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Naëm Bestandji

Féminisme / Universalisme / Laïcité

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Le CCIF, fleuron de la nouvelle extrême droite française (5ème partie)

Par Naëm Bestandji . Publié le 07 Avril 2017 à 20h12

Je voudrais aujourd'hui rendre hommage à ceux qui m'ont formé politiquement. J'ai eu la chance de rencontrer à Bagnolet deux anciens militants des "Mouvements des travailleurs arabes" (MTA). Mes premières expériences militantes se sont faites à leur contact. En me transmettant la mémoire de leur lutte dans les usines (…) dans les années 70. (…) Combien savent que la première cause politique des travailleurs immigrés en France fut la cause Palestinienne ? (…) Autre point de mobilisation, la question du logement, les foyers SONACOTRA (foyers de travailleurs) (…) avec des grandes grèves de loyers pour améliorer les conditions de logement. Une autre question fondamentale [au MTA] sont les crimes racistes. (…) Les premières salles de prière ont été obtenues également par la lutte de ces travailleurs immigrés. Quand on regarde cette histoire de plus près, on se rend compte que si ces mouvements n'avaient pas existé, s'ils n'avaient pas fait ce sacrifice dans les années 70, il est fort probable que nos mouvements politiques de l'immigration aujourd'hui n'existeraient pas.

Ceci est une chronique de Youcef Brakni, "militant antiraciste" de Bagnolet, sur l'antenne radio de France Maghreb2. Il résume parfaitement mon analyse de la 4ème partie de cet article sur l'évolution de la lutte exclusivement sociale et politique vers l'islamisme. Il est le fruit de cette évolution.

Des militants identitaires "Arabes"/musulmans partagent le même racisme que celui des islamistes

Comme je le disais dans la partie précédente, les frontières sont poreuses entre les islamistes et une partie des mouvements de gauche. Leurs discours et leur rhétorique sont un mélange de lutte sociale, de religion et de racisme sous couvert d'antiracisme. Le Parti des Indigènes de la République (PIR) est la plus belle réussite de cette évolution. Youcef Brakni en est d'ailleurs un militant.

Ces militants racistes ont les mêmes visions raciales avec la même stratégie d’inversion des rôles pour se victimiser (cf. parties précédentes). Théoriser la légitimité de leur racisme en le faisant passer pour une lutte contre le racisme, c’est toute la stratégie du PIR et de son allié le CCIF. Entre l’UOIF, le CCIF et le PIR, nombreux sont celles et ceux qui naviguent dans cette galaxie. Comme Marwan Muhammad, les militants islamistes tendances Frères musulmans sont souvent des personnes diplômées en sociologie, sciences politiques, marketing, journalisme ou autre. Ils savent très bien s’exprimer et mettent leurs compétences au service de leur fanatisme. La qualité des vidéos et du marketing du CCIF, tout comme celle de l'association Lallab par exemple (association politico-religieuse militant pour l'acceptation du sexisme du voilement des femmes) en atteste.

Ces militants sont aussi bien des hommes que des femmes. Ces dernières peuvent être voilées ou non. Mais tous défendent la même conception du monde. C’est par exemple le cas de Sihame Assbague. Diplômée en sciences politiques, elle milite dans de nombreuses associations racialistes, voire racistes, sous-couvert d’antiracisme. Le PIR est une de ses préférées. Elle est également une des organisatrices du "camp d’été décolonial" interdit aux blancs et soutien officiel du PIR et du CCIF.

Les frontières sont poreuses entre les islamistes et une partie des mouvements de gauche.

Un autre visage de ce type de profil est celui de Widad Kefti. Militante de la nouvelle extrême droite et journaliste au Bondy Blog (plus militante que journaliste d’ailleurs), elle tient parfois le même genre de propos populistes et racistes que le Front National.

Une des similitudes entre Widad Kefti et Marion Maréchal Le Pen

2 tweets symboliques de leur proximité sur l'échiquier politique, à l'extrême droite. Ils sont populistes teintés de racisme. Même leurs formulations sont proches.

Elle milite aux côtés de S. Assbague. Leurs actions communes sont relayées par le CCIF. Enfin, dernier exemple parmi tant d’autres, il ne faut pas oublier Houria Bouteldja, figure médiatique du Parti des Indigènes de la République qui est ouvertement raciste, antisémite et homophobe. Elle est dans la même vision du "eux" et "nous" que le CCIF. Soutien indéfectible du Hamas et du Hezbollah, elle en fait souvent les éloges dans ses écrits et ses meetings.

Un autre profil est celui du travailleur social et/ou militant des quartiers populaires, investi dans des associations de gauche, voire même élu municipal de gauche. Il utilise les thèmes chers à la gauche, tout en militant également dans la sphère indigéniste et de l’extrême droite musulmane. Madjid Messaoudene et Youcef Brakni en sont deux exemples.

Madjid Messaoudene, élu de gauche, n'a aucune boussole politique

Madjid Messaoudene est un élu de gauche de Saint-Denis. Il est "conseiller municipal délégué à l’égalité femme/homme, lutte contre les discriminations, égalité des droits, services publics", selon la mairie. En réalité, il ne voit les problématiques qu’en termes de "race". Sa conception de l’égalité des sexes se limite souvent à la défense des femmes voilées discriminées par un "État raciste néocolonialiste". Les "féministes blanches" ne sont pas sa tasse de thé. La Laïcité ? Elle est "islamophobe".

La laïcité selon Madjid Messaoudene

Pour Madjid Messaoudene, le sexisme et l'endoctrinement islamiste des enfants ne sont rien. En revanche, il dénonce la laïcité qui contribue à pacifier l'école et à protéger ces citoyennes en devenir.

