Comme les intégristes chrétiens qui rêvent d'un monde entièrement évangélisé, les intégristes musulmans rêvent d'un monde entièrement islami(sti)sé. Ces derniers sont, à l'heure actuelle, les plus motivés, les plus virulents et les plus soutenus par des personnes qui ne sont pas leurs coreligionnaires (en l'occurrence au sein d'une partie de la gauche). Les islamistes politiques sont donc plus revendicatifs et plus dangereux que tous les autres intégrismes religieux réunis. Par leur obsession sexuelle et leur désir permanent de contrôler leur libido trop débordante, le bâchage des femmes est leur plus grande motivation. Une obsession telle que le voile est leur principale arme politique. Si les salafistes n'ont pas de stratégie particulière (et cachent donc rarement leurs réelles intentions), les Frères Musulmans ont une pensée politique structurée, menée par diverses associations et individus. Certains salafistes s'allient aux Frères dans cette démarche. La victimisation permanente, notamment à travers le faux concept de "islamophobie", et la rhétorique d'inversion en sont le cœur.
Cette rhétorique permet de s'accaparer tout ce qui nous fait sens : liberté, démocratie, laïcité, féminisme, "vivre ensemble", République, etc., pour les détourner et les retourner contre la République. Les islamistes deviennent ainsi les garants d'une laïcité "dévoyée" par les associations et militants laïques ; le sexisme du voile devient féministe ; le suprématisme islamiste, le communautarisme et les discriminations intracommunautaires sont renommés "vivre ensemble" ; l'endoctrinement des enfants et l'assignation identitaire "islamique" deviennent la "liberté religieuse", etc.
La moindre occasion est pour eux l'aubaine de faire avancer leur idéologie. Les périodes les plus marquantes sont 1989 et 2004 pour le voile à l'école. Ce n'est pas un hasard. Ils ont conscience que la société actuelle n'est pas prête à accepter leurs revendications. Ils comptent sur les citoyens de demain pour changer la donne. Pour cela, il faut les habituer au voile et à leurs corollaires sexistes et politiques, banaliser les revendications religieuses qui doivent être supérieures aux principes républicains, évoluer de l'universalisme vers le communautarisme pour un épanouissement sans entraves de l'intégrisme musulman. La visibilité et les revendications religieuses doivent être partout présentes. L'école laïque et républicaine est donc à la fois un obstacle et un terrain à conquérir. Le voile est leur clé d'entrée. L'enseignement est un enjeu fondamental dans la construction intellectuelle du futur citoyen, et donc du futur de notre société. En plus de leur obsession sexuelle et patriacale maladives, cela explique leur infatigable croisade (si j'ose dire) contre la loi de 2004 sur les signes religieux à l'école.
La société actuelle n'est pas prête à accepter les revendications des islamistes. Ils comptent sur les citoyens de demain pour changer la donne.
Le débat sur le Service National Universel (SNU) est le dernier épisode en date de la mobilisation islamiste. La dernière illustration aussi du soutien politique qui leur est apporté, ici par l'Observatoire de la laïcité (ODL). Le SNU est l'occasion de (re)découvrir certains acteurs islamistes de poids, leurs motivations et intérêts pour ce service national, et leur dangerosité pour la République. Un danger amplifié par le soutien plus ou moins direct de l'ODL à travers ses prises de positions sur la laïcité.
Le gouvernement travaille actuellement sur la mise en place du SNU. Ce service national se déroulera en 2 temps. La première phase, d'une durée d'un mois dont 15 jours en internat, sera obligatoire. Elle concernera tous les jeunes, filles et garçons, âgés de 15 à 18 ans, à l'issu de la classe de 3ème. La deuxième sera un engagement volontaire d'une durée de 3 à 6 mois, à effectuer avant l'âge de 25 ans.
La première phase est considérée comme le "prolongement de l’obligation scolaire". Il "constituera l’aboutissement du parcours citoyen". Il sera aussi une "phase de cohésion", "d'apprendre à chaque jeune une façon neuve de vivre en commun" selon le gouvernement. Un des objectifs est l'émancipation individuelle de toute appartenance religieuse, communautaire et sociale afin de susciter la fibre citoyenne et républicaine, une cohésion nationale. Développer ce qui nous rassemble, notre destin commun, plutôt que cultiver ce qui nous sépare. Vivre ensemble plutôt que côte à côte voire même face à face.
