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Naëm Bestandji

Féminisme / Universalisme / Laïcité

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Mohamed Nadhir (partie 6), le patriarcat serait le meilleur modèle 4

Par Naëm Bestandji . Publié le 01 Novembre 2024 à 19h49

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Dans nombre de vidéos, Mohamed Nadhir défend bec et ongles le patriarcat de sa religion (cf. les parties précédentes). Il ne prend aucun recul sur ses textes sacrés. Il n’use d’aucun esprit critique. Imprégné de misogynie jusqu’aux tréfonds de son être, macho jusqu’à la moindre fibre de sa chéchia, son approche littéraliste des textes islamiques conforte sa mentalité arriérée et valide sa vision patriarcale des rapports entre les sexes. Bref, c’est un islamiste. Il reste alors cohérent sur la supériorité du mariage religieux sur le mariage civil, la validation de la polygamie et la non-reconnaissance du viol conjugal.

Le mariage religieux est valide. Le mariage civil n’est qu’« administratif ».

Mohamed Nadhir répond en vidéo à la question d’un de ses abonnés : « Quel mariage est le plus important ? Celui devant la mairie ou celui devant Allah ? »

Le prédicateur répond, sans la moindre hésitation : « Celui devant Allah, c’est celui qui garantit la validité ou la non-validité du mariage. Celui devant la mairie c'est juste une procédure administrative. C'est uniquement cela. C'est uniquement une procédure administrative et ce n'est pas considéré comme validant ou invalidant quoi que ce soit. Si je ne fais qu'un mariage à la mairie avec la personne, sans me marier devant Allah, je n'ai pas le droit à cette personne-là. Elle reste étrangère pour moi. Et l'inverse n'est pas correct : si je fais juste un mariage devant Allah, eh bien la personne m’est licite. Donc ce qui nous intéresse nous, c'est le jugement d’Allah sur ce mariage. C'est le fait que la personne ait accompli ce mariage-là devant Allah. Ensuite, au regard de la législation, … […] C'est administratif uniquement. Ça peut faciliter des choses par rapport au livret de famille. Ça peut faciliter des choses par rapport à la reconnaissance ensuite, en cas de décès, etc. Peut-être. »

Dans une autre vidéo, il confirme un des points de la législation islamique : l’interdiction du mariage entre une musulmane et un non-musulman. En effet, si les hommes musulmans peuvent se marier avec qui ils le souhaitent (et encore, il faut que ce soit une femme d’une des « religions du Livre »), ce n’est pas le cas des musulmanes. Dans la loi islamique, les musulmanes n’ont pas le droit de se marier avec l’homme de leur choix. La charia décide pour elles : elles ont l'obligation de se marier avec un musulman. Pourtant, rien dans le Coran n’indique une telle discrimination envers les femmes. Les hommes et les femmes ont le même cadre, à savoir se marier avec un homme ou une femme des religions du Livre (musulman, chrétien ou juif), comme le Coran l'indique dans la sourate 60 verset 10. C’est par la suite que des théologiens ont ajouté une discrimination supplémentaire dans le fiqh (jurisprudence islamique) : le sexisme. Préférant l’interprétation de la charia aux sources directes du Coran, les codes juridiques de l’ensemble des pays musulmans ont intégré cette discrimination sexiste dans leur législation (la Tunisie en est sortie en 2017). La raison est que les femmes sont considérées comme particulièrement influençables et auraient ainsi tendance à adopter les croyances de leur époux. Leur grande crainte est qu’elles quittent leur religion si elles épousaient un non-musulman. Dans leur esprit, les enfants suivraient leur mère et cela aboutirait à la perte de l’islam.

La jurisprudence islamique distingue et hiérarchise les individus en fonction de leur croyance et de leur sexe.

Cette loi religieuse est doublement discriminatoire puisqu’elle distingue et hiérarchise les individus en fonction de leur croyance et de leur sexe. La charia, ici revendiquée par Mohamed Nadhir… en France… tend à limiter les droits des femmes en les privant d’une des libertés fondamentales : le libre choix de leur mari.

