Pour la « journée mondiale de la population » (11 juillet), l’ONU lance un appel pour « faire progresser l’égalité des genres afin de réaliser les rêves des 8 milliards de personnes qui peuplent le globe. » (1)
Les femmes représentent 49,7% de la population mondiale. Pourtant, nombre de pays persistent à violer leurs droits humains fondamentaux. Sur son site internet, l’ONU affirme que « cette injustice omniprésente prive les femmes et les filles de scolarité, d’une place dans le monde du travail et de postes de décision ; elle limite leur pouvoir d’action et leurs possibilités de prendre des décisions en matière de santé, de sexualité et de reproduction ; enfin, elle renforce leur vulnérabilité à la violence, aux pratiques néfastes et aux décès maternels évitables. […] Nous devons absolument atteindre l’égalité des genres pour créer un monde plus juste, plus résilient et plus durable. »
Sur sa page Facebook (2) et son compte Twitter en français (3), l’ONU partage le lien vers la publication de son site avec une image d’illustration. Nous pouvons y lire « Les femmes et les filles veulent pouvoir faire leurs propres choix en ce qui concerne leur corps et leur avenir. »
Toutefois, un élément de cette image fait exploser l’initiative de l’ONU, ô combien nécessaire. L’Organisation a choisi de montrer une femme vêtue d’un pantalon, d’une chemise ouverte par-dessus un tee-shirt… mais dont la tête est recouverte d’un hijâb.
En arabe, « hijâb » a pour racine « hajaba » dont le sens est « se placer entre deux choses ». Un hijâb est donc quelque chose qui sert à séparer, à isoler, à mettre hors de la vue, sans toutefois en préciser la nature. Cela pourrait aussi bien être un paravent, un rideau, une porte ou un bosquet. Ici, ce qui doit être séparé a pour critère le sexe : séparer les femmes des hommes, cacher les premières de la vue des seconds car les femmes sont considérées comme des objets sexuels tentateurs par nature et les hommes des animaux en rut incapables de contrôler leurs pulsions. Ne désignant rien de matériellement précis (juste quelque chose qui sépare), les islamistes ont instrumentalisé le terme abstrait pour concevoir un accessoire vestimentaire concret. Patriarcat oblige, il est uniquement destiné aux femmes car elles sont coupables d’être tentatrices et responsables de la gestion de la libido masculine. Le patriarcat est, pour les islamistes, le seul système pouvant gérer leurs ardeurs sans que cela ne demande un minimum d’éducation des hommes pour respecter les femmes. Cet accessoire « librement choisi » devant être obligatoirement porté ne concerne donc que ces dernières. En effet, pour que l’occultation de la vue des hommes soit permanente, il faut rendre mobile cette séparation (il serait compliqué de marcher dans la rue avec un paravent, un rideau ou une porte). « Se placer entre deux choses » se téléporte ainsi sur la tête des musulmanes à travers leur voilement.
Le voile, dont le hijâb est une des formes, n’émancipe pas les femmes et n’a aucune signification égalitaire. Sa fonction est même son exact opposé. Au mieux, il conditionne leur liberté. Les islamistes considèrent que la place d’une femme est à la maison, notamment pour ne pas être vue des hommes étrangers. Beaucoup d’entre eux considèrent aujourd’hui qu’elles peuvent travailler, mais à quelques conditions. Elles peuvent même être avocates, médecins, cheffes d’entreprise ou ministres, diriger une équipe composée d’hommes, à condition qu’elles se cachent sous un suaire. Elles peuvent exercer ces métiers et fonctions, le voile sera là pour leur rappeler quelle est leur place et leur statut d’objet sexuel tentateur. Une femme sera toujours perçue comme telle, avant d’être perçue comme un être humain doté d’un cerveau. C’est pour cela que, selon les prescripteurs du voile, seule la dissimulation visuelle permet de moins s’attarder sur le sextoy de chair pour mieux se concentrer sur l’être doué d’intelligence. La femme voilée peut être tout en haut de l’échelle sociale, l’homme qui la croise tout en bas lui sera toujours supérieur en dignité et en droit. Aucun homme sous ses ordres ne se cachera jamais sous un voile devant elle par « respect » d’une « pudeur » que des femmes auraient conceptualisée pour marquer les hommes de leur infériorité. Leurs réussites professionnelles ne marquent pas un recul du patriarcat, juste sa mutation dont le voile est le relief.
La femme voilée peut être tout en haut de l’échelle sociale, l’homme qui la croise tout en bas lui sera toujours supérieur en dignité et en droit.