Ses tweets anti-laïcité sont légion. "L’islamophobie" ? Son principal axe de lutte contre les discriminations. La communion nationale du 11 janvier 2015 ? "Une manifestation de racistes et d’islamophobes" (sic) (1). Une de ses plus grandes obsessions est bien-sûr le conflit israélo-palestinien. Une obsession qui s'observe jusqu'à son pseudonyme sur Twitter où il se fait appeler @MadjidFalastine ("Falastine" est la prononciation arabe de "Palestine"). "@MadjidSaintDenis" lui semble moins attrayant. Il est souvent partenaire du PIR. Son "vivre ensemble" se réduit ainsi à l’opposition entre "coloniaux", sionistes / victimes du colonialisme et de "l’islamophobie". Tout comme Marwan Muhammad, il n’a eu de cesse de relativiser les attentats de Toulouse et s’est régulièrement montré agressif envers Charlie Hebdo sur Twitter. Alors, en y ajoutant son soutien officiel à Tariq Ramadan, ce qui était inévitable arriva : il a évidemment adhéré au CCIF.

Madjid Messaoudene annonce sur Twitter son adhésion au CCIF.

Ainsi, il déclare être de gauche mais rejette un de ses principes fondamentaux : la laïcité. Madjid Messaoudene prétend lutter pour l’égalité des sexes mais défend le voile y compris pour les fillettes et soutient une idéologie qui rejette cette égalité au nom de Dieu. Il prétend lutter contre l’homophobie mais défend cette même idéologie islamiste qui est homophobe. Il prétend lutter contre les discriminations en soutenant les indigénistes et islamistes qui ont fait de la discrimination leur fond de commerce (anti "Blancs", antisémite, anti "collabeurs", etc.). Il navigue ainsi entre l'extrême gauche, les indigénistes et l'extrême droite musulmane sans le moindre état d'âme. Il n'est pas une exception. Il a juste une plus grande audience que d'autres. Comme un certain nombre de militants de gauche, Madjid Messaoudene est idéologiquement totalement perdu. Je rappelle que cet homme est conseiller municipal "délégué à l’égalité femme/homme, lutte contre les discriminations, égalité des droits"… Son discours victimaire, racialiste, sexiste et anti-laïque doit faire quelques dégâts auprès de la population de Saint Denis, surtout la jeunesse.

Comme un certain nombre de militants de gauche, Madjid Messaoudene est idéologiquement totalement perdu.

Un peu plus loin, toujours dans le département de Seine-Saint-Denis, Bagnolet subit aussi ce genre de phénomène.

Jimmy Parat, l'islamiste politique au service de "l'islamistisation" de Bagnolet

Jimmy Parat est secrétaire général du parti politique islamiste "Français ET Musulmans", dont je pourrais résumer le programme à un militantisme pour un meilleur respect de l’intégrisme au nom des valeurs humanistes (en quelque sorte : "Touche pas à mon intégrisme"). Par ses références idéologiques, son programme et ses méthodes de propagande (dont les meetings politiques dans des mosquées, interdits par la loi de 1905), ce parti s'inscrit dans l'idéologie des Frères Musulmans. Jimmy Parat est aussi élu municipal à Bagnolet. Le 18 novembre 2014, lors du Conseil de la Communauté d'agglomération dont il était vice-président, il tint des propos particulièrement violents contre le droit à l’IVG qu’il considère comme un "acte barbare". Des "opérations médicales" qu’il "assimile à un meurtre" et dont les maternités seraient des "accompagnements à la mort". Un mois plus tard, de nombreuses militantes de l’association Femmes Solidaires vinrent manifester et exprimer leur indignation lors du conseil municipal de Bagnolet. En mars 2015, le maire retira ses délégations à Jimmy Parat. Une action des féministes et une décision du maire qui mirent en rage Youcef Brakni. Comme il n'hésite jamais à prendre la parole en plein conseil municipal, il le fit 2 ans plus tard pour exprimer son mécontentement. Sur un ton violent, il hurle que les islamophobes n'ont pas à dicter leur loi ici (au conseil municipal) ! Vous avez viré Jimmy Parat à une vitesse extraordinaire parce qu'il était musulman ! (2) Nouvelle démonstration que la lutte contre l'islamisme est perçue comme "islamophobe". Peu importe le sujet et les déclarations choquantes de Jimmy Parat, pour lui tout se résume à "l'islamophobie". "Touche pas à mon intégrisme" est aussi son leitmotiv.

Youcef Brakni, une des plus belles illustrations de la jonction entre une partie de l'extrême gauche et de l'extrême droite musulmane

Youcef Brakni, soutien affiché du PIR et du parti politique "Français et musulmans", milite donc "contre le racisme" dans des quartiers populaires tout en militant également dans la sphère islamiste. Sur le terrain et dans des conférences, il n’a de cesse de dérouler tout l’argumentaire victimaire, racialiste et anti-colonialiste. Ses invectives (parfois agressives) contre ses opposants laïques et démocrates qu’il qualifie "d’extrême droite" n’ont d’égal que son prosélytisme religieux et son obsession pour le conflit israélo-palestinien. Il est souvent tout aussi larmoyant dans la victimisation des musulmans que peut l’être Marwan Muhammad. Tout ceci teinté de social et au nom de la lutte antiraciste. En 2012, il eut l’occasion de s’exprimer à une tribune lors du "Printemps des quartiers" (3), peu après les attentats de Toulouse. Il s’y était exprimé à propos de Mohamed Merah, déplorant l’utilisation du mot djihadisme, ce terme on ne sait même pas ce que ça veut dire, on l'utilise à toutes les sauces, selon ses propres mots. S’il ne sait pas "ce que ça veut dire", il peut toujours le demander aux victimes de ces attentats… Il y déplore également l’interdiction de territoire du soi-disant prédicateur islamiste (sic) Youssef Al-Qaradawi. Théologien Frère musulman le plus célèbre encore en vie, il est misogyne, homophobe, antisémite et justifie le recours aux armes. J’ai rappelé le pédigrée et les raisons de son interdiction dans un article précédent (4). Youcef Brakni est peiné que cet idéologue intégriste, qu'il considère comme un simple musulman, n’ait pas pu se rendre au congrès de l’UOIF. Tout comme il n’apprécie pas que l’on puisse critiquer Tariq Ramadan. Razzy hammadi, à l’époque candidat aux élections législatives en Seine-Saint-Denis, a eu le malheur de le faire. La réaction de Y. Brakni fut sans appel : qu’il entende bien ce message : il n’y aura pas de voix pour les islamophobes. Là encore il réagit comme les intégristes musulmans usant de la rhétorique victimaire et d'inversion : il considère la critique envers l’islamisme comme un blasphème envers l'islam, ce qui serait du racisme (cf. parties précédentes). Il conclut son discours au "Printemps des quartiers" par une chose évidente à ses yeux : tout ceci est fait pour empêcher les musulmans de parler. Discours victimaire et complotiste, quand tu nous tiens… Le "Printemps des quartiers", noyauté par l'extrême droite musulmane, a l’air "sympatoche".