Ces objectifs, et la première phase du SNU, sont un cauchemar pour les islamistes. Ils sont vent debout face à ce qu'ils considèrent être une énième atteinte à leur endoctrinement obscurantiste de la jeunesse. Tout ce qui pourrait susciter la liberté de conscience du futur citoyen, même temporaire, est vécu comme une menace. La République leur importe peu. Seul (leur interprétation de) l'islam est important à leurs yeux. Une nouvelle fois, ce ne sont pas les lobbies catholiques ou juifs qui se mobilisent pour imposer leur différence, mais les lobbyistes musulmans que sont les islamistes. Une nouvelle fois, les mouvements et militants laïques se dressent contre cette énième tentative qui ne manque pas, là encore, d'être récupérée par l'extrême droite nationaliste. Une réaction qui permet à l'extrême droite musulmane de se victimiser à nouveau en déclarant que l'ensemble des musulmans est encore visé. La mécanique est bien rodée.
Tout ce qui pourrait susciter la liberté de conscience du futur citoyen, même temporaire, est vécu comme une menace par les islamistes.
Parmi les groupes de pression, il y a le site Islam&info. "Média musulman engagé. L'info par le Musulman, pour le Musulman", sa page Facebook est suivie par près de 490 000 personnes. Ce média a du poids. Mais il devrait en réalité s'appeler "islamisme info". Il est dans la droite ligne de la stratégie victimaire à outrance pour légitimer sa vision radicale, identitaire, totalitaire et raciste de la religion. Le "M" de "Musulman" est bien en majuscule. Cela démontre la volonté de transformer une adhésion à une idéologie religieuse en ethnie, le peuple Musulman. Cela permet de se distinguer du reste de la population en s'identifiant à la Oumma (communauté musulmane supranationale). Cela permet également de mieux se victimiser : en définissant le musulman comme membre d'un peuple, on le racialise, l'essentialise et on brandit la carte du racisme face à toute critique de l'islam et des dérives faites en son nom.
Logo du média en ligne Islam&info
Elias d'Imzalène, de son vrai nom Eli Yess Zareli, est l'animateur et un des dirigeants de ce média. Le domicile de ce prédicateur salafiste avait été perquisitionné en décembre 2015, suite aux attentats. Selon les services de renseignements, il est aussi une des raisons de la fermeture de la mosquée de Torcy (Seine-et-Marne) en avril 2017. Cette mosquée radicale visait particulièrement la jeunesse pour leur enseigner le "combat contre les mécréants", appréciait les djihadistes et sollicitait "l’aide d’Allah en leur faveur afin de détruire les ennemis de l’Islam, des ennemis de l’intérieur, ici en France et ailleurs". Elias d'Imzalène y était intervenu à deux reprises. Il "a fourni des éléments de langage comparant la situation existant en France à l’apartheid et demandant aux fidèles d’arrêter d’être Français légalistes, Français républicains et Français patriotes". Il est aussi indiqué que l’imam de cette mosquée, professeur de mathématique, "utilisait ses fonctions à des fins prosélytes en essayant d’entraîner les élèves dans des formes de radicalisme religieux". (1) Il fut suspendu de son poste par l'Éducation Nationale. L'éducation, toujours le nerf de la guerre…
En juin 2013, dans cette même mosquée, Elias d'Imzalène résuma la pensée et le projet islamiste sur l'enseignement :
Votre éducation est prioritaire. (…) Vos écoles, dans lesquelles vous envoyez vos enfants, dans lesquelles on m'a appris à mécroire, à détester [l'islam], à détester nos ancêtres, doivent être abandonnées et qu'on arrive à nos écoles. Comment on a le courage d'envoyer notre fils et notre fille à l'école avec tout ce qu'on est en train de leur apprendre (apprentissage de la théorie du genre, de la morale laïque, etc.) ? Il ne faudra pas être surpris si à 20 ans ils vous annoncent des nouvelles fracassantes. Au lieu de pleurer et de dire "s'il vous plaît, changez les programmes. S'il vous plaît acceptez ma fille avec le hijab" (…). Les écoles doivent devenir une priorité pour nous tous ! Aujourd'hui, nous devons nous dire "le projet d'école et le projet de mosquée, c'est deux choses qui vont ensemble". On ne peut pas se dire "je vais faire une mosquée, où mon fils passera le samedi et le dimanche dans le meilleur des cas, et délaisser une école qui par contre le gère quasiment cinq jours sur sept pendant la semaine".
(...) Il faut nous réapproprier aussi nos loisirs, pour nos enfants. Et là je pense à l'éducation. C'est à nous de faire nos colonies de vacances. C'est à nous de faire nos centres de loisirs. C'est à nous de prévoir des salles de sport pour nos femmes. Et plus aux autres qui mettent à chaque fois des conditions.
