La France Insoumise, partenaire de l’islamisme politique et de son corollaire sexiste et patriarcal, se dresse à nouveau en premier défenseur de l’extrême droite musulmane. À la manière de cette idéologie totalitaire qu’est l’islamisme, LFI instrumentalise le corps des femmes, et ici des jeunes filles, pour en faire un porte-étendard politique, aujourd’hui avec l’abaya. Comme l’islamisme politique, elle use de la rhétorique d’inversion : ce ne sont pas les islamistes et leur injonction à cacher le corps des femmes qui sont sexistes, mais l’État et les opposants à l’islamisme qui veulent protéger la liberté de conscience et l’égalité des sexes. Ce n’est plus une instrumentalisation du corps des femmes par les islamistes, mais une attaque contre le corps des femmes de la part de féministes et de défenseurs de la laïcité. Ce ne sont plus des offensives menées par des élèves musulmanes fanatisées par des prédicateurs hommes (aucune offensive d’une telle ampleur n’est menée par les croyants d’autres religions), mais un ciblage des « musulmans » par l’État. Bref, la rhétorique d’inversion dans sa forme la plus pure.
Qu’un parti politique de gauche s’appuie et reprenne l’avis d’un organe religieux pour définir son opinion et sa position politique est surréaliste.
Ne sachant plus où est sa gauche (sa boussole s’est brisée depuis qu’elle a abandonné la lutte des classes pour la lutte des races et la visibilité islamiste), LFI s’appuie sur une déclaration du CFCM (Conseil français du culte musulman) pour tenter de défendre l’indéfendable. Qu’un parti politique de gauche s’appuie et reprenne l’avis d’un organe religieux pour définir son opinion et sa position politique est surréaliste. Mal lui en a pris. Citer des dizaines de fois le CFCM, comme autant d’incantations qu’un fanatique chrétien qui en appelle à l’Église, n’a fait que creuser un peu plus la tombe politique de LFI.
Dans son communiqué du 28 août 2023, qui renvoie également à celui du 11 juin précédent, le CFCM affirme avec force que « la abaya n’est pas un vêtement religieux. Aucun texte référentiel de l’islam n’évoque une quelconque « abaya » ». Un vêtement non religieux, donc, pour lequel le CFCM termine son communiqué en faisant référence aux débats de 1905 sur l’interdiction ou non du port de la soutane dans l’espace public « qui prend aujourd’hui tout son sens ». L’abaya ne serait donc pas religieuse… mais comparable à la soutane.
« Il réaffirme que la pratique religieuse, quelle qu'elle soit, n'est pas un produit d'exposition ou un objet de publicité, ni un étendard ou un slogan de manifestations. […] Le CFCM qui n'a pas vocation à défendre le port d'un vêtement en particulier, a le devoir impératif de réfuter tout lien erroné entre le port d'un vêtement et la pratique religieuse musulmane. »
Le CFCM a parfaitement raison. Pourtant, concernant le voile, ce même CFCM s'est officiellement positionné en 2019 en affirmant qu’il est une prescription religieuse. Il a ainsi « défendu le port d'un vêtement en particulier » et créé un « lien erroné entre le port d'un vêtement et la pratique religieuse musulmane », en totale contradiction avec sa déclaration de 2023. Le voile n’est pas plus mentionné dans le Coran que l’abaya. En effet, si certaines traductions dans diverses langues ont rajouté le mot « voile », par commodité linguistique ou idéologie, la version originale en arabe n’en mentionne aucun. Le Coran recommande aux femmes de cacher leur nudité ('awra). Toute la question est donc de définir ce que serait cette « nudité », dont les hommes sont largement dispensés (il leur est uniquement demandé de cacher la zone qui va du nombril aux genoux). Les islamistes s’engouffrent dans ce flou pour affirmer que tout est « nudité » chez la femme. Même si le Coran ne mentionne aucune partie précise du corps, aucune tête, aucun visage ni la moindre mèche de cheveux. Seule l’échancrure du vêtement au niveau de la poitrine est indiquée.
Cacher la « nudité » de la femme, donc la dissimuler entièrement sous un voile et une abaya ou autre djlebab selon les islamistes, n’est pas un objectif spirituel. Le but est, pour cette culture patriarcale qui régissait les tribus d’Arabie, de « protéger la femme de l’offense », comme indiqué dans le Coran, en cachant une imprécise « nudité », sans prescrire de vêtements particuliers autres qu’une vague mante et une étoffe. Un pull et un pantalon large feraient donc, par exemple, parfaitement l’affaire. Mais les islamistes sont d’abord des obsédés sexuels et considèrent que seul le patriarcat permet d’apaiser leurs ardeurs. D’où leur désir de cacher totalement la femme pour ne pas qu’elle les excite. Ils sont ensuite des ultra-identitaires qui militent pour une idéologie totalitaire. Le voile, comme le djelbab et l’abaya aujourd’hui pour nombre d’islamistes, sont des armes politiques pour mener la da'wa (le prosélytisme). Ils ne s’en cachent pas. Ils le martèlent dans toutes les langues. Le voile et l’abaya sont bien des supports publicitaires. Pourtant, le CFCM ne reconnait pas l’un mais valide l’autre, tout en affirmant que « la pratique religieuse, quelle qu'elle soit, n'est pas un produit d'exposition ou un objet de publicité, ni un étendard ou un slogan de manifestations » et en affirmant réfuter « tout lien erroné entre le port d'un vêtement et la pratique religieuse musulmane ».