Quelle a été la conséquence de cette menace électorale envers Razzy Hamadi, venant d’un identitaire pro islamiste peu influent ? Le candidat en a "beaucoup souffert" : il a été élu au second tour avec 100% des voix. Sa circonscription doit être remplie "d’islamophobes"…

Youcef Brakni est un des éléments qui démontre le noyautage des mouvements de gauche par les islamistes dans les quartiers populaires. Il colle totalement au CCIF, au PIR et à l’idéologie islamiste en général. Fidèle à cette idéologie, il est un anti-laïque par excellence tout en prétendant défendre la laïcité. Il met constamment son islamité en avant, tout en dénonçant ceux qui l’identifient d’abord comme musulman. Il a eu l’occasion de le démontrer, encore une fois au conseil municipal de Bagnolet, le 29 janvier 2015. Il y était longuement intervenu pour terminer par citer le Prophète dans ce lieu laïque et républicain de la ville : Une parole rapportée du prophète Mohammad, sala allaho alayhi wa salam, dit : "Aller chercher la science, fût-ce jusqu’en Chine." Ce soir, j’aimerais appliquer ce commandement (5).

Cela n’a rien d’illégal. Mais, telle Christine Boutin brandissant la Bible à l’Assemblée Nationale lors des débats sur le PACS, cette intervention est lourde de sens et de symbole. Youcef Brakni n’affiche pas seulement ses convictions religieuses. Il en use comme une arme politique. C'est la définition de l'islamisme.

Il n’est pourtant pas un élu de la ville. Mais il est si à l’aise au conseil municipal, qu’il n’hésite pas à monopoliser la parole, hurler et invectiver les élus, sans que le maire réagisse. Il n’a ainsi aucun respect pour la démocratie, mais s’est engagé à tout faire pour gagner les législatives aux prochaines élections puis la mairie, sous la bannière du parti “Français ET musulmans”.

L'islamiste Youcef Brakni vise les prochaines élections municipales de Bagnolet.
Échanges sur la page Facebook de Youcef Brakni, le 5 mars 2017

Youcef Brakni et son parti "Français ET Musulmans" en meeting politique dans une mosquée.

Meeting politique du parti "Français ET Musulmans" tenu dans une mosquée, en infraction de l'article 26 de la loi de 1905.

Certes, ils ont peu de chances d'y arriver. Mais c'est quand même mauvais signe. Si leur influence politique est négligeable, le labourage mené aujourd’hui sur le terrain risque d'avoir de lourdes conséquences dans l’avenir.

Youcef Brakni n’affiche pas seulement ses convictions religieuses. Il en use comme une arme politique. C'est la définition de l'islamisme.

Il est le profil type de l'islamiste travailleur social et/ou militant associatif qui se sert de son travail ou bénévolat, des projets socio-culturels qu’il peut mener, et des valeurs républicaines pour les détourner afin de mieux diffuser son idéologie totalitaire. Youcef Brakni résume à lui seul tout l'héritage, les contradictions, l'hypocrisie ainsi que la stratégie victimaire et d'inversion des islamistes. Cette extrême droite habillée d’un discours de gauche dilue son idéologie dans les quartiers populaires avec la complaisance, voire le soutien, d’une partie de la gauche. Cela semble incroyable mais c'est bien réel. Ce n’est pas en s’associant au diable qu’on créera un paradis républicain.

Les jeunes militants islamistes d’aujourd’hui ne connaissent peut-être pas les racines idéologiques et historiques du mouvement qu’ils défendent, ce qu'ils estiment être l'islam. De Plus, ils ont une connaissance limitée de leur religion qui passe par le filtre des idéologues islamistes. Mais cette ignorance ne les excuse pas. Au contraire, elle les rend encore plus dangereux.

Tout ce petit monde sympathique se croise et se retrouve régulièrement dans des meetings "antiracistes" communs, meetings de gauche ou meetings uniquement islamistes, ou bien à travers des articles publiés chez les uns et les autres. Le "camp d’été décolonial" en est un bon exemple. De Marwan Muhammad à Siham Assbague, la plupart s'y était retrouvé. On peut leur reconnaitre une chose, ils savent se soutenir les uns les autres. Ce soutien peut aussi se manifester par un acte officiel. Le CCIF soutient régulièrement des islamistes (cf. parties précédentes). Madjid Messaoudene, adhérent du CCIF, a aussi apporté son soutien à Youcef Brakni dans le conflit judiciaire qui oppose ce dernier à une élue socialiste de Bagnolet.

Madjid Messaoudene soutient Youcef Brakni dans le conflit judiciaire qui oppose ce dernier à une élue socialiste de Bagnolet.