(...) Un jour il faudra penser local. Un jour il faudra penser communautaire. Un jour il faudra penser grand. Un jour il faudra penser même à avoir nos banques, notre monnaie locale.
"Vos écoles, dans lesquelles vous envoyez vos enfants, dans lesquelles on m'a appris à mécroire, à détester [l'islam], à détester nos ancêtres, doivent être abandonnées et qu'on arrive à nos écoles." Elias d'Imzalène
Pour bien comprendre sa pensée et mesurer sa dangerosité, il est nécessaire de faire une rapide analyse de texte.
"On m'a appris à mécroire, à détester [l'islam], à détester nos ancêtres" : en l'écoutant, on se demande quelle est cette école. Nous pourrions croire qu'elle avait programmé des cours sur l'athéisme et d'autres sur le rejet de l'islam. Il devait aussi y avoir des cours d'Histoire entièrement consacrés au dénigrement de ses "ancêtres" et à la glorification de la colonisation. Pas du tout. Le simple fait qu'il n'y ait pas de cours de religion façon prêche du vendredi, que l'école soit totalement laïque pour donner la possibilité à chacun de penser par soi-même, sont pour lui une forme d'agression. La mixité et le fait d'interdire les signes religieux pour notamment permettre à des fillettes de réaliser qu'elles ne sont pas des objets sexuels qui doivent être honteusement cachés sous un voile, est aussi pour lui une forme d'agression envers son sexisme et son patriarcat.
Les "nouvelles fracassantes" qui pourront surprendre les parents, quand leur enfant aura 20 ans, sont toujours les mêmes : l'homosexualité, un changement de religion ou, pire, l'athéisme. La liberté de conscience est une des plus grandes hantises des islamistes, sauf lorsqu'il s'agit de se convertir à l'islam(isme). Pour l'homosexualité, les intégristes de toutes les religions sont convaincus que l'apprentissage de l'égalité des sexes, qu'ils définissent faussement par "apprendre aux garçons à devenir des filles et aux filles des garçons", mène à cette "perversion".
Elias d'Imzalène appelle donc les parents à abandonner cette horrible école laïque au profit d'établissements islamistes dont mosquée et école fonctionneraient en symbiose pour une meilleure cohérence obscurantiste, anti laïque et anti républicaine. L'important est d'être musulman et de défendre sa "communauté", pas d'être citoyen et de défendre son pays. C'est pour cela qu'il "pense grand" en invitant les musulmans à islamiser tous les domaines de l'éducation, de leurs loisirs, à supprimer la mixité, et même à faire sécession avec la République par la création de banques communautaristes et une monnaie locale.
Pour Elias d'Imzalène, l'important est d'être musulman et de défendre sa "communauté", pas d'être citoyen et de défendre son pays.
Il n'est donc pas étonnant que le site Islam&info soit particulièrement méfiant vis-à-vis du SNU, surtout de la partie internat, prolongement final de l'école sur l'apprentissage de la citoyenneté. Mais l'Observatoire de la laïcité est là pour le rassurer.
Dans le cadre de ses consultations pour construire ce SNU, le gouvernement fait appel à divers organismes chargés de faire des propositions pour sa mise en place. L'ODL a été sollicité pour apporter son expertise concernant la laïcité et la gestion des pratiques religieuses. Le problème est que cet observatoire, renommé par des militants laïques "l'abattoir de la laïcité", se montre plus accommodant avec l'intégrisme musulman que ferme sur le principe de laïcité.
Son "étude à propos de l’application du principe de laïcité et de sa promotion dans le cadre du futur service national universel (SNU)" ne fait pas exception. L'Observatoire considère les jeunes comme des usagers, donc non soumis au principe de neutralité, telle une personne allant à la mairie pour demander un document administratif ou un usager des transports en commun. Or, l'ODL inverse les rôles. Les jeunes effectueront un service national. Ce n'est pas la Nation qui leur rendra service mais eux qui rendront service à la Nation. Ils ne vont pas consommer un service mais se préparent à rendre service à leur pays en poursuivant la construction de leur citoyenneté. Ils doivent donc avoir le même statut qu'à l'école, comme spécifié par les intentions du gouvernement. Ils ne peuvent pas être considérés comme des usagers. Par ce fait, la loi de 2004 doit s'étendre (par décret ou autre) au SNU.
Les jeunes ne seront pas des usagers. Ils effectueront un service national. Ce n'est pas la Nation qui leur rendra service mais eux qui rendront service à la Nation.
