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Naëm Bestandji

Féminisme / Universalisme / Laïcité

dossiers - Compromission et relativisme politique - Croix Rouge

La Croix Rouge promeut l’islamisme par le sexisme du voile

Par Naëm Bestandji . Publié le 17 Juin 2022 à 12h25

Image extraite du compte Twitter de la Croix Rouge. Lien : https://twitter.com/CroixRouge/status/1536695470474637313

Face à la canicule annoncée, la Croix-Rouge a lancé, sur les réseaux sociaux, une campagne de sensibilisation pour correctement se protéger des fortes chaleurs. La première image pédagogique indique un message simple : pour se protéger de la canicule, il faut de l’eau, de l’ombre et du repos. La phrase d’accroche est claire et efficace : "Ensemble, adoptons les bons réflexes afin de se protéger et protéger nos proches pendant la canicule ! #BeatTheHeat [battre la chaleur]".

Une affiche qui part en vrille sexiste et orientaliste

Pour illustrer le repos, un homme est allongé. Ses yeux sont clos, ses avant-bras et sa tête sont nus. L’ombre est représentée par une femme qui tient une ombrelle. Elle porte une robe légère. Sa tête, sa gorge, ses bras et une grande partie de ses jambes sont nus. Tout cela est cohérent avec le message. Toutefois, cette femme a une particularité : elle n’a ni yeux ni nez.

Le message se brouille davantage face à la représentation de l’hydratation : une femme voilée buvant de l’eau. Contrairement à "l’indécente" femme sous son ombrelle, les sourcils, les yeux et le nez de la femme voilée sont parfaitement représentés. Le dessin apporte une précision supplémentaire pour être fidèle à la réalité : quelques gouttes de sueur perlent sur la joue de cette femme. En effet, dans sa forme, sa matière et la manière dont il est posé, le voile n’est non seulement pas adapté à la protection de la chaleur, mais au contraire contribue à l’accentuer. Se couvrir ainsi augmente la température du corps.

Canicule, la Croix-Rouge publie un tweet sexiste

Dans une autre affiche sur les "premiers secours en cas d’épuisement par la chaleur", la Croix-Rouge indique d’ailleurs qu’il faut "couvrir la personne d’un linge humide". Un linge humide, en général une serviette, est posé sur le front voire aussi sur la tête pour faire baisser la température. Il ne recouvre pas l’intégralité de la tête, des oreilles, du cou jusqu’aux épaules comme le voile. De plus, contrairement au voile et comme précisé par la Croix-Rouge, le linge doit être humide. Quelle est la seule source liquide du voile ? La sueur de sa porteuse.

L’affiche ne conseille donc pas aux femmes voilées d’user de bon sens en retirant leur voile pour aérer leur tête. Par "respect" (ce fameux "respect" conceptualisé par les hommes islamistes), la Croix-Rouge leur propose de garder leur voile et de s’hydrater. Une hydratation bien plus importante que celle des hommes pour compenser le couvrement "pudique" dont les hommes sont dispensés. Voilà comment la santé des femmes et la lutte contre les effets de la canicule passent après une morale patriarcale d’un autre âge.

Mon livre, "Le linceul du féminisme-Caresser l'islamisme dans le sens du voile", alerte déjà sur l'incompatibilité entre voile et forte chaleur

Face aux critiques contre le voile en général, j’explique dans mon livre la rhétorique adoptée par les islamistes et leurs alliés. Ils usent de comparaisons hors sujet pour relativiser la signification sexiste et patriarcale du voilement des femmes. Ces comparaisons servent aussi à faire diversion pour s’attarder sur ce qui lui est comparé plutôt que sur le voile lui-même. Nous avons donc régulièrement droit aux fausses comparaisons du voile islamiste avec celui des nonnes, avec la mini-jupe, etc. Cela va même jusqu’à comparer le voile avec un sac à main ou un serre-tête. Pour le cas de cette affiche de prévention contre la canicule, quelle fausse comparaison a été appelée à la rescousse ?... Le chèche des Touaregs. Il est porté par les hommes qui "l'enroulent sur la tête et le visage, pour se protéger du soleil, du vent sec du désert" et du sable. Cet accessoire indispensable à ces conditions climatiques est retiré dès que les conditions le permettent, notamment en intérieur, peu importe la présence ou non de personnes du sexe opposé. La façon dont le chèche est enroulé, sa matière et sa fonction n’ont donc rien à voir avec le voile. Contrairement aux Touaregs, le voile est porté en permanence s’il y a "risque" de croiser un homme étranger à la famille, peu importe l’activité et la météo. Les raisons ne sont pas pratiques mais morales, sexistes et patriarcales. Les conséquences de son port sont même inverses à celles du chèche. Dans mon livre, j’avais justement relaté un évènement vécu. Ce passage explique le choix du dessin de la Croix-Rouge, jusque dans le titre du chapitre que j’avais choisi, dont voici le résumé :

"Celle qui s’exhibe n’aura qu’une demeure, l’Enfer"