Comment après s’étonner que des citoyens non musulmans intègrent l’idée que ces islamistes sont des musulmans comme les autres, puisque le CCIF, l'UOIF, Lallab, le PIR et consort, en y ajoutant une partie de la gauche, le disent ? Ces citoyens en deviennent ainsi littéralement "islamophobes" puisque les islamistes et cette gauche les amènent à avoir peur de l’islam.

L'extrême droite musulmane habillée d’un discours de gauche dilue son idéologie dans les quartiers populaires avec la complaisance, voire le soutien, d’une partie de la gauche.

Pourtant, nombreux sont les musulmans qui n’apprécient pas les méthodes de ces islamistes. Mais les entend-on ? Pas vraiment. Les islamistes sont si bien soutenus par cette partie de la gauche que cela ne laisse aucune chance aux musulmans progressistes. Ces derniers ne prétendent pas lutter contre "l'impérialisme occidental" au nom de l'islamisme et préfèrent afficher leur citoyenneté plutôt que leur islamité dans leur lutte sociale et anti-raciste. Cela fait moins rêver les "islamisto-gauchistes".

L'intégrisme catholique est efficacement combattu. L'intégrisme musulman est efficacement relativisé

La société française sait se montrer ferme face à l’intégrisme catholique. Cela s’explique par l’Histoire. Notamment par le fait que notre laïcité s’est construite en opposition au pouvoir politique de la religion chrétienne et son emprise sur la société. S’il y a ainsi un bloc commun face aux coups de boutoirs des intégristes catholiques, les brèches et les complaisances sont nombreuses face aux attaques des intégristes musulmans. Imaginerions-nous un parti politique ou une association d’intégristes chrétiens tenir des meetings politiques dans des églises, avec en plus une bonne communication et/ou une diffusion vidéo pour en informer le plus grand nombre (comme le CCIF et "Français ET Musulmans"), et ce en infraction totalement assumée de la loi de 1905 ? Imaginerions-nous aujourd'hui des groupes chrétiens lutter ouvertement contre la laïcité au nom du respect de leur intégrisme ? Imaginerions-nous un prédicateur intégriste catholique suisse se faire passer pour un simple "philosophe" en intervenant dans des universités, des conférences, des médias et des meetings politico-religieux pour donner continuellement son avis sur les difficultés de la France, à travers un regard religieux et communautariste afin d’endoctriner ses brebis potentielles ? Imaginerions-nous des "féministes chrétiennes" défendre leur servitude volontaire au nom de la liberté religieuse ? Imaginerions-nous ces mêmes "féministes chrétiennes" intervenir en milieu scolaire pour partager leur vision du "vivre ensemble" et prôner la "diversité" afin de faire accepter leur intégrisme ? Imaginerions-nous des chrétiens tenir les mêmes propos que les islamistes sur les femmes ? Les féministes et les laïcs rugiraient unanimement. Imaginerions-nous une association défendant les "droits de l’homme" (sic) qui serait en réalité une association chrétienne pour défendre les intégristes chrétiens au nom de la laïcité et du "vivre ensemble" ? Si une telle association participait à des conférences communes avec le Front National ; si elle était associée à un camp colonial où seuls les blancs seraient acceptés ; si elle estimait que les chrétiens font partie d’une race supérieure qui a pour vocation à diriger le monde. Si elle voulait extrapoler et imposer les Épitres aux Corinthiens de Saint Paul pour justifier la liberté de voiler et inférioriser les femmes. Si elle hurlait à la "christianophobie" pour un délit routier ou un viol quand les victimes sont chrétiennes ? Toute la classe politique et intellectuelle leur tomberait dessus tel le glaive de la République face à un danger. Et la presse entière les brocarderait par des articles et des caricatures. C’est pour cela qu’une telle association, de tels mouvements, ne peuvent se faire entendre. C’est pour cela que les intégristes catholiques sont contenus, même s’ils ressurgissent régulièrement. C’est pour cela qu’ils sont contraints de trouver des moyens détournés et plus discrets en s’investissant notamment au FN ou dans des mouvements tels que la "Manif pour tous".

A-t-on la même attitude face à l’intégrisme musulman ? Pas vraiment. Les islamistes, CCIF en tête, agissent réellement comme tout ce que j’ai imaginé plus haut pour les chrétiens. Si je reprends le cas de la laïcité qui tente de mettre les religions à la porte de l’école, les islamistes et pro-islamistes tentent de revenir par la fenêtre à travers un travail de fond sur le long terme. C'est le travail d'associations comme Lallab à travers leurs interventions en milieu scolaire pour la banalisation du sexisme au nom de la liberté religieuse et de la "diversité". L’extrême droite traditionnelle en rêve depuis plus de 100 ans. La nouvelle extrême droite le fait. Et là, les féministes, les antiracistes et les laïques se retrouvent divisés. Certains fermant les yeux, voire même soutenant, ce qu’ils n’auraient jamais accepté de la part de l’Eglise catholique. Quant à une partie de la presse et les politiques, ils disent vouloir faire "preuve de responsabilité" et "éviter les amalgames". Un deux poids deux mesures qui, non seulement n'a aucun effet sur les islamistes, mais au contraire les conforte dans leurs délires victimaires. Tout en faisant, en plus, parfaitement le jeu de l'extrême droite traditionnelle en lui laissant le champ libre en ces domaines.
Cette différence de traitement est une des autres différences entre l’extrême droite traditionnelle et la nouvelle extrême droite.

Au-delà de la rhétorique d'inversion et de la victimisation, le marketing joue également un rôle important dans la stratégie des deux extrêmes droites.

Le marketing au service de la "dédiabolisation" des deux extrêmes droites

Tous les partis politiques sont des produits que leurs VRP tentent de vendre aux citoyens. Les deux extrêmes droites sont les mouvements qui poussent le concept à son paroxysme. Dans sa stratégie de dédiabolisation, le FN a souhaité se débarrasser de ses éléments les plus radicaux dans leur expression (signes nazis, propos racistes). Il leur est difficile d'en arriver à bout tant les scandales surgissent régulièrement. Il a également banni de ses éléments de langage des mots comme "race". Dans l'un est l'autres cas, ce n’est absolument pas le cas des intégristes musulmans. On peut ainsi considérer que les islamistes sont encore plus à droite que l’extrême droite traditionnelle, tout du moins dans la forme.

