Samy Debah est un ancien militant du Tabligh (mouvement islamiste pour une prédication active né dans les années 1920 en Inde). Il est le fondateur et l'ex président du CCIF. Si Marwan Muhammad était la figure médiatique de ce collectif, Samy Debah en était le vrai patron. Tout ce qui a été fait ou dit par le CCIF, des propos suprématistes, ultra identitaires aux plus patriarcaux, de ses partenariats avec des prédicateurs salafistes et Frères musulmans, de son instrumentalisation des attentats pour dire que les premières victimes seraient les musulmans, de son obsession à faire de toute critique de l'islam et de l'islamisme un délit, etc., a été validé par son (ex) président.
Militant sexiste au nom du religieux et de l'acceptation de l'islamisme politique, partenaire assumé de nombreux prédicateurs plus rigoristes et rétrogrades les uns que les autres, il démissionna le 1er mars 2017 pour se lancer en politique en tant que candidat aux législatives. Il s'était présenté sans étiquette dans la 8ème circonscription du Val d’Oise. En fin politique frériste, il est le seul candidat islamiste à l'avoir joué fine concernant ses motivations et son passé d'islamiste actif. Il ne laissa rien transparaitre de son pédigrée dans sa campagne officielle. La vitrine était encore là pour cacher l'arrière-cour.
Avec 34,20% des suffrages exprimés au second tour, il est le premier islamiste à avoir atteint un tel score. La moyenne des autres candidats d'extrême droite musulmane fut de 1% environ au premier tour. Ce succès surprise s'explique notamment par un élément qui favorise toujours l'extrême droite : le taux d'abstention. Il avait dépassé les 69% dans sa circonscription. Capter un faible nombre de voix, bien ciblées, suffit alors pour réaliser un bon score, voire même pour remporter une élection. Ce n'est que partie remise. Il le sait. L'objectif n'était pas de remporter ce scrutin.
Par ce début d'ancrage territorial, Samy Debah visait déjà les élections municipales à Garges-lès-Gonesse. Après une campagne populiste bardée d'arguments sécuritaires et de promesses farfelues, les résultats du premier tour des municipales 2020 ressemblent à s'y méprendre à ceux du second tour des législatives de 2017. Nous constatons un taux d'abstention presque identique (64,97%) pour des élections qui traditionnellement voient une participation toujours plus élevée que les autres (la Covid19 est passée par là). Mécaniquement, cela a joué en faveur de Samy Debah, comme en 2017, avec un score au premier tour similaire au second tour des législatives (34,67%).
Le populisme de cet islamiste ne date pas d'hier. Le CCIF a été créé sur cette base. Le discours de ce militant n'est donc pas neuf. Surfer sur les peurs des "musulmans", attiser les clivages et la haine sont son fonds de commerce depuis toujours. Prenons par exemple un meeting qu'il avait tenu en 2010, en tant que président du CCIF. Il a été filmé puis la vidéo diffusée par ses alliés des Indigènes de la République.
Son discours est rempli de haine et de colère. Ce qui l'amène à être dans une confusion totale où se mélangent réalité (il existe malheureusement bien des actes et propos antimusulmans), fantasmes (les islamistes prennent toujours soin d'amplifier, d'extrapoler, voire de dénoncer des cas imaginaires) et déformations de l'Histoire pour coller à sa vision dégoulinante de victimisation.
C'est le cas par sa référence à des lois "anticonstitutionnelles". Les lois dont il parle sont celles de 2004 (interdiction des signes religieux ostensibles à l'école visant notamment la sexualisation des fillettes par le voile) et 2010 (interdiction du voile intégral dans l'espace public). Si ces lois sont en vigueur, par définition elles respectent la Constitution. Sinon, elles auraient été invalidées par le Conseil Constitutionnel. Ce populisme décomplexé a pour objectif de créer un sentiment d'injustice auprès des musulmans contre des lois démocratiques présentées comme discriminatoires alors qu'elles ne visent que l'intégrisme musulman. L'esprit de ces deux lois est notamment de lutter contre les discriminations sexistes promues par l'islamisme à travers le voile. Des discriminations présentées comme un "libre choix" qui servent d'instruments politiques à l'avancée de ce dernier. Accuser ces lois d'être discriminatoires envers des discriminations est le cœur de la rhétorique d'inversion de l'islamisme politique. Le voile est bien son cheval de Troie. Cette vidéo en est une illustration.
Toutes ces volontaires confusions l'amènent à la comparaison hors sujet mais classique chez les islamistes et "idiots utiles" : "islamophobie"/antisémitisme. Il déforme l'histoire de l'assimilation des Juifs en France et de la Shoah pour la faire coller à ce qu'il déclare être la situation des musulmans en France aujourd'hui : les musulmans seraient persécutés comme les Juifs dans les années 30 et seront victimes un jour ou l'autre du même génocide par cette France blasphématrice ("islamophobe").
Le CCIF cherche toujours à consolider son fonds de commerce victimaire. A l'époque, l'association avait opté pour cette carte premium de la victimisation qu'est la comparaison entre la Shoah et les musulmans. Elle martelait constamment ces éléments de langage. Cette instrumentalisation et ce détournement de l'Histoire a pour vocation de créer un sentiment de persécution pour prétendre vouloir défendre son identité face à un entourage hostile. C'est une des motivations de base de tous les régimes totalitaires.
Quelques mois plus tard, son porte-parole, Marwan Muhammad, fidèle à la ligne de l'association, joua la même carte. Je l'avais décortiqué pour montrer à quel point cette comparaison est choquante, hors sujet et anhistorique (1).
L'ensemble du discours de Samy Debah est dans cette violence, aussi bien dans le ton que sur la forme. Son seul désir est de susciter les bas instincts (peur, haine, colère) de la population qu'il essaie de séduire. Il est clair qu'il n'a aucune volonté de rassembler. Contrairement à ce qu'il dit en vitrine de sa candidature aux législatives hier et celle aux municipales d'aujourd'hui, il ne souhaite pas une République rassemblée. Il souhaite que les musulmans se rassemblent sous la bannière de leur religion. C'est cela le "vivre ensemble" selon le CCIF. Une vision du "vivre ensemble" qui n'est que le clivage de la société en dressant les français les uns contre les autres, tout en accusant la société d'en être responsable. Garges-Lès-Gonesse sera son laboratoire.
(1) Le CCIF et sa référence à l'Allemagne des années 30, l'arroseur arrosé