L'ODL aborde justement les signes religieux. Même si tous les signes sont cités, ce point concerne en réalité le port du voile, seul visibilité "religieuse" qui bénéficie de nombreux groupes de pression fanatiques et refuse encore de s'adapter s'il n'y a pas la contrainte d'une loi.
L'ODL commet la même erreur que nos dirigeants. Il considère le voile comme un "signe religieux", au même titre qu'une croix ou une kippa. Or, le voile n'a rien de religieux. C'est un vêtement sexiste dont le but est de cacher la femme pour ne pas exciter les hommes. Sa prescription est le fait des islamistes (qui brandissent la menace des flammes de l'enfer), pas de l'islam. Cela explique pourquoi il est plus difficile de l'ôter qu'une simple croix. Mais pour le coup, l'ODL ne fait que rappeler la position du législateur qui a commis l'erreur de prendre une position théologique en validant la prescription islamiste et rejetant ainsi les musulmans rationalistes. Le voile aurait dû être interdit en tant que signe discriminant en raison du sexe, peu importe qu'une religion, une culture ou des fanatiques le prescrivent. La laïcité peut venir en soutien, puisque les islamistes prétendent que ce sexisme serait religieux, mais elle n'est pas prioritairement concernée. Sauf à considérer que le religieux est prioritaire à l'égalité des sexes, que le sexisme peut se négocier à l'aune du respect de l'intégrisme musulman.
L'ODL commet une autre erreur, cette fois relevant uniquement de son fait. Il estime que les signes religieux peuvent être autorisés. Or, le sexisme n'ayant pas sa place au sein du SNU, les valeurs d'égalité (entre citoyens, entre femmes et hommes) faisant partie des objectifs, le voile doit être logiquement prohibé. Comme à l'école, la jeune fille religieusement embrigadée doit avoir la possibilité de vivre des moments de vie en collectivité sans un voile qui fait d'elle un objet honteux à cacher.
Michel Blanquer, Ministre de l'Éducation Nationale, a alors sèchement recadré l'Observatoire : "C'est évidemment une recommandation que je ne suivrai pas. C'est toujours intéressant de voir ce qu'ils nous disent, mais en l'occurrence ils se trompent" (2).
Seulement l'ODL ne s'exprime pas uniquement sur les signes religieux mais aussi sur la pratique comme le jeûne. Là encore, il cite les trois monothéismes mais c'est bien du ramadan dont il est question. Preuve que ce sont bien une partie des musulmans qui pourraient poser un problème :
"Si, durant le séjour, il sera constaté à l’occasion d’une activité qu’un « appelé » n’est plus, quelle qu’en soit la raison (notamment à la suite d’un jeûne), en possession de ses capacités physiques, l’encadrant ne devra pas l’autoriser à poursuivre l’activité en question. L’« appelé » sera géré comme un jeune qui serait affaibli. L’encadrant, en relation avec le responsable des soins, jugera l’aptitude réelle du jeune et pourra éventuellement (ou pas) l’autoriser à reprendre les activités avec le reste du groupe."
(…)
Quant à la pratique du jeûne, elle peut, uniquement si cela ne cause aucune perturbation au fonctionnement de l’établissement d’accueil, conduire à certains aménagements individuels. Si cette pratique conduit par ailleurs à un affaiblissement de l’« appelé », ce dernier sera géré comme tout jeune malade ou affaibli" (3).
Nous sommes encore dans l'inversion des perceptions. La pratique du ramadan est un choix, pas une fatalité, à moins d'assigner chacun à sa religion supposée comme le rêvent les islamistes. L'"appelé" n'a pas à être "géré comme tout jeune malade ou affaibli" puisque… il n'est pas malade. La pratique du ramadan ne peut pas être comparée à une grippe. Une collectivité n'a pas à s'adapter selon les désirs religieux de chacun, au point de considérer "l'appelé" comme un malade s'il n'est pas en capacité d'assumer physiquement son choix de pratique religieuse. Dans son jusqu'au-boutisme de complaisance religieuse au détriment du principe de laïcité, l'ODL recommande clairement aux encadrants du SNU de tricher sur l'état de santé de "l'appelé" pour lui permettre de pratiquer son culte comme il l'entend. La participation à une activité ne doit pas dépendre de la pratique religieuse. Cette participation est supérieure à toute considération religieuse, non l'inverse. S'il n'est pas capable de suivre une activité en raison du ramadan, alors il doit cesser de jeûner, pas cesser l'activité. Nous touchons là un des cœurs de la philosophie du SNU que l'ODL piétine allègrement. Il ne va pas contre la loi. Il trouve le moyen de l'extrapoler pour rompre avec le principe de laïcité par une interprétation juridique complaisante envers les religions, en l'occurrence l'islam.