Nous pourrions comprendre que l’appel de l’ONU s’adresse surtout aux pays musulmans, qu’afficher une femme voilée (dont la peau est bien sûr mate pour bien accentuer l’aspect oriental) portant un pantalon et une chemise serait un appel au progrès. Mais viser spécifiquement les pays musulmans, comme si l'inégalité des sexes ne touchait qu'eux, est la démonstration d’une condescendance qui n’a d’égal que son orientalisme. De plus, une femme en jean et chemise (et SANS voile) n'est pas une révolution. Tous les pays musulmans ne sont pas l'Arabie Saoudite. Par exemple, lors de mes séjours en Tunisie (pays d’origine de mes parents) depuis ma petite enfance, j’ai toujours vu des femmes en pantalon, tee-shirt, chemise et cheveux au vent. Le port du voile a explosé depuis quelques décennies, grâce à la propagande patriarcale et identitaire des islamistes, mais les Tunisiennes sans voile restent nombreuses.
Pour son appel aux « gouvernements à investir dans l'égalité des sexes », l'ONU affiche ainsi une femme portant l'accessoire vestimentaire le plus misogyne de l'histoire de l’humanité. Parler d'égalité en affichant un voile qui en est l'antithèse : l’islamisme politique, qui aime détourner les concepts pour les retourner en faveur de son prosélytisme, ne pouvait pas rêver meilleure publicité.
Ceci n’est pas une maladresse de l’ONU. C’est un choix mûrement réfléchi grâce au lobbying de plusieurs pays musulmans ultra-conservateurs. « ONU femmes » par exemple, sur sa page Facebook francophone, ne cite pas le 8 mars comme la « journée internationale des droits des femmes » mais comme la « journée des femmes » (4). Une dénomination adoptée par tous les tenants du patriarcat qui aiment offrir des roses, du maquillage ou un fer à repasser pour cette journée de « fête ».
Prétendre vouloir s’adresser à tous les pays ne justifie pas d’afficher des symboles discriminants et dégradants pour les femmes et fillettes.
Pour illustrer cette journée sur cette même page Facebook, « ONU femmes » partage un dessin montrant trois femmes : une blanche, une noire et… une femme voilée. Le voile serait un élément biologique impossible à retirer, comme la couleur de peau. Pour être « inclusive », l’ONU aurait pu montrer une femme asiatique à côté des deux autres. Mais non, les asiatiques n’existent pas et le sexisme du voile semble être plus important. Ce volontaire amalgame, qui fusionne l’adhésion à une idéologie avec la couleur de peau, est fréquent chez les « féministes » intersectionnelles. Cette « inclusivité » sélective qui exclut les asiatiques et les autres tenues vestimentaires a d’abord été à l’initiative de la propagande islamiste. Les intersectionnelles s’en sont inspirées. L’ONU l’a faite sienne. Elle va si loin qu’elle n’hésite pas à valider la maltraitance infantile... pour la journée des droits humains (10 décembre). En effet, en 2021, pour marquer cette journée, l’Organisation avait affiché des petites filles couvertes d’un voile les transformant ainsi en objet de désir à dissimuler (5). « Tous égaux »... sauf les fillettes. Voilà comment « l'inclusivité » sert d'outil aux partenaires de l'islamisme pour éjecter la liberté de conscience, accueillir avec bienveillance le sexisme, la pédophilie et la maltraitance infantile... pour la journée des droits humains. Encore une fois, prétendre vouloir s’adresser à tous les pays ne justifie pas d’afficher des symboles discriminants et dégradants pour les femmes et fillettes.
Gangrénée par le lobbying de pays si peu scrupuleux en termes de respect des droits humains (comme le Pakistan), l’ONU sert de fenêtre à la banalisation du patriarcat islamiste et à la lutte contre toute critique de l’islam et de sa dérive extrémiste à travers la nouvelle « journée internationale de lutte contre l’islamophobie » (15 mars). Pour rester audible, et ne pas participer à ce qu’elle prétend combattre, cette organisation doit se ressaisir.
(1) Faire progresser l’égalité des genres afin de réaliser les rêves des 8 milliards de personnes qui peuplent le globe.
(2) https://www.facebook.com/nationsunies/posts/646636227490083
(3) https://twitter.com/ONU_fr/status/1678559402926718976
(4) https://www.facebook.com/photo?fbid=591061429726908&set=a.561864132646638
(5) https://www.facebook.com/nationsunies/posts/4807114512644078