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Naëm Bestandji

Féminisme / Universalisme / Laïcité

dossiers - Islamisme politique - ''islamophobie'', Elias d'Imzalène, Maria De Cartena

Deux militants islamistes dévoilent leur définition de "l’islamophobie"

Par Naëm Bestandji . Publié le 15 Juillet 2023 à 13h02

Immergés dans leur fanatisme politico-religieux, deux militants islamistes dévoilent sans langue de bois leur définition de "l’islamophobie", élaborée en équipe. Cela permet d’encore mieux exposer, surtout aux plus complaisants, la dangerosité de l’usage de ce terme.

Le rêve séparatiste d'un militant islamiste

Elias d’Imzalène est le fondateur du média islamiste "Islam&Info". Mais il devrait en réalité s'appeler "islamisme info". Il est dans la droite ligne de la stratégie victimaire à outrance pour légitimer sa vision radicale, identitaire, totalitaire et raciste de la religion. Le "M" de "Musulman" est bien en majuscule. Cela démontre la volonté de transformer une adhésion à une idéologie religieuse en ethnie, le peuple Musulman. Cela permet de se distinguer du reste de la population en s'identifiant à la Oumma (communauté musulmane supranationale). Cela permet également de mieux se victimiser : en définissant le musulman comme membre d'un peuple, on le racialise, l'essentialise et on brandit la carte du racisme face à toute critique de l'islam et des dérives faites en son nom.

Elias d'Imzalène, de son vrai nom Eli Yess Zareli, est l'animateur et un des dirigeants de ce média. Le domicile de ce militant néo-salafiste (une variante du salafisme historique qui n'hésite pas à mener des actions politiques et à travailler avec les Frères musulmans) avait été perquisitionné en décembre 2015, suite aux attentats. Selon les services de renseignement, il est aussi une des raisons de la fermeture de la mosquée de Torcy (Seine-et-Marne) en avril 2017. Cette mosquée radicale visait particulièrement la jeunesse pour lui enseigner le "combat contre les mécréants", appréciait les djihadistes et sollicitait "l’aide d’Allah en leur faveur afin de détruire les ennemis de l’Islam, des ennemis de l’intérieur, ici en France et ailleurs". Elias d'Imzalène y était intervenu à deux reprises. Il "a fourni des éléments de langage comparant la situation existant en France à l’apartheid et demandant aux fidèles d’arrêter d’être Français légalistes, Français républicains et Français patriotes" (1).

En juin 2013, dans cette même mosquée, Elias d'Imzalène résuma la pensée et le projet islamiste sur l'enseignement : "Vos écoles, dans lesquelles vous envoyez vos enfants, dans lesquelles on m'a appris à mécroire, à détester [l'islam], à détester nos ancêtres, doivent être abandonnées et qu'on arrive à nos écoles. […]. Aujourd'hui, nous devons nous dire "le projet d'école et le projet de mosquée, c'est deux choses qui vont ensemble". [...] C'est à nous de faire nos centres de loisirs. C'est à nous de prévoir des salles de sport pour nos femmes. [...] Un jour il faudra penser local. Un jour il faudra penser communautaire. Un jour il faudra penser grand. Un jour il faudra penser même à avoir nos banques, notre monnaie locale."

Elias d'Imzalène appelle donc les parents à abandonner cette horrible école laïque au profit d'établissements islamistes dont mosquée et école fonctionneraient en symbiose pour une meilleure cohérence obscurantiste, anti laïque et anti républicaine. L'important est d'être musulman et de défendre sa "communauté", pas d'être citoyen et de défendre son pays. C'est pour cela qu'il "pense grand" en invitant les musulmans à islamiser tous les domaines de l'éducation, de leurs loisirs, à supprimer la mixité, et même à faire sécession avec la République par la création de banques communautaristes et une monnaie locale.

"L’impudique" exhibition patriarcale et politique des militantes islamistes

Organisation sociale raciste, puisqu’elle hiérarchise et discrimine une partie de l’humanité (ici, en raison de son sexe), le sexisme du voile est LE marquage vestimentaire, et le plus ancien, du patriarcat. Obsédés sexuels, les islamistes l’ont hissé en étendard identitaire et politique. La force du patriarcat, celle qui lui permet une telle longévité dans l’histoire humaine, est le consentement d’une partie de ses victimes, voire le soutien actif d'une frange d'entre elles. C’est particulièrement vrai chez les islamistes. Maria De Cartena en est un bel exemple.