L’évolution du marketing visuel est également un point commun entre les deux fleurons de l’extrême droite française. Les deux ont à cœur de faire oublier leurs racines historiques et idéologiques afin d’atteindre le statut de respectabilité tant convoité. Le FN, sous l’influence de Marine Le Pen, évolue progressivement vers l’abandon du nom du parti au profit de "Marine" : "Rassemblement bleu Marine", "Marine2017".

Son logo, la flamme tricolore, pose aussi un problème. A sa création, le Front National s’était fortement inspiré politiquement du MSI, le parti fasciste italien, dont il recevait même le soutien financier. Son acronyme signifie "Movimento Sociale Italiano". Mais pour les connaisseurs, il signifie également "Mussolini sempre immortal" (Mussolini toujours immortel). Son logo est une flamme tricolore (couleurs du drapeau italien) dont le socle représente la tombe de Mussolini éternellement renaissant. Le FN se sentait idéologiquement si proche du MSI qu’il avait repris exactement le même logo, en remplaçant seulement le tricolore italien par le tricolore français.

Evolutions du logo du Front National

Héritage embarrassant pour un parti qui se dit aujourd’hui "républicain et démocrate". Alors, tout comme le nom, il l’abandonne pour une nouveauté : une rose bleue. L’un des symboles de la gauche avec la couleur de la droite, pour marquer son "ni droite ni gauche" tout en étant de droite et de gauche. Avec le changement de discours, ces changements visuels font partie de la "dédiabolisation" recherchée. Faire oublier le passé, les profils des pères fondateurs du FN, la violence de ses militants, les propos racistes et antisémites du père. Bref, faire oublier ce qu’est ce parti : l’extrême droite.

Le CCIF a procédé de la même façon pour les mêmes raisons. Ses discours sont officiellement consensuels et tolérants avec un logo neutre. Enfin… il est devenu plus neutre. Son premier logo avait un sens et un message très précis.

Evolutions du logo du CCIF

Si l’un des deux "C" de son acronyme se retrouve plus petit, perdu et abandonné dans son premier logo, ce n’est pas le fait du graphiste qui aurait un peu trop forcé sur la bouteille (oui, ça arrive aussi chez les islamistes). Il a été écarté afin que puisse être lu "cif". "Saïf" en arabe signifie "sabre". D’où la forme du F qui n’est pas anodine. Pour correspondre à la signification du mot, il est en forme de sabre. Pas très "peace and love" ni vraiment pour le "vivre ensemble", mais rien d’innovant. C’est le symbole de l’intégrisme musulman. Le drapeau des Frères musulmans comporte deux sabres entrecroisés qui soulignent bien l’aspect guerrier et conquérant au cœur de leur doctrine. Le logo du CCIF est donc un mignon petit clin d’œil à ses ainés. Mais, dans sa forme, il se rapproche bien plus du drapeau saoudien, promoteur d’un des courants les plus rétrogrades et intolérants de l’islam, et qui peut être tout aussi violent que les Frères, le wahhâbisme. Sur ce drapeau figure un texte (la profession de foi musulmane) et un sabre blancs sur fond vert. Exactement comme le logo du CCIF.

Tout comme le FN, le CCIF a compris que ce logo est trop parlant. Il dévoile trop frontalement les origines et le profil idéologique de cette association. Comment être crédible avec des discours pro-droits de l’Homme, anti-racistes et victimaires, si le logo illustre leur pensée réelle qui exprime l'exact contraire ? C’est impossible. Alors il l’a fait évoluer vers une forme plus consensuelle. Le lettrage blanc sur fond vert, couleur de l’islam, est toujours là. Mais le style a changé pour une forme plus classique.

La rose bleue du FN d’un côté, le nouveau logo du CCIF de l’autre, pour deux mouvements désirant faire oublier leurs racines racistes et totalitaires. On peut changer les emballages, mais les produits nauséabonds restent les mêmes.

Conclusion

Au fil de ce long article, j’ai décortiqué et analysé l’histoire et la stratégie des islamistes. Je suis remonté au début du 20ème siècle, aux racines de leur antisémitisme, leur vision ultra-identitaire, leur racisme et totalitarisme qui expliquent leurs positions et stratégies d'aujourd'hui. J’ai démontré qu’ils sont bien d’extrême droite dans tous les domaines, sauf un. Le seul où ils se positionnent à gauche est celui des questions économiques et sociales. Et encore, cela concerne les islamistes français. Dans les pays musulmans, à côté de leurs actions sociales pour leur conquête par le bas, les islamistes prônent le libéralisme et le capitalisme en économie (le marché du halal en est un bon exemple). J'ai démontré que le CCIF en est le fleuron en France. Car il est actuellement plus médiatique et visible. Mais le travail de fond est mené par l’UOIF, ses associations satellites, nombre de centres "culturels" musulmans, les prédicateurs fréristes et salafistes, ainsi que les militants naviguant dans cette galaxie islamiste et racialiste. Combien y-a-t-il de Youcef Brakni, Widad Kefti, Sihame Assbague, Madjid Messaoudene qui militent sur le terrain, dans les associations laïques, les organes de presse et les partis politiques pour diluer leur idéologie ? Sans oublier, d'un autre côté, les organisations internationales telles que l'Organisation de la Coopération Islamique (OCI) et les pétrodollars des pays du Golfe qui jouent aussi leur rôle. Le CCIF est le fruit de ce labourage de terrain entamé depuis plus de 30 ans et dont toutes les personnes que j’ai citées en sont adhérentes ou le soutiennent.

