« Il incombe au musulman d’obéir à son Seigneur et il lui est interdit d’obéir aux mécréants dans ce qui est contraire aux ordres divins. »
Institut Alfoulk, sur la supériorité de ses lois religieuses sur celles de la République.
« Alfoulk » est une association loi de 1901 dont l’objet est l’« initiation à différents domaines d’études relatifs à la langue arabe comme l’étude de textes et la traduction ». Ses activités associatives, indiquées dans sa déclaration de création en sous-préfecture, sont « éducation formation (études et formations linguistiques) ». Cela est confirmé sur le site internet annuaire-mairie.fr, qui indique l'adresse de l'association à Antony (Hauts-de-Seine) et ses activités : « Association Alfoulk, Études et formations linguistiques ». Mais cela n’est qu’une vitrine.
Juridiquement, cette association est donc non-religieuse (loi de 1901). Mais en réalité, elle est publiquement l’« Institut Alfouk », une « école religieuse » comme indiqué sur sa page Facebook. Une école religieuse extrémiste qui, sur son site internet, ne cache rien de ses intentions. Son site « vise à propager les enseignements de l’Islâm authentique, celui des gens de la sounnah et la jamâ’ah à travers les interventions orales et écrites de chaykh ‘abd-Allâh Serge Althaparro ». Un « Islâm authentique tel qu’il a été transmis de façon ininterrompue durant quatorze siècles. »
Comme tous ces « instituts », l’apprentissage de la langue arabe n’est que le support de l’apprentissage du Coran et de son interprétation radicale. Aucun poème ni récit non-religieux ne sont utilisés pour apprendre la langue. Ces enseignements sont transmis par le non-religieux (je suis ironique) « chaykh ‘abd-Allâh Serge Althaparro », un converti basque. Le journal Le Monde, fidèle à son relativisme de l’islamisme bien éloigné du travail journalistique, l’a présenté, en juin 2023, dans un portrait flatteur. Il ferait parti de « savants » qui auraient « une visée réformiste » de l’islam. Toujours selon le journal, ce « savant » cherche « à concilier le respect d’une tradition séculaire avec la nécessité pour l’islam de relever les défis de la modernité, qu’il s’agisse du statut de l’enseignement ou de celui des femmes » (1).
La réforme visée par ce prédicateur se tourne vers le passé pour s’opposer à toute modernisation et adaptabilité de l’islam à notre époque et à notre République.
En réalité, Serge Althaparro est un fanatique religieux parti étudier l’islam à Damas. Il s’est surnommé lui-même « Chaykh » qui, en arabe, signifie « Homme respecté en raison de son grand âge ou de ses connaissances ». Le Monde se garde bien de préciser qu’elle est sa « visée réformiste », pour instiller l’idée qu’elle serait une forme de progrès. Or, la réforme visée par ce prédicateur se tourne vers le passé pour s’opposer à toute modernisation et adaptabilité de l’islam à notre époque et à notre République. « Relever les défis de la modernité » est une contorsion pour ne pas dire frontalement « lutter contre la modernité et contre toute forme de progrès ».
Pour bien affirmer son ancrage dans une interprétation littéraliste et rétrograde de l’islam, le site internet de l’institut précise : « Déçu de la méthode d’enseignement occidentalisée des facultés de charî‘ah modernes, il décida […] de partir étudier en Mauritanie qui est l’un des rares pays où l’enseignement traditionnel a été préservé. » Il y restera 10 ans, jusqu’en 2007.
L’institut existe depuis au moins 2009. L’association loi de 1901 a été créée en mars 2013. C’est un tour de passe-passe classique qui permet à la fois de juridiquement crédibiliser un groupe, rassurer pour mieux recruter de nouveaux fidèles (le prétexte des cours d’arabe est un classique du paravent des cours islamiques version intégristes) et, éventuellement, de peut-être bénéficier de subventions publiques.
Ses locaux, exigus, se composent d’une salle de classe pouvant accueillir 38 personnes. « Comme dans toute école traditionnelle, les élèves s’assiéront à même le sol. » L’institut est fier de préciser que cette salle dispose même… d’un tableau.