les islamistes sont d’abord des obsédés sexuels et considèrent que seul le patriarcat permet d’apaiser leurs ardeurs.
Et même si le voile et l’abaya étaient des prescriptions religieuses, rien ne peut justifier le sexisme et le patriarcat, rien du tout. Pas même une religion et encore moins des hommes qui prétendent parler en son nom. Que des femmes, endoctrinées par des hommes, consentent à s’y soumettre et les défendent ne change pas la nature misogyne et, aujourd’hui, politique de ces vêtements.
Au-delà de sa contradiction théologique, le CFCM n’est pas une autorité religieuse comme LFI se gargarise à le marteler. Il n’a pas été créé pour cela. Tout d’abord, une « autorité religieuse » ne s’enregistre pas en association laïque régie par la loi de 1901. Le CFCM est bien une association régie par cette loi (et non celle de 1905 qui concerne les associations cultuelles). De plus, elle est placée sous l’égide du Ministère de l’Intérieur. Son but est d’organiser le culte musulman en France et d'être un interlocuteur des pouvoirs publics.
Et pour cause : il n’existe pas de clergé dans l’islam sunnite, donc aucune autorité « religieusement licite ». Mais les religions sont comme la nature : il ne peut pas y avoir de vide. Qui a la prétention de le combler ? Les plus extrémistes car les plus motivés. Le CFCM n’est donc reconnu que par lui-même, à l’instar de la Grande mosquée de Paris (qui a d'ailleurs quitté le CFCM) reconnue elle aussi par les musulmans qui veulent bien s’y reconnaitre. Combien d’élèves musulmans écoutent le CFCM ? Aucun. Beaucoup n’en ont même jamais entendu parler. Par contre, grâce à une efficace propagande menée depuis des décennies, les « autorités religieuses » reconnues par un nombre croissant de musulmans sont celles des Frères musulmans et des salafistes.
Les structures islamistes nationales et internationales qui ont pignon sur rue sont nombreuses, comme le CEFR (Conseil Européen de la Fatwa et de Recherche) des Frères musulmans par exemple. Mais ceux qui font autorité auprès des jeunes sont ailleurs : sur les réseaux sociaux. Si personne n’écoute le CFCM, des dizaines de milliers de jeunes musulmans Français boivent les paroles de prédicateurs salafistes et Frères musulmans 2.0. Eux, affirment bien que l’abaya est un vêtement religieux et qu’il faut contraindre l’école à l’accepter. Pour nombre de musulmans, leur autorité religieuse est bien plus légitime que le CFCM. Quitte à suivre l’avis de religieux pour déterminer sa position politique, c’est donc eux que LFI devrait écouter. Selon les prédicateurs islamistes, l’abaya est la manière la plus judicieuse pour contourner la loi de mars 2004, pour la faire céder et enfin réussir à imposer le voile. Comme ce dernier, au-delà de la misogynie, l’abaya est utilisée comme outil prosélyte identitaire et politique. La méthode pour l’imposer à l’école ? Présenter l’abaya comme étant « culturelle », pas religieuse. Elle n’a évidemment rien de culturelle au Maghreb, et encore moins en France. Cette méthode du mensonge s’est répandue comme une trainée de poudre grâce aux réseaux sociaux. Des militantes endoctrinées, soutenues par des militants islamistes en herbe, la reprennent à leur tour. Et ça marche : nombre de leurs camarades de classe non-musulmans les soutiennent… jusqu’à LFI.
L’abaya est la manière la plus judicieuse pour contourner la loi de mars 2004, pour la faire céder et enfin réussir à imposer le voile.
À la veille de la rentrée scolaire, pendant que des islamistes appellent à transgresser l'interdiction de l’abaya à l’école et que des élèves fanatisées s'organisent pour mener des actions le jour J, une association islamiste prend LFI de vitesse pour saisir le Conseil d’État. La rhétorique victimaire reste la même, la référence permanente aux « élèves musulmans » également. Cela valide l'interdiction de l'abaya, tenue manifestant « ostensiblement une appartenance religieuse » interdite par la loi de mars 2004, et l’inanité politique de La France Insoumise.