Maria De Cartena est une militante néo-salafiste. Profondément fanatique, elle est une militante très active, notamment à l'association "Perspectives musulmanes" et sur la plateforme "Islamophobia". Au-delà de sa soumission au patriarcat, de se cacher des hommes pour ne pas les exciter sexuellement (ce que les islamistes nomment par euphémisme "la pudeur"), son voile est donc, comme le veut l'islamisme politique, son outil politique et militant.

Si le sexisme du voile est l’outil matériel de l’islamisme politique, la sémantique en est la sève. Le terme d'"islamophobie", dans le cadre de la stratégie victimaire, en est le cœur.

"Islamophobie", terme central de la stratégie victimaire de l’islamisme

Ces deux extrémistes ont pu largement s’exprimer sur la chaîne YouTube "L'Observatoire Islam et Civilisation", qui s’inscrit dans la même approche extrémiste de l’islam. Elias d'Imzalène y a été complaisamment interviewé en septembre 2022 (2). Maria De Cartena l’a été tout autant complaisamment neuf mois plus tard, en juillet 2023 (3). Ils expliquent alors ce qu'est, pour eux, "l'islamophobie" en citant chacun, mot pour mot, la même phrase (Maria De Cartena a quand même eu besoin d’une antisèche) :
"Tout ce qui entrave la construction et le développement de la communauté [musulmane], son expression visible et politique, en France ou ailleurs". C'est à dire toute opposition à l'islamisme politique.

La "communauté" dont il est question est l'assignation de tous les musulmans à l'islamisme. En effet, les islamistes ne parlent jamais au nom de leur idéologie mais au nom de tous les musulmans. Cela permet, à l'intérieur, d'assigner tous les musulmans à la frange extrémiste de l'islam (les musulmans qui ne sont pas d'accord sont considérés comme des traîtres, des mauvais musulmans voire comme des non-musulmans). Cela permet, à l'extérieur, de faire croire qu'ils sont à l'image de tous les musulmans et qu'ils sont leurs représentants légitimes. Il y aurait une "communauté musulmane" homogène et uniforme qui serait à l’image de leurs porte-paroles auto-proclamés. Une des conséquences est d’entretenir et développer la peur de l’islam (islamophobie) mais aussi l’hostilité envers les musulmans. Ce qui alimente la stratégie victimaire de l’islamisme. Un cercle vicieux dans lequel une partie de la gauche aime se baigner.

Les islamistes ne parlent jamais au nom de leur idéologie mais au nom de tous les musulmans.

En effet, "islamophobie" est la "peur de l'islam". L'usage de ce terme, plutôt que "hostilité envers les musulmans" ou "musulmanophobie", a pour objectif l'établissement d'un délit de blasphème spécifique à cette religion. Le sens qui lui est donné par ces deux intégristes est dans cette continuité qui s'inscrit dans la stratégie victimaire. Ils considèrent que leur interprétation extrémiste de l'islam serait l'islam tout court, et que s'opposer ou encadrer leur idéologie serait s'en prendre à des individus. Ainsi, la loi de 1905, qui encadre le libre exercice des cultes, est considérée comme une "entrave islamophobe", tout comme les lois de 2004 (interdiction des signes religieux ostensibles à l'école) et de 2010 (interdiction du voile intégral dans l'espace public).

Avec une telle définition de l’islamophobie, Elias d'Imzalène avait donc toute sa place pour participer à l'appel contre "l’islamophobie" publié dans Libération en octobre 2019 puis à la manifestation "contre l’islamophobie" du 10 novembre 2019, co-organisée par d'autres islamistes et activement soutenue par une partie de la gauche. Dans un entretien accordé au Muslim Post, il reconnait y avoir participé et se félicite de la "dénonciation claire des lois liberticides de 2004 et 2010".

Cela montre de nouveau que l'usage du terme "islamophobie" est dangereux, que ceux qui l'utilisent sont des réactionnaires nostalgiques de l'Inquisition, des "idiots utiles" de l'islamisme... ou les deux.

(1) Torcy. Ce que contient la note des renseignements qui a conduit à fermer la mosquée
(2) Eveil de la lutte contre l'islamophobie ? Elias d’Imzalène
(3) La femme musulmane : un pilier de la lutte contre l'islamophobie ? Maria De Cartena

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