Le problème est moins l’existence de cet « institut » que le maillon qu’il représente dans la prolifération de ce type de structures. L’islamisme se développe aussi par la multiplication de ce genre d’initiatives. Individuellement, elles touchent peu de personnes. Mais chacune fait partie d’un tout qui assure une sorte de maillage dont l’influence touche des centaines de milliers de musulmans. Ce maillage s’inscrit lui-même dans un autre, l’islamismosphère, qui inclut les chaînes satellitaires, les conférences, livres, boutiques et, surtout, les sites internet et les réseaux sociaux.
L’obsession sexuelle et patriarcale au cœur d’Alfoulk
Pour bénéficier de cet enseignement, un dossier d’inscription doit être déposé. Parmi les pièces demandées, une photo d’identité doit être fournie, où les femmes doivent être dissimulées sous un hijâb.
En effet, pour toutes celles et ceux qui considèrent le voile comme une prescription « religieuse », une femme est un objet sexuel tentateur par nature. A leurs yeux, seul le patriarcat peut gérer la libido masculine. Il revient donc à la femme d’assumer sa culpabilité en se cachant sous un voile. L’objet sexuel étant caché, l’homme ne sera plus tenté, la femme sera protégée. Ainsi, pour éviter toute pensée « impure » à la vue d’une mèche de cheveux, et donc tout risque d’agresser sexuellement une élève ou de créer la fitna (le désordre social), les hommes de l’institut réclament la dissimulation des objets de tentation.
Pour bénéficier de cet enseignement, une photo d’identité doit être fournie, où les femmes doivent être dissimulées sous un hijâb.
Système ultra patriarcal oblige, la femme étant une éternelle mineure, l’objet de tentation (la femme) doit aussi compléter le bas de la fiche d’inscription qui réclame « l’autorisation du père ou du mari l’autorisant à assister aux cours ».
Enfin, une fois inscrite, la discrimination sexiste persiste : « Les cours sont destinés aux musulmans et sont ouverts aux femmes, qui prennent place derrière les hommes. Une tenue vestimentaire islamique est exigée, c’est-à-dire que seul le visage et les mains des femmes pourront apparaître. » (sic)
En effet, pour les islamistes, l’obsession sexuelle et la crainte de la tentation planent en permanence. Les femmes doivent donc être quasiment invisibles par le port d’une tenue qui dissimule tout, sauf le visage et les mains. Aucune femme non voilée de la tête aux pieds, et sans autorisation de son tuteur, n’est acceptée. La loi de la République interdit ces discriminations. Mais les « intersectionnelles » nomment cet apartheid misogyne, cette obligation faussement religieuse, le « libre de choix de se vêtir comme on le souhaite ».
Les relativistes vont ainsi mettre sur le même plan, en miroir inversé, la loi de 2004 qu'ils dénoncent. Cette loi interdit le port du sexisme du voile dans les établissements scolaires publics. Seulement, elle vise à protéger la liberté de conscience des futurs citoyens, pas de protéger les hommes d'une tentation sexuelle dont les femmes seraient responsables. De plus, cette loi concerne tous les élèves, tous les signes religieux et discriminants, sans distinction de sexe ou de religion, notamment pour leur inculquer l’égalité femme-homme.
Alfoulk n’a pas du tout une démarche similaire puisque cette école a mis en place un apartheid qui vise à stigmatiser, discriminer et inférioriser une partie de ses élèves en raison de son sexe.
Contrairement à ce qui est indiqué, la tenue vestimentaire exigée n'est pas islamique mais islamiste. Les trois dernières lettres changent tout. C’est un classique chez les extrémistes. Ils considèrent être les détenteurs de « la vérité », pour mieux déformer et détourner les textes coraniques afin de les faire correspondre à leur obsession sexuelle et à leur désir d’avilir la moitié de l’humanité. Mais les cacher sous ces vêtements n’est pas suffisant. Pendant les cours, les femmes doivent aussi être reléguées à l’arrière pour totalement les effacer de la vue des hommes, afin d’empêcher ces derniers de les reluquer. Bien sûr, les femmes ne reluquent jamais les hommes puisqu’elles ne seraient là que pour les satisfaire…
Cette présentation donne le ton du contenu des « études et formations linguistiques ». Sexisme du voilement des femmes, mariages forcés, esclavage et pédophilie : ces perles faussement religieuses mais véritablement misogynes, voire criminelles, sont à découvrir dans la 2ème partie de cet article, sources à l’appui.