Les islamistes ont fait perdre la boussole politique d'une partie de la gauche

Les islamistes modifient les repères politiques. Ils correspondent à l’extrême droite la plus dure lorsque nous faisons l’effort intellectuel de les étudier. Mais quand on fait preuve de paresse, ils renvoient l’image d’éternels opprimés victimes de la persécution d’un État et d’une société qui les rejetterait. Le racisme et les discriminations sont malheureusement bien réels. Les problèmes sociaux et la ghettoïsation sont aussi une réalité. Mais les islamistes et leurs "idiots utiles" jouent de populisme pour les exagérer. Pour eux, tous les problèmes de leur vie se réduisent à ces questions. Tout passe par le filtre racialiste et religieux avec d'un côté les méchants blancs racistes et oppresseurs, et de l'autre les pauvres musulmans victimes de tous les malheurs du monde parce qu'ils sont musulmans. Et les "blancs" qui les soutiennent ? "Ben eux, c'est pas pareil. Ils sont pas comme les autres". Il suffit de remplacer "blancs" par "arabes" et on obtient l'extrême droite traditionnelle.

Les islamistes modifient les repères politiques. Ils correspondent à l’extrême droite la plus dure lorsque nous faisons l’effort intellectuel de les étudier. Mais quand on fait preuve de paresse, ils renvoient l’image d’éternels opprimés victimes de la persécution d’un État et d’une société qui les rejetterait.

Paradoxe surprenant, ils imaginent en même temps qu'ils détiennent LA vérité que Dieu leur aurait transmise et qu'ils sont ainsi le peuple supérieur qui a vocation à diriger le monde… avec la "bénédiction" d'une partie de la gauche qui est athée et censée être humaniste.

Brouillant ainsi les cartes, les islamistes les ont rebattues. Ils ont réussi à modifier les alliances en fracturant le paysage politique de gauche sur ces sujets. On voit ainsi une partie de la gauche soutenir la nouvelle extrême droite quand l’autre partie la combat. On constate le même clivage chez des féministes qui ont mené les mêmes luttes contre le patriarcat et l’intégrisme chrétien, et qui se retrouvent divisées face à l’intégrisme musulman. On en arrive à des contradictions et des contresens incroyables : des mouvements politiques soutenant une idéologie totalitaire et anti droits humains au nom de la tolérance et des Droits humains, des féministes soutenant le patriarcat et le sexisme au nom du féminisme. Ne voir dans le voile qu’un simple colifichet affirmant une innocente conviction religieuse, ou dans le communautarisme et le racisme islamiste la simple manifestation d’une attitude d’opprimés, va à l’encontre non seulement de toutes leurs valeurs mais aussi des objectifs qu’ils souhaitent atteindre. En soutenant l’intégrisme musulman, ils valident l’idée que c’est le véritable islam. Ils assignent ainsi les musulmanes à se conformer au radicalisme en facilitant la pression exercée par les islamistes. Ils essentialisent également les musulmans, adoptant ainsi la vision de l’islam du FN. Tout ceci a pour effet d’effrayer à juste titre les français, à accepter l’idée que le véritable islam est celui des wahhabites et des Frères musulmans. Ils construisent ainsi tous les éléments nécessaires dont le FN a besoin pour s’épanouir. Loin de lutter contre la peur de l'islam ("l’islamophobie"), ces militants de gauches et ces féministes l’ont au contraire entretenue et développée.

Jamais ces mouvements n’ont été aussi perdus, aussi éloignés de leurs valeurs, bien loin de leurs cohérences et de leurs forces lorsqu'ils sont face à la mentalité traditionaliste chrétienne et aux pressions de l’Église. Ils sont si éloignés de leurs valeurs qu’ils en sont devenus leurs propres ennemis.

Le FN et le CCIF sont les deux faces de la même pièce. Que les démocrates sincères, partisans de notre laïcité et les féministes ne se laissent pas berner par les discours officiels du CCIF et des Frères musulmans en général. Pour le CCIF, la démocratie (dont son système judiciaire) n’est qu’un moyen pour imposer un totalitarisme au nom du religieux.

Les deux extrêmes ont su mettre un vernis de respectabilité dans leur présentation et leur vocabulaire. Beaucoup se contentent du vernis, par paresse intellectuelle ou naïveté. Seulement cette paresse et cette naïveté sont bien plus à l’œuvre lorsqu’il s’agit des intégristes musulmans que de l’extrême droite traditionnelle. Edwy Plenel et benoit Hamon, par exemple, sont de farouches adversaires du Front National. Mais ils sont dans le relativisme (Benoit Hamon) voire dans la compromission et le soutien (Edwy Plenel) lorsqu’il s’agit de l’extrême droite musulmane. Que dire également d'En Marche, le mouvement d’Emmanuel Macron, qui accueille volontiers des sympathisants du CCIF ? Comment prétendre vouloir lutter contre le FN tout en acceptant de fricoter avec l'autre extrême droite ? Lutter contre le FN suppose de lutter aussi contre le CCIF. Car en acceptant l'un on développe l'autre et inversement.

