adversaires. Le CCIF les considère comme des "néo harkis", des traîtres de leur "communauté" (puisque pour le CCIF on est musulman avant d'être Français). Il qualifie aussi l'islam des Lumières de "islam du réverbère". Les islamistes préfèrent toujours l'obscurantisme.
Le CCIF n'a donc jamais défendu des musulmans progressistes victimes de leurs coreligionnaires. Il n'a jamais défendu des musulmanes sous pression car non voilées. Il n'a jamais défendu les musulmans non pratiquants qui subissent parfois remarques et pressions parce qu'ils ne font pas le ramadan ou ne mangent pas halal. Il n'a jamais défendu les homosexuels musulmans victimes d'actes et propos homophobes de la part d'autres musulmans, etc. Enfin, il déclare défendre les "musulmans réels ou supposés". Mais il n'a jamais défendu d'apostats, supposés être musulmans pour certains, victimes de menaces et de violences.
Par son sexisme et son adhésion à l'idéologie des Frères musulmans, le CCIF défend celles qui font le "libre choix" de se plier au voilement, jamais celles qui luttent pour ne pas le mettre.
Racisme et discrimination intracommunautaire n’intéressent pas le CCIF. Il en est même acteur. Mettre en lumière cela, ce serait écorner l'image des éternelles victimes.
Un autre élément de la vitrine du CCIF est de se présenter comme défenseur de la loi de 1905. Par son approche intégriste de l'islam, il n'hésite pourtant jamais à tenir des meetings politiques dans des mosquées, en infraction de l'article 26 de ladite loi. Ce fut le cas à la mosquée de Vigneux d'où sont extraits les passages partagés dans cet article. Ce fut le cas à la mosquée de Tremblay-en-France en 2016, etc.
La dernière fois n'est pas passée.
Cette association d'extrême droite musulmane a eu la même démarche marketing que le Front National, la dédiabolisation, en faisant aussi évoluer son logo.
Dans son logo originel, l’un des deux "C" de son acronyme se retrouve plus petit et inversé, afin que puisse être lu "cif".
"Saïf" en arabe signifie "sabre". D’où le F en forme de sabre. C’est le symbole de l’islam conquérant, de l'intégrisme musulman. Le drapeau des Frères musulmans inclut deux sabres entrecroisés. Mais là, il se rapproche plus du drapeau wahhabite saoudien.
Comment être crédible avec des discours sur les droits humains, anti-racistes et victimaires, si le logo illustre sa pensée réelle qui exprime l'exact contraire ?
Alors le CCIF l’a fait évoluer vers une forme plus consensuelle.
Pour rassurer et séduire, le CCIF use aussi de la rhétorique d'inversion : il serait défenseur de la laïcité, antiraciste, pour le "vivre ensemble". Or, il a été créé pour combattre la laïcité (notamment en l'instrumentalisant et en se prétendant son défenseur), défendre une approche raciste et totalitaire de l'islam et cliver la société entre "eux" et "nous".
Cette association affirme également qu'il "n'a jamais lancé de procédure contre le blasphème ou la critique de l'islam". C'est vrai. Mais si le CCIF n'a jamais attaqué Charlie Hebdo ou quiconque devant un tribunal, ce n'est pas par bonté d'âme ou par respect de la liberté d'expression. C'est parce qu'il sait qu'il sera toujours débouté. Sa lutte pour condamner la critique de l'islam se fait sur le terrain idéologique et politique pour amener un jour le législateur à intégrer le terme "islamophobie" dans un texte de loi. Ce jour-là, le CCIF ne se contentera plus d'indignations en "islamophobie". Face à toute critique de l'islam et, surtout, de son idéologie islamiste, il enchainera les procès.
Je démontre tout ceci depuis 2016 dans divers articles consultables sur mon site. Donc, quand le CCIF affirme que son extrémisme n'a jamais été prouvé, il ment, comme souvent.
Jean-Luc Melenchon, Benoît Hamon et son parti Générations, la féministe Caroline De Haas et les autres ont fait le choix, contraire à toutes leurs valeurs, de répondre positivement à l'invitation des islamistes du CCIF, un des initiateurs de l'appel à manifester contre "l'islamophobie" le 10 novembre 2019.
Ils participent ainsi à la stratégie politique des Frères musulmans qui, pour avancer, veulent banaliser le sexisme du voile et valider le terme "islamophobie" dont l'objectif est de fusionner la critique de l'islam(isme) et l'hostilité envers les musulmans.
En se rapprochant de l'extrême droite musulmane, en lui apportant la crédibilité dont elle a besoin en répondant à son appel, cette gauche trahit ses valeurs et abandonne les musulmans qui résistent aux islamistes. Elle préfère leurs représentants auto proclamés qui les écrasent.
Tout cela ne verra qu'un seul vainqueur : le Rassemblement National, revigoré par les islamistes (CCIF et consorts) et la naïveté de cette gauche.