Un après-midi d’été, je croise la route d’une femme voilée et de son fils adolescent. Il porte un tee-shirt et un bermuda. Comme tous les hommes, il n’a pas fait et ne fera jamais le "libre choix" de se voiler. Sa tenue est adaptée à la météo, pour protéger son bien-être et sa santé. La tenue de sa mère est adaptée à la morale sexiste de l’islamisme qui fait fi de ces "détails". Le discours des intégristes, pour jouer sur la peur des hommes ici-bas et de l’Enfer dans l’au-delà, est bien calibré. Le simple fait de la voir couverte ainsi me donne un coup de chaleur. C’est justement ce qui va lui arriver. Elle s’écroule presque devant moi. Désemparé, paniqué, son fils ne sait quoi faire. Je me précipite pour la secourir. Je demande au garçon d’appeler les pompiers et de me passer le téléphone pendant que je me penche sur sa mère pour lui porter secours. Mais j’ai un moment d’hésitation. Mes gestes réflexes sont freinés par la morale, une forme de respect mal placé, car je sais l’importance de l’occultation de la tête et du corps pour les femmes voilées. Il me faut quelques secondes pour me ressaisir. Je dénoue enfin son voile. Ses cheveux et sa gorge baignent dans une chaude mare de sueur. Je la bascule en position latérale de sécurité. En attendant l’arrivée des pompiers, je demande aux badauds de m’apporter de l’eau pour hydrater la victime.

Tel est l’endoctrinement, au point de mettre sa santé en péril pour se conformer à une "pudeur" créée et définie par des hommes. Un endoctrinement renommé par certains et certaines le "libre choix". Si un véritable choix était proposé, cette femme ne se serait jamais effondrée. Mais gagner sa place au Paradis, promis par les prescripteurs du voile qui eux ne s’écrouleront jamais parce qu’ils sont trop couverts, vaut bien un malaise. Voilà pourquoi des musulmanes préfèrent étouffer sous leur voile pendant leur activité sportive ou l’été pendant que les hommes de leur entourage profitent des bienfaits du soleil et de la baignade. Voilà pourquoi des femmes sont dans l’incapacité psychologique de retirer leur voile pour quelques heures de leur travail ou pour accompagner une sortie scolaire. Voilà pourquoi une femme s’écroule sous le poids brûlant de son voile en pleine chaleur d’un après-midi d’été. Voilà à quoi se conforme le message de la Croix-Rouge qui instrumentalise le sujet de la canicule pour participer à la promotion de l'islamisme, à travers la banalisation du sexisme du voilement des femmes.

La réponse de la Croix-Rouge

Face au tollé, l’association humanitaire a réagi. Selon elle, cette affiche "est issue d’une série de publications mise à disposition dans le cadre d’une campagne mondiale de notre Fédération internationale, destinée à tous les pays et représentant la diversité des populations et l’inconditionnalité d’accompagnement de toutes et tous et en particulier des plus vulnérables. La Croix-Rouge française, à travers ses principes fondateurs d’humanité, d’universalité et d'impartialité, s'attache à protéger toutes les personnes qui en ont besoin sans distinction de nationalité, de sexe, d’âge, de religion, de condition sociale et d'appartenance politique". Elle précise enfin qu’elle ne fait pas "de prosélytisme, ni de politique". (1)

Pourtant, cette affiche n’a rien d’universaliste puisque, à travers le voile, elle discrimine une partie de l’humanité en raison de son sexe. Elle considère aussi que les "femmes musulmanes" doivent avoir un traitement différent et moins efficace que les autres femmes. Cette affiche n’a rien d’impartial non plus, ne protège pas toutes les personnes et fait bien du prosélytisme. En effet, elle rend identifiable une seule "religion" (qui n’est autre qu’un extrémisme religieux). Aucun moine, aucun juif orthodoxe, aucun sikh n’est par exemple représenté. Pourquoi ? Parce que la motivation est sexiste et patriarcale (la femme "musulmane" ne doit jamais oublier quelle est sa place subalterne, quitte à ce que cela nuise à sa santé) à travers l’image orientaliste de la "femme musulmane" forcément voilée. C’est typiquement le genre d’affiches qu'auraient pu produire les Frères musulmans. La Croix-Rouge s’y conforme.

Comme l’UNICEF (2) et d’autres ONG en leur temps, la Croix-Rouge se fait à son tour le relais marketing de l’islamisme politique à travers la banalisation du sexisme du voile. Loin de "battre la chaleur", elle bat en brèche la lutte contre l’inégalité des sexes. La possible ignorance de l’association n’est pas une excuse. La santé de chaque être humain est précieuse. Elle est plus importante que tout, y compris le "respect" envers le patriarcat islamiste. Un élément que la Croix-Rouge a oublié en raison de sa condescendance "inclusive". Cela est particulièrement grave pour l’association humanitaire la plus célèbre au monde.

(1) Femme voilée sur une affiche de sensibilisation à la canicule : la Croix-Rouge répond
(2) Efficacité de l’islamisme : la campagne sexiste et patriarcale de l’UNICEF

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