Le combat des islamistes est identitaire et politique, pas spirituel

N’oublions pas ce qu’a dit Erdogan, dont le CCIF fricotte avec l'AKP (la démocratie est comme un tramway duquel on descend une fois arrivé au terminus, c’est-à-dire une fois arrivé au pouvoir) ou Al-Qaradhawi, dont Youcef Brakni et l'UOIF regrettent l'interdiction de territoire (la parole de Dieu est supérieure à tout ce que peuvent dire les êtres humains). N'oublions pas non plus les multiples déclarations de Marwan Muhammad concernant la race supérieure musulmane. Ce directeur du CCIF qui a poussé à son paroxysme la stratégie victimaire et d'inversion pour faciliter la dissimulation de ses réelles intentions. Tout ceci a été abordé dans les différentes parties de cet article. Mais je citerai une dernière fois Marwan Muhammad, pour démontrer mon propos si cela était encore nécessaire. Une déclaration de haine et de rejet de la France qu’il a écrite dans un petit livre dont il est l’auteur, "Foul Express" : Je préparais la guerre contre ce monde qui ne m’aimait pas. Contre les garçons populaires que tout le monde appréciait. Contre les professeurs qui me mettaient à l’écart. Contre la France qui ne voulait pas de moi, tant et si bien qu’à la fin, moi non plus je ne voulais plus d’elle. Je considère depuis ma carte d’identité française comme une carte orange, qui facilite mon passage aux frontières et réduit les délais d’attente à l’aéroport. Ni plus, ni moins (6). Ce rejet de la citoyenneté, cette haine envers la France et ses symboles qu'il eut l'occasion d'exprimer à maintes reprises, n'est pas un phénomène isolé. Je l'ai personnellement souvent entendu et constaté depuis les années 1990.

Lutter contre le FN suppose de lutter aussi contre le CCIF. Car en acceptant l'un on développe l'autre et inversement.

Une partie des français issus de l'immigration préfère répondre au racisme par une affirmation encore plus forte de leur attachement à la patrie et à la citoyenneté française, en revendiquant les valeurs républicaines et le droit à l'indifférence. Une autre partie a choisi le chemin facile du rejet et de la haine, en allant dans le sens des discriminations par l'affirmation de leur différence à travers l'affichage et la politisation de sa foi qu'elle désire la plus rétrograde possible. Je suis dans la première catégorie. Marwan Muhammad est dans la deuxième. C'est cela qui a permis à l'islamisme de s'ancrer, la religion étant devenue le vecteur central de l'affirmation d'une identité autre. Les intégristes n'avaient plus qu'à semer les graines pour cueillir facilement la récolte plus tard. Marwan Muhammad en est un des fruits les plus réussis. Et à son tour, il sème les graines pour la prochaine récolte.

Cette façon de se percevoir et de voir le monde est, d'après moi, une bombe à retardement. Si nous n'agissons pas dès maintenant, si nous continuons à être complaisants envers les islamistes pour les uns et dans le rejet des musulmans sans distinction pour les autres, un avenir sombre attend notre pays.

Le double discours du CCIF, typique de l'islamisme politique

La vision de Marwan Muhammad concernant la citoyenneté rejoint celle de Houria Bouteldja. Alors rien d'étonnant à ce que le CCIF et le PIR soient si convergents dans leurs luttes. Voilà pour la crise d'urticaire que lui cause la France. Mais comme à son habitude, et comme je l'ai évoqué dans la partie précédente, s'il rejette sa citoyenneté et que notre pays lui donne des boutons, c'est toujours à nous qu'il passe de la pommade. Tous les islamistes fréristes le font. Ainsi, lorsqu'il fait des déclarations choquantes, haineuses et racistes face à ses fidèles, il en fait d'autres très consensuelles aux médias. Lorsqu'il tweete des propos haineux, il tweetera quelques temps après des propos d'apaisement. Lorsqu'il tient des meetings politiques dans des mosquées, il réaffirmera dans la foulée que le CCIF est apolitique et qu'il défend la laïcité. Lorsqu'il s'appuie sur des versets du coran pour justifier son idéologie totalitaire, il répétera ailleurs à qui veut l'entendre que le CCIF est areligieux et qu'il ne se prononce jamais sur les questions théologiques. Etc. Ainsi, lorsqu'il écrivit ce genre de pensées dans ce livre, le CCIF avait, en 2012, lancé une campagne nationale, "Nous sommes la nation", pour les raisons officielles suivantes : Refusant la victimisation et convaincu que seul le dialogue le plus ouvert et le plus serein permettra de dépasser cette situation en constante aggravation, le CCIF lance la première campagne nationale contre l’islamophobie. Cette campagne vise à dénoncer les préjugés, les attitudes islamophobes et les discours stigmatisants qui divisent les citoyens plutôt que de les rassembler (7). Toutes les contradictions et l'hypocrisie du CCIF sont réunies dans cette campagne. Le CCIF souhaite refaçonner la "nation" à l'image de son idéologie en usant de la carotte et du bâton : caresser les français dans le sens du poil tout en les culpabilisant par ses fameux discours victimaires et "l'islamophobie". Il affirme "refuser la victimisation" alors que toute sa stratégie repose sur elle. Il prône un "dialogue ouvert et serein" alors que cette association est très agressive vis-à-vis de ses adversaires, surtout vis-à-vis des musulmans progressistes qui seraient des "néo-harkis". Il évoque la division entre "les citoyens plutôt que de les rassembler" alors que, comme je l'ai dévoilé dans tous mes articles, de nombreuses déclarations du CCIF n'ont de cesse de vouloir cliver et fracturer la société française. Car leur "rassemblement" ne peut se faire qu'autour de l'acceptation et de notre adaptation à leur extrémisme. De plus, comme démontré plus haut, le directeur du CCIF ne se considère pas vraiment comme citoyen français. Le rejet de la France au profit de la Oumma en prônant officiellement le "vivre ensemble" par la citoyenneté : nous retrouvons là encore la façade Aristide Briand pour une arrière-cour Hassan Al-Banna.

Les déclarations sincères d'Erdogan, de Y. Al-Qaradhawi ou de M. Muhammad sont le vrai visage des islamistes. Vous ne pourrez plus dire que vous ne saviez pas.

