Dans mon aritcle où je dévoilais la plainte pour diffamation à mon encontre, j'avais évoqué la protection fonctionnelle dont bénéficie le plaignant, Madjid Messaoudene, pour que son instrumentalisation politique de la justice ne lui coûte rien (1) . A travers cette protection, la ville de Saint Denis prend en charge son action.
Je suis au courant de cette attribution et de ses détails depuis plus de deux mois. En effet, à l'époque où j'ai été informé de cette plainte, début octobre, des rumeurs couraient depuis l'été sur une prise en charge par la ville de frais de justice de M. Messaoudene pour des plaintes dont personnes ne connaissaient la teneur. J'ai donc fait le rapprochement et entamé quelques recherches. J'avais visionné l'archive d'une séance du conseil municipal de juillet 2019 qui aborde ce sujet (2). Cette séance était surréaliste. Le maire demandait aux élus de voter la protection fonctionnelle sans leur dire contre qui M. Messaoudene dépose plainte ni pourquoi. Aucun détail, aucun élément n'a été apporté aux élus pour qu'ils puissent voter normalement. Certains ont insisté pour en obtenir, comme Adrien Delacroix, en vain. Dans aucune démocratie digne de ce nom il est demandé à des votants de voter à l'aveugle.
Le maire a demandé aux élus de voter la protection fonctionnelle sans leur dire contre qui M. Messaoudene dépose plainte ni pourquoi. Aucun détail, aucun élément n'a été apporté aux élus.
En visionnant leurs échanges, j'étais atterré par la passivité de nombre de conseillers municipaux face à ce déni de démocratie. J'étais également choqué car je savais que j'étais visé (à l'époque je ne savais pas encore qui d'autre était aussi concerné par ces plaintes). Ils parlaient de moi sans savoir qu'il s'agissait de moi ni pourquoi. Malgré les votes "contre", les votes "pour" furent majoritaires sans même savoir qu'ils validaient un procès politique contre un citoyen, lanceur d'alerte, pour un banal tweet et une publication Facebook où je n'avais fait que rendre compte d'une situation.
Le maire, Laurent Russier, en toute conscience, s'est donc joint à M. Messaoudene, a pesé de tout son poids de maire, pour s'attaquer à moi (car je parle en mon nom) pour… rien, sauf à vouloir faire taire un opposant politique de M. Messaoudene. C'est pour cela qu'il n'a fourni aucune information. S'il l'avait fait, la protection fonctionnelle n'aurait, peut-être, jamais été votée.
Cette situation est intéressante à plus d'un titre. Tout d'abord, elle permet de démontrer que toute la gauche n'est pas gangrénée par les idées racialistes et indigénistes dont les militants sont des partenaires de lutte de l'islamisme politique. En effet, Adrien Delacroix est un élu d'opposition de gauche. Cette gauche qui a su rester fidèle à ses valeurs face à une autre qui les a trahies. Le conseil municipal de Saint Denis peut être vu comme un concentré de cette fracture à gauche sur le plan national.
De plus, ce soutien inconditionnel du maire, jusqu'à l'absurde, pour cet élu plus actif sur les réseaux sociaux et dans la défense du sexisme du voile qu'à produire des résultats pour son mandat, est le fruit d'une histoire politique de la ville dont l'ancien maire avait tout misé sur le communautarisme. Les visés électoralistes vers les immigrés et les "musulmans" avaient remplacé les ouvriers qui se faisaient de plus en plus rares. Le maire actuel n'est pas la copie conforme de son prédécesseur, mais il est son héritier. A travers Madjid Messaoudene, il est un allié de l'islamisme politique. L'Observatoire de la Laïcité de Saint Denis (qui n'a rien à voir avec l'ODL de Jean-Louis Bianco) en sait quelque chose, ainsi que l'ensemble des féministes universalistes et des laïques de cette ville.
La protection fonctionnelle est donc utilisée politiquement contre des opposants laïques qui dénoncent l'islamisme, son sexisme, et ses alliances avec une partie de la gauche. Une gauche représentée à Saint Denis par Madjid Messaoudene, soutenu par son maire.
La protection fonctionnelle est utilisée politiquement contre des opposants laïques qui dénoncent l'islamisme, son sexisme, et ses alliances avec une partie de la gauche.
A la lumière de ses éléments, nous comprenons pourquoi une plainte a été déposée pour une diffamation qui n'existe pas en s'appuyant sur des propos anodins. L'objectif n'est pas tant de gagner que de ruiner financièrement et psychologiquement des adversaires laïques, démocrates et républicains afin de les décourager et de dissuader toute autre personne qui oserait s'opposer à eux trop régulièrement. L'intimidation politique par l'instrumentalisation de la justice, la mairie veut nous le faire savoir. Voilà la raison de cette attribution de la protection fonctionnelle pour un élu aussi sulfureux, allié d'une extrême droite religieuse, qui navigue à des milliers d'années lumières de la plupart des valeurs de gauche et de la République en général.
(1) Je suis mis en examen pour diffamation : un acte politique de Madjid Messaoudene
(2) Séance du conseil municipal de Saint Denis, 2 juillet 2019 (passage concerné à partir de 20mn 10s)