Madjid Messaoudene est un élu de la ville de Saint-Denis, adhérent du CCIF et partenaire régulier de l'islamisme politique. Il a déposé plainte contre moi pour diffamation. Je viens d'être mis en examen (c'est automatique dans ce type d'affaires, peu importe que la plainte soit crédible ou pas). Cette procédure juridique est un procès politique pour tenter de me faire taire.
Madjid Messaoudene est l'archétype de ces personnes de gauche qui ont abandonné les valeurs historiques de la gauche pour s'allier avec l'extrême droite musulmane. Sans ces personnes qui leur ouvrent le chemin, le communautarisme et l'islamisme progresseraient moins facilement. Il est donc un défenseur du sexisme du voile, souhaite l'abrogation de la loi de 2004 car elle empêche le "libre choix" du voilement (et donc la sexualisation du corps et l'embrigadement) des fillettes à l'école. Il est un des plus fervents promoteurs de l'établissement d'un délit de blasphème spécifique à l'islam par le terme "islamophobie" (il estime n'avoir aucun problème avec la critique de l'islam... sauf quand on critique l'islam(isme) car ce serait une attaque contre les musulmans). Il est un des initiateurs de l'appel contre "l'islamophobie" publié dans Libération et de la manifestation contre "l'islamophobie" du 10 novembre 2019, en partenariat avec l'UNEF, le NPA et des islamistes (CCIF, plateforme "Les Musulmans", le salafiste Nader Abou Anas, etc.).
J'ai régulièrement dénoncé ses positions que je considère comme dangereuses pour les femmes, pour la laïcité et pour l'universalisme en général. Mes écrits ont toujours été sur le terrain argumentaire du féminisme et de l'analyse politique. Il y a rarement répondu. Il a parfois essayé. Mais, n'étant pas au niveau, soit il confirmait ce que je disais sans s'en apercevoir (notamment que le CCIF est d'extrême droite) ou bien il répondait par une de ses formules puériles habituelles : "ouin ouin"…
Politiquement perdu au point de pactiser avec des adversaires de toujours de la gauche (l'intégrisme religieux), incapable de participer à un débat politique, de défendre ses incohérences et contradictions, il utilise aujourd'hui ce qu'il peut pour tenter de me faire taire : la justice.
Le 18 mars 2019, une réunion publique sur le thème "lutter contre les violences envers les femmes au quotidien" fut organisée à Saint Denis. Tariq Ramadan était venu y assister et s'était installé parmi les auditeurs. Mis en examen pour de multiples viols supposés, sa présence choqua les personnes présentes et, plus largement, sur les réseaux sociaux. En tant qu'élu à l'égalité homme-femme et un des organisateurs de cette soirée, Madjid Messaoudene était présent. Si prompt à réagir dans l'instant, souvent avec énergie, face à des personnes qui critiquent l'islamisme et le sexisme du voile, il est très actif sur les réseaux sociaux. Mais ce soir-là, face à l'émoi suscité par la présence de Tariq Ramadan, il ne réagit pas. Cette attitude différente fut pointée du doigt par nombre de twittos. Il aura fallu attendre le lendemain pour qu'il réagisse, sans doute sous la pression de l'avalanche de reproches, en partageant seulement le communiqué de presse de la mairie. Service minimum.
C'est cela que j'ai pointé dans un tweet et une publication Facebook capturée dans ce tweet, en m'appuyant sur les faits. C'est cela qu'il attaque en diffamation, plus précisément ces passages :
Facebook : "Par contre, Madjid Messaoudene, conseiller municipal délégué à "l'égalité femme/homme, lutte contre les discriminations, égalité des droits", est resté silencieux : aucun tweet, aucune publication Facebook. Comme si cet évènement n'avait jamais eu lieu (…) Il ne condamne toujours pas ni n'éprouve la moindre indignation personnelle à la présence de Tariq Ramadan."
Tweet : "Hier, # Tariqramadan fit "l'honneur" de sa présence à Saint-Denis lors d'une réunion publique sur "lutter contre les violences envers les femmes au quotidien". Son indécence assumée choqua les personnes présentes... sauf l'élu à l'égalité."
Aucune insulte, rien de diffamant ou d'infamant, simplement un constat auquel j'apporte mon opinion. Il y a donc peu de chances que je sois condamné. Mais, pour ces quelques phrases écrites, je vais devoir dépenser plusieurs milliers d'euros en frais d'avocat alors que je n'ai même pas les moyens de me payer le billet de train de Grenoble à Paris pour me rendre au tribunal de Bobigny.
De son côté, Madjid Messaoudene ne dépensera rien ou si peu. En effet, ses frais sont pris en charge par la ville de Saint Denis à travers la "protection fonctionnelle". La mairie participe donc pleinement à cette action, avec l'argent de ses administrés, confirmant ainsi que nous sommes dans un procès politique. Cerise sur le gâteau, Madjid Messaoudene n'aura aucun frais de déplacement puisque le tribunal se situe à moins de 10 km de Saint Denis.