C'est pour cela qu'il est fondamental de chercher à connaitre les sources théologiques et politiques des islamistes. Nous ne pouvons pas nous contenter d’affirmer verbalement la laïcité, de bien en maitriser le concept, pour se donner bonne conscience. Cela ne suffit pas. Car on ne peut combattre l’intégrisme musulman sans en analyser les racines idéologiques et leur vision du monde. Il faut bien comprendre que nous ne mettons pas les mêmes définitions derrière les mêmes mots. Les islamistes emploient notre vocabulaire pour nous endormir. Beaucoup aujourd'hui sont même sincères et croient connaitre les bonnes définitions. Mais quand nous entrons dans les détails, dans le concret, on s'aperçoit que le gouffre est énorme. Il y a les définitions "Petit Robert" des mots comme "Respect", "laïcité", "vivre ensemble" ou "liberté". Et il y a les définitions islamistes. J'ai également pu noter que le CCIF et les autres islamistes emploient peu ou pas du tout le mot "égalité", surtout lorsqu'il est question des rapports femme-homme. Ils utilisent "liberté", très rarement "égalité". Quelles sont les déclarations, les discours, où Marwan Muhammad, Youssef Al-Qaradhawi, l'UOIF et autres dans lesquels ils parlent d'"égalité homme-femme" ? Il n'y en a aucun. Tariq Ramadan parle de "relation homme-femme selon les préceptes de l'islam", de "complémentarité dont l'islam permet à la femme de remplir son rôle selon ses caractéristiques physiques et psychiques qui lui sont propres". Un discours "ramadanien" de rejet de l'égalité des sexes au profit de la complémentarité islamiste au nom des différences biologiques. Argument habituel des intégristes de toutes les religions et machos de tout poil. Même l'association Lallab, qui se prétend "féministe", utilise rarement "égalité" car elle ne réussit pas à s'émanciper de la doctrine frériste. Et lorsqu’elle l’utilise, c’est encore une fois à travers une définition islamiste. Alors pourquoi préférer le terme de "liberté" ? Parce que l'égalité rejette la servitude. La liberté peut l'inclure. Ils préfèrent donc "liberté" et "complémentarité". Pour eux, une femme doit avoir la "liberté" de se voiler. Après un conditionnement qui peut durer des années à travers des prêches, des conférences, des livres, des vidéos, des sites internet, des discussions tous plus culpabilisants les uns que les autres, ces musulmanes en viennent "librement" à "choisir" de cacher sous un voile leur corps honteux et sexuellement dangereux pour la libido des islamistes. C'est ce que propose le CCIF, dont le directeur a rappelé ce qu'est une "bonne musulmane vertueuse qui a de la pudeur". Ce que La Boétie appelait la "servitude volontaire" en politique, s'applique encore plus ici. L'égalité rendrait le voile caduque. La "liberté" lui laisse le champ libre. C'est pour cela que le premier terme ne fait pas partie de leurs éléments de langage, contrairement au second. L'égalité amènerait aussi un traitement égal entre tous les musulmans. Ce que les islamistes rejettent. Les musulmans progressistes sont considérés comme des traitres. Pour les personnes athées de culture musulmane, c'est encore pire. Quant au reste du monde, ils estiment être supérieurs. L'égalité leur est donc inconcevable. En revanche, de leur point de vue, on doit avoir la liberté de se convertir à l'islam, la liberté d'être rigoriste, la liberté d'utiliser tous les moyens qu'offre la démocratie pour tenter de s'imposer. Alors que l'égalité voudrait qu'il y ait aussi la réciprocité, telle que la possibilité pour un musulman de quitter l'islam. Ce qui, pour un islamiste, est aussi inconcevable. Je l'ai démontré dans la 3ème partie de cet article à propos de la laïcité.

Malgré l’accusation "d’islamophobie" brandie par les islamistes et soutenue aveuglément par une partie des intellectuels et des féministes, qui n'a pas d'autres buts que de nous empêcher de faire ce travail nécessaire, je l’ai fait tout au long des cinq parties de cet article, ainsi qu’avec mes articles précédents. Et je le ferai encore avec ceux à venir. Si j’ai pu les écrire et pourrai en écrire d’autres, c’est parce que je suis en France. Un pays démocratique et laïque. Si nous vivions dans une société telle que rêvée par les islamistes, avec leur définition des "valeurs républicaines" et du "vivre ensemble", Edwy Plenel, Christine Delphy ou Clémentine Autain pourraient certes s’exprimer. Mais je n’aurais jamais pu écrire ces textes. Caroline Fourest, Fatiha Boutaldjat, Mohamed Louizi, Élisabeth Badinter, Amine El Katmi, Mohamed Sifaoui, moi et tant d’autres, chacun dans son domaine et avec ses différences, le ferions au péril de notre liberté, voire au péril de notre vie. Comme c’est le cas pour Kamel Daoud ou Tasmliman Nasreen.

Pour certains musulmans, l’islam est la solution. Ce qui n'est déjà pas bon signe. Mais l’obscurantisme grandissant au sein de l’islam et les multiples confusions entretenues par leurs soutiens font dire à de plus en plus de non-musulmans que l’islam est le problème. Personnellement, je m’y refuse. L’intégrisme musulman n’est pas une religion. A nous de démontrer que le problème est l’islamisme, cette nouvelle extrême droite dont le CCIF est le fleuron.

Le CCIF, fleuron de la nouvelle extrême droite française (1ère partie)

Le CCIF, fleuron de la nouvelle extrême droite française (2ème partie)

Le CCIF, fleuron de la nouvelle extrême droite française (3ème partie)

Le CCIF, fleuron de la nouvelle extrême droite française (4ème partie) 

(1) Madjid n'est pas Charlie
(2) Censure au conseil municipal de Bagnolet
(3) Youssef Brakni : Assemblée publique du Printemps des quartiers
(4) Youssef Al-Qaradhawi, le voile et les femmes : un théologien “modéré” ?
(5) Youcef Brakni du GAB est attaqué en justice pour avoir dénoncé les propos islamophobes d'une élue (passage concerné à 13,40 minutes)
(6) Marwan Muhammad, Foul Express, Editions Sentinelles, 2014, p. 123.
(7) Nous Sommes La Nation

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