Ainsi et comme souvent, l'Observatoire n'a pas été salué par les associations laïques mais par les islamistes du CCIF.
Le CCIF apporte son soutien à l'Observatoire de la laïcité et use encore de la rhétorique d'inversion en évoquant le "vivre ensemble" et la "cohésion nationale".
La déclaration de Jean-Michel Blanquer, qui s'exprimait uniquement sur les signes religieux, les a refroidis voire excités.
Le site Islam&info, constatant que l'ODL a été désavoué, s'est fendu d'un communiqué cinglant qui appelle tous les parents à se mobiliser contre le SNU (4). Le titre montre la panique de la rédaction : "Le Service National Universel : Les enfants retirés aux parents pendant 15 jours avec interdiction de liberté religieuse !" On imagine alors le déchirement des pauvres enfants retirés de force à leurs parents pour les enfermer durant 15 jours avec une surveillance constante qui ôterait toute liberté religieuse.
La liberté, y compris religieuse, est soumise à des limites lorsque nous vivons dans une société démocratique et laïque. Pour les islamistes, la liberté religieuse doit être totale et absolue. Interdire toute forme de sexisme (voile, revendication de non mixité, etc.) et encadrer la pratique (prière et jeûne) seraient une "interdiction de liberté religieuse".
Pour Islam&info, la durée d'un mois, l'internat, la neutralité religieuse pour une vraie cohésion et un meilleur vivre ensemble, le caractère obligatoire de cette phase "sont plus que choquants". Comment l'État ose-t-il s'immiscer dans le projet communautariste et d'endoctrinement des islamistes ? Comme à leur habitude, ils inversent les rôles. Aussi choqués par la mixité de cet internat, ils accusent l'État de créer des… camps d'endoctrinement (apprendre à penser par soi-même et à vivre ensemble serait de l'endoctrinement). Toujours obsédés par leur sexualisation des corps des adolescentes, la rédaction est particulièrement choquée par l'interdiction du voile (qu'elle classe évidemment comme signe religieux).
Pour une victimisation pleine et entière, le site craint que les Français musulmans subissent le même sort que les Ouighours en Chine. Il considère que cette obligation d'un mois, dont 15 jours en internat, est "digne des dictatures". Il oublie que la plupart des démocraties ont un service national (accorder quelques mois de sa vie pour son pays) et que le monde rêvé par les islamistes est une dictature religieuse.
Le communiqué se termine par la récupération d'un terme cher aux Français, toujours pour susciter des ralliements par compassion : la "privation de liberté de conscience". Ces islamistes luttent de toutes leurs forces contre cette liberté, surtout celle de leurs enfants et de leurs coreligionnaires pas assez musulmans à leur goût. Leurs combats contre la loi de 2004 sur les signes religieux à l'école et contre le SNU s'inscrivent dans cette lutte pour empêcher toute échappatoire à l'endoctrinement. S'affirmer défenseurs de la liberté de conscience permet d'inverser les rôles : l'État serait dictatorial, les islamistes seraient les victimes.
Le positionnement peu laïque de l'Observatoire de la laïcité représentait un apaisement pour les islamistes, rapidement évaporé par la fermeté laïque du Ministre de l'Éducation Nationale. Mais cette pression anti-laïque islamiste est multiple. Les Frères Musulmans sont aussi effondrés par la fermeté du Ministre contre l'avis de l'ODL. Pour eux comme pour les salafistes, le corps des femmes et l'endoctrinement des enfants sont un enjeu fondamental. C'est ce que j'aborderai dans la deuxième et dernière partie de cet article.
Service National Universel : les islamistes soutiennent l'Observatoire de la laïcité (2ème partie)
(1) Torcy. Ce que contient la note des renseignements qui a conduit à fermer la mosquée
(2) "Je ne suivrai pas la recommandation de l'Observatoire de la laïcité sur le port des signes religieux lors du service national" @jmblanquer, ministre de l'Education nationale, tweet de @i24NEWS_FR mis en ligne le 8 janvier 2019.
(3) Étude à propos de l’application du principe de laïcité et de sa promotion dans le cadre du futur service national universel (SNU) suite à la saisine du secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse, Gabriel Attal, 18 décembre 2018, p. 11.
(4) Le Service National Universel : Les enfants retirés aux parents pendant 15 jours avec interdiction de liberté religieuse !