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Naëm Bestandji

Féminisme / Universalisme / Laïcité

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Mohamed Nadhir (partie 5), le patriarcat serait le meilleur modèle 3

Par Naëm Bestandji . Publié le 25 Octobre 2024 à 19h52

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La dépendance financière et la codification des violences conjugales en cas de désobéissance de l’épouse sont des aspects du statut de « reine en islam ». Cette « reine », aussi présentée comme une « perle précieuse », a l’obligation de faire le ménage, à manger et de s’occuper des enfants (cf. les deux parties précédentes). Son « statut est si élevé en islam », pour reprendre les éléments de langage des islamistes, qu’elle doit descendre de son piédestal pour « se prosterner devant son mari ». Mohamed Nadhir le rappelle, sans le moindre filtre.

La femme est une enfant qui « se prosterne devant son mari »

Le prêcheur poursuit son explication pour justifier l’indéfendable en assimilant, comme vu précédemment, la femme à un enfant : « « Corrigez-les » dans le sens comme à un enfant, quand on le corrige. Ça veut pas dire que la femme elle est réduite au rang d’enfant. Mais ça veut dire qu'il a cette notion-là d'éducation, comme un père qui éduque son fils, comme une mère qui éduque sa fille. C'est la base de la société qui est comme cela. Allah nous ordonne cela parce que le mari il a cette responsabilité d'éducation vis-à-vis de sa femme. »

Pour enfoncer le dernier clou du cercueil patriarcal, le prêcheur cite un hadith authentique (propos ou geste du Prophète rapporté par une chaîne de transmission) : « « Si je devais ordonner à quelqu'un de se prosterner pour quelqu'un, j’ordonnerais à la femme de se prosterner pour son mari ». Et dans une version il est rajouté « au vu du grand mérite qu'il a vis-à-vis d'elle ». Le mérite de quoi ? Vis-à-vis de la responsabilité que le mari a vis-à-vis de la femme. »

« J’ordonnerais à la femme de se prosterner pour son mari. »

Il complète son propos par un autre hadith : « « qui dit que la femme lorsqu'elle prie ses cinq prières, qu'elle jeûne son mois, qu'elle préserve sa chasteté et qu’elle obéit à son mari, il lui sera dit « entre au paradis par la porte que tu veux ». Et la précision « et qu'elle obéit à son mari » elle est importante. » Cette précision n’existe évidemment pas pour l’obéissance du mari à sa femme. Le recours à Dieu, à la carotte du paradis et au bâton de l’enfer sont toujours des moyens efficaces pour mener au « libre choix » de sa servitude.

Mohamed Nadhir ne vit pas dans notre monde, mais dans un univers parallèle. Cela lui permet d’affirmer que si tout ce qu’il a énoncé est respecté, si l’homme sait être viril, la femme sera amplement satisfaite et n’aura aucune raison de se rebeller : « Généralement, lorsque l'homme fait son rôle d'homme, et qu'il accomplit son rôle d'homme avec virilité, dans le sens positif de la virilité, qu'il assume d'être un homme, qu'il assume les responsabilités qu’il a en tant qu’homme, qu'il assume l'éducation qu'il doit donner à son foyer, la pédagogie qu'il doit apporter, etc. ; généralement c'est très rare d'avoir une situation où, derrière, la femme elle ne donne pas ce qu'il faut. […] Et automatiquement, quand on a une personne comme cela dans le foyer, eh bien la femme elle est prédisposée à cela. […] 99,9 % des cas, la femme elle demande qu'il y ait un mari qui soit prédominant dans le foyer, qui soit synonyme pour elle de sécurité, qui soit synonyme pour elle de gestion du foyer, qu’il soit garant du foyer, qu’il soit éducateur […]. Parce que sa nature elle est prédisposée à cela. Sa nature elle est prédisposée à rechercher chez l'homme cela. Et quand elle ne trouve pas chez l'homme ces significations-là, et bien c'est là qu'elle commence à vouloir combler le vide parce que c'est normal […] et à prendre le rôle qui n'est pas le sien. Et c'est là on voit qu’il y a une brèche qui se fait dans la famille, et on voit qu'il y a une porte qui s'ouvre vers le mal. » Le mal en question est la prétention de la femme à vouloir être traitée comme une adulte autonome, ce qui remettrait en cause la hiérarchie voulue par Dieu et, surtout, voulue par le machisme des hommes.

Une femme qui travaille en dehors du foyer ? Quelle horreur !

Mohamed Nadhir est alors révolté quand il apprend qu’un époux souhaite que son épouse travaille pour participer aux dépenses du foyer : « Mais où est ce qu'on a vu ça ? Où est-ce qu'on a vu un homme qui a l'audace, le manque de pudeur d'aller dire à sa femme « Va travailler. Ouvre la porte le matin, à 8 heures du matin ; prends le métro ; tape-toi une heure de transport collée aux gens et va me ramener de l'argent. » Où est-ce qu'on a vu ça ? Normalement, même si tu dois te casser le dos de 6 heures du matin jusqu'à 23 heures du soir à ramasser des fagots par terre et à les vendre au marché pour 5, 6 sous qu'on peut avoir, ce sera meilleur pour toi que de demander à ta femme d'aller travailler. Sois viril ! Aies cette honte.
[…] De la même manière que tu vas pas demander à ton enfant en bas âge d'aller travailler pour ramener de l'argent. [..] La femme elle est dans son foyer. C'est le pilier du foyer. Ça ne veut pas dire qu'elle ne doit pas sortir du foyer. C'est un autre sujet. Elle peut sortir en fonction de ce que la bienséance exige, et avec l'autorisation du mari. »
Sortir de son foyer seulement en cas de nécessité et avec l’autorisation de son mari fait partie de la « complémentarité », de « l’équité » et du « juste équilibre » martelés par la bienveillance des islamistes (l’autorisation de sortie sera abordée dans une prochaine partie). Dans leur esprit, la femme est une enfant qui a les mêmes droits qu’un esclave. Ils ne voient donc aucun mal dans leurs propos.

Selon Mohamed Nadhir, cet ensemble « naturel » n'est donc pas qu'une notion sociologique. Il est fier et heureux d'affirmer que le patriarcat est surtout une notion religieuse car l'islam est intrinsèquement patriarcal. Pour argument, il confirme une idée affirmée par le Prophète : il « dit, dans le hadith de Boukhali « ne réussira jamais un peuple qui confie la gestion de ses affaires à une femme ». […] La quasi-totalité des savants considère que ce hadith-là est à prendre dans l'absolu. Et même dans la salate [prière]. C'est la raison pour laquelle la femme ne dirige pas la salate ; c'est la raison pour laquelle la femme ne se marie pas seule ; c'est la raison pour laquelle la femme ne voyage pas seule ; c'est la raison pour laquelle la femme est pas tuteur d'elle-même et ne peut pas être tuteur d'hommes et ne peut pas être tuteur de femmes. »

Tels sont les droits et devoirs dévolus aux hommes et aux femmes selon l’interprétation islamique des extrémistes. C’est pour cela également qu’il existe énormément plus de vidéos sur la tenue et le comportement des femmes que sur ceux des hommes. C’est pour cela, enfin, que Mohamed Nadhir peut tout justifier, y compris ce qui est illégal en droit français (et dans la plupart des pays). Le viol conjugal et la polygamie, des droits à ses yeux, en sont deux exemples parmi d’autres que j’aborderai dans la prochaine partie.

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