L'aspect totalement politique de cette procédure est parachevé par l'avocat qui représentera le plaignant : Asif Arif. Son domaine juridique est le droit commercial, droit des sociétés, droit immobilier (1). Une spécialité bien éloignée du droit de la presse concerné par la plainte de son client. Leur complicité politique leur semble plus importante que la compétence juridique. En effet, Asif Arif est un de mes adversaires politiques. Religieusement conservateur, il se présente comme défenseur de la laïcité pour mieux la faire évoluer vers un modèle anglo-saxon, seul système qui permette un développement sans entrave de l'intégrisme religieux et de son corollaire sexiste. A plusieurs reprises dans mes articles, j'ai dénoncé son approche du voile (notamment pour les petites filles) et les propos choquants sur les violences conjugales tenus dans une émission religieuse qu'il présentait auparavant. J'ai même mis ces vidéos en ligne sur ma chaîne YouTube. Il n'a jamais réagi à cela. Il le fait aujourd'hui, en représentant en tant qu'avocat Madjid Messaoudene, et dont tous les frais seront pris en charge par la mairie de Saint Denis.
Je ne suis pas la seule personne qu'il attaque en justice. Comme expliqué plus haut, les réactions à la présence de Tariq Ramadan et à l'attitude passive de Madjid Messaoudene ce soir-là furent nombreuses. Il a donc aussi déposé plainte contre Lydia Guirous et Mehdi Aifa. Pourquoi nous et pas d'autres ? Je ne sais pas.
L'absence d'éléments justifiant une quelconque diffamation montre que l'objectif n'est pas tant de gagner le procès que de m'intimider et de me décourager. Mais ils n'y arriveront pas. J'affronterai leur instrumentalisation politique de la justice. Je continuerai à exercer ma liberté d'expression, à écrire, à donner des conférences, pour partager mes analyses et alerter mes concitoyens et nos élus politiques. Pour le féminisme, pour la laïcité, pour l'universalisme, pour la République !
Mise à jour le 17 septembre 2021 :
L'audience a eu lieu le 17 juin 2020 au tribunal de Bobigny. J'étais représenté par mon avocat Richard Malka. Je ne m'y suis pas rendu (Madjid Messaoudene non plus). Voici pourquoi :
Le plaignant estime que mon propos aurait été une atteinte à sa fonction d'élu (ou à sa personne, on ne sait pas vraiment). Sa plainte surréaliste n'avait pour but que le procès politique. C'est d'ailleurs pour ça qu'il s'est attaché les services d'Asif Arif. Le domaine juridique de cet avocat n'a rien à voir avec le droit de la presse. Mais les compétences juridiques font fi des affinités idéologiques. Il est alors arrivé ce qui pouvait arriver : la plainte de M. Messaoudene a été mal rédigée. Elle s’appuie sur l'article 31 de la loi sur la liberté de la presse : diffamation commise (…) à raison de leurs fonctions ou de leur qualité, envers (…) un citoyen chargé d'un service ou d'un mandat public. Mais le tribunal, qui a mal compris la plainte, a signé un réquisitoire (aout 2019) et m’a mis en examen (décembre 2019) au visa de l'article 32 : diffamation commise envers les particuliers.
Durant cette période, et jusqu’à la date de la 1ère audience en février 2021, Asif Arif n’a pas réagi. Il n’a pas relevé cette erreur. Sans doute en raison d’une vision toute aussi confuse que celle du juge d’instruction à la lecture d'une plainte mal rédigée. Résultat, j'ai été mis en examen pour un délit qui ne concerne pas la plainte. De plus, un tribunal n’a aucun pouvoir de requalification en matière de délit de presse. En effet, il résulte de l’article 50 de la loi du 29 juillet 1881 que l’acte initial de poursuite fixe définitivement et irrévocablement la nature et l’étendue de la poursuite quant aux faits et à leur qualification (Richard Malka).
Ainsi, comme je ne sais pas de quoi je suis accusé, je ne peux pas me défendre. Il y a donc un vice de procédure.
Surpris de la découverte de cette faille par mon avocat, lors de l'audience de février dernier, la partie adverse demanda un report. L'audience du 17 juin n'a donc pas porté sur le fond du dossier mais uniquement sur la forme (comment aborder le fond sans savoir pourquoi je suis attaqué ?). La partie adverse n'a pas su mieux s'expliquer qu’en février.
Ainsi, le ridicule des justifications de cette plainte n’a d'égal que la légèreté de son avocat. Résultat : le tribunal de Bobigny a prononcé, le 17 septembre 2021, la nullité de la procédure et a mis fin aux poursuites. La même décision a été rendue en ce qui concerne Lydia Guirous et Mehdi Aïfa.
Grâce à la protection fonctionnelle octroyée par la mairie, Madjid Messaoudene a pu financer son procès politique sans dépenser un sou. Est-ce pour cela que son avocat et lui ont mené cette plainte aux mauvaises intentions juridiques avec tant de légereté ? Les dyonisiens seront ravis d'en être informés.
(1) cabinet-arif.com