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Naëm Bestandji

Féminisme / Universalisme / Laïcité

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Le CCIF fait volte-face : il saisit le Conseil d'État

Par Naëm Bestandji . Publié le 05 Décembre 2020 à 12h00

Communiqué de presse de Sefen Guez Guez, avocat du CCIF, 4 décembre 2020

Le décret de dissolution du CCIF a été publié le 2 décembre 2020. L'association s'était auto-dissoute plusieurs jours auparavant, et avait déclaré s'être exilée à l'étranger, pour devancer la dissolution administrative lancée par le ministère de l'Intérieur. Mais le 4 décembre 2020, le CCIF fait volte-face. Tout n'est donc pas terminé. Il saisit le Conseil d'État pour contester sa dissolution administrative. Il en a le droit. Sa démarche, du point de vue juridique, est légitime. Sa démarche, du point de vue politique, est habile.

Le CCIF saisit le Conseil d'État

Le CCIF saisit le Conseil d'État

La victimisation est le coeur de la stratégie politique de l'islamisme en France

Depuis sa création, il souhaite faire croire à une persécution des musulmans en France. Le terme "islamophobie" vise à fusionner les atteintes à l'islam (légales) avec les actes et propos antimusulmans (illégaux). Les seconds sont instrumentalisés pour tenter de faire du premier un délit. Considérant sa radicalité comme étant l'islam tout court, et les militants islamistes comme de simples musulmans pieux, toute critique de l'islamisme et toute opposition aux islamistes sont incluses dans "l'islamophobie". Ses fausses "statistiques" viennent appuyer sa stratégie victimaire pour montrer par des "faits" la réalité construite par l'association. C'est par cette victimisation que l'islamisme politique compte faire progresser son idéologie. C'est par cette approche qu'il compte trouver des soutiens parmi la population, les associations et des partis politiques non musulmans, pour faire progresser son extrémisme religieux. Et ça marche. Et c'est également par cela qu'il est le premier acteur de la création d'un sentiment de persécution, d'un climat clivant, anxiogène et communautariste auprès de nombreux musulmans. C'est ce climat qui a mené à la décapitation de Samuel Paty.

C'est par cette victimisation que l'islamisme politique compte faire progresser son idéologie.

Après avoir été dissout par le ministère de l'Intérieur, le Conseil d'État cassera cette dissolution qui ne visait qu'à s'en prendre aux musulmans par le bras armé de l'islamophobie d'État : le CCIF compte sur ce processus et ce récit car, dans ces conditions, ce sera la plus belle opération de victimisation de toute son histoire. Il en sortira grandi par son étiquette de victime d'un État raciste (puisque l'islam serait une race), martyr qui aura su triompher de l'injustice faite aux musulmans.

L'ensemble des musulmans sert de bouclier politique pour protéger le CCIF

Le communiqué du CCIF annonçant la saisine du Conseil d'État et un entretien accordé au Bondy Blog par l'avocat de l'association (1) montrent encore que le CCIF reste le roi de la rhétorique d'inversion et de l'instrumentalisation de la démocratie pour mieux la saper de l'intérieur. Tout d'abord, l'avocat déclare au Bondy Blog que "dissoudre le CCIF, est une décision politique, on reproche en fait aux musulmans de s’être auto-organisés et de se défendre individuellement sans dépendre d’autrui."
Une nouvelle fois, les islamistes du CCIF s'autoproclament représentants et défenseurs de l'ensemble des musulmans. Cela vise à essentialiser tous les musulmans à l'interprétation extrémiste de l'islam faite par le CCIF. Cela vise également à se servir des musulmans comme bouclier politique : si on s'en prend aux islamistes, on s'en prend à tous les musulmans. Ces deux aspects sont un tour de passe-passe classique de l'islamisme politique. Par ailleurs, si le CCIF a toujours défendu les radicaux, il n'a jamais défendu les musulmans qui ne lui conviennent pas. Pire encore, par ses propos anti musulmans à l'encontre des musulmans progressistes ("néo harkis", "islam du réverbère" pour rabaisser l'islam dit "des Lumières", "islam de la serpillière"), le CCIF est l'association la plus "islamophobe" (dans le vrai sens du terme, c’est-à-dire la peur de l'islam qui ne lui convient pas) et antimusulmane de France.

Essentialiser tous les musulmans à l'interprétation extrémiste de l'islam faite par le CCIF.

Le CCIF instrumentalise la défense des droits humains pour mieux les annihiler

Mais la rhétorique du CCIF ne s'arrête pas là. Comme je l'ai souvent écrit, cette association a fait de la taqya (dissimulation de ses intentions religieuses) et de la rhétorique d'inversion un art, du travail d'orfèvre. Il sait présenter une vitrine rutilante pour dissimuler la réalité de son arrière-cour. Ainsi, il ne se réfugie pas seulement derrière l'ensemble des musulmans. Il veut aussi se fondre dans les associations de défense des droits humains. C'est le cas depuis sa création, jusque dans son nom. Cette association religieuse et politique se nomme officiellement "Association de défense des droits de l'Homme-Collectif contre l'Islamophobie en France (CCIF)". Se présenter comme défenseur des droits humains pour mieux les instrumentaliser et les annihiler par le développement de son idéologie raciste et totalitaire, c'est du grand art. Le CCIF reprend cette présentation dans son communiqué : en s'en prenant au CCIF, "ce sont tous les défenseurs des droits humains qui sont visés". Sur le Bondy Blog, son avocat exploite à fond la rhétorique d'inversion en se présentant comme défenseur de la démocratie. Il se met encore au même niveau que des ONG qui défendent les droits humains : "le CCIF fait partie avec la ligue des droits de l’Homme, Human Rights Watch ou Amnesty International, des chiens de garde de la démocratie."

Plus c'est gros, plus ça passe. Ça passe si bien que le CCIF a reçu le soutien de nombre de ces ONG et, comme toujours, d'une partie de la gauche. Le cordon sanitaire pour protéger l'islamisme politique est plus solide que jamais.

L'épilogue (provisoire) est entre les mains du Conseil d'État. L'édification du CCIF en victime persécutée mais victorieuse ou martyr en exil à l'étranger dépendra de sa décision.

(1) « C’est la manifestation la plus claire de l’islamophobie d’État », pour l’avocat du CCIF

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