Mohamed Nadhir affirme alors qu’un tel mariage mixte « n’est pas juste un péché majeur. C’est plusieurs péchés majeurs. » Tout d’abord, « parce que le mariage n’est pas valide. » Cette invalidité religieuse du mariage, même si le couple est civilement marié, est présenté comme une « vie en concubinage ». Une présentation faite pour effrayer et dissuader tout désir de mariage civil entre une musulmane et un non-musulman, car le concubinage est interdit en islam : « tous les rapports qui vont être faits dans cette vie-là, ça va être des grands péchés. Un rapport hors-mariage qui est invalide, un rapport de zina [rapport sexuel entre deux personnes non-mariées], c’est considéré comme un grand péché. Et tous les enfants qui en découleront seront des enfants qu’on appelle « bâtards » […], des enfants illégitimes, qui ne seront pas attribués à leur père. » Il réaffirme ainsi la supériorité du mariage religieux sur le mariage civil dont il nie la validité. Le mariage civil, sans le volet religieux, serait « hors-mariage », au point de mentir sur la reconnaissance filiale et de considérer les enfants comme des « bâtards ». Nous sommes face à un cas typique de séparatisme.

Cette négation du mariage civil au profit du mariage religieux lui permet de rendre licite ce qu’interdit la loi de la République, comme la polygamie.

« La polygamie est un droit »

« On ne nie absolument pas que la polygamie est un droit et que c'est une chose licite qu’Allah nous a ouvert. »
Son affirmation sans complexe s’accompagne toutefois d’une tempérance par l’impérativité du mari à respecter ses obligations envers ses épouses. Pourtant, si le Coran autorise effectivement le musulman à avoir jusqu’à quatre épouses (sourate 4, verset 3), il insiste aussi sur le fait qu’il doit être égal avec chacune d’entre elles, tout en affirmant dans un autre verset de la même sourate qu’il est impossible d’être égal avec chacune de ses épouses (sourate 4, verset 129). Le Coran pousse donc à la monogamie dans une société arabe tribale du VIIe siècle où la polygamie était la norme. Mais Mohamed Nadhir, comme tous les islamistes, balaye cela d’un revers de la main : « si je suis capable de l’assumer, eh beh bismillah. »

Il ne fait aucune référence à l’interdiction de la polygamie en France. À ses yeux, « la polygamie est un droit », peu importent les lois du pays où le musulman se trouve. Pour lui, l’Oumma, la communauté musulmane, est un État dans l’État avec ses propres règles et ses propres lois. Il ne reconnait la République et ses lois que pour faciliter les aspects administratifs et revendiquer ce qu’il considère être les droits légitimes des musulmans. Toute opposition à son rejet de la République, à sa misogynie, à sa vision patriarcale et totalitaire de la société est déclarée être « islamophobe », c’est-à-dire blasphématrice. Il est fidèle à la ligne politique de l’islamisme : pour faire avancer son suprématisme, il faut se faire passer pour une victime. En revanche, selon lui, l’épouse ne peut pas être victime d’un viol conjugal.

« Nous n’avons pas de concept de viol conjugal »

« Ce genre de concepts-là, nous on ne les a pas en islam. On a le concept de violences et on a le concept de jouissance. […] Nous n’avons pas de concept de viol conjugal. » Mohamed Nadhir déclare alors que le mari n’a pas le droit de faire « preuve de violence inappropriée vis-à-vis de sa femme ». Ainsi, il ne condamne pas toute forme de violence envers son épouse, seulement celle qui serait « inappropriée ». En effet, comme analysé dans la partie précédente, l’époux a le droit de frapper sa femme mais sous certaines conditions… S’il ne respecte pas ces conditions, l’épouse pourra demander le divorce. Son propos est si choquant qu’il ne recommande pas de faire appel à la justice laïque, dont il ne reconnait pas l’autorité, mais à « une autorité islamique ».

Mohamed Nadhir ne condamne pas toute forme de violence envers son épouse, seulement celle qui serait « inappropriée ».

Comment justifier la négation du viol conjugal ? Par l’obligation maritale, légalisée par un contrat de mariage, un « contrat de jouissance », uniquement reconnu par le droit islamique. « L'homme fait un contrat pour pouvoir jouir de sa femme et la femme fait un contrat pour pouvoir jouir de l’homme. C'est cela la base du mariage. Donc si moi je fais un contrat de jouissance et qu'ensuite je refuse l'objet du contrat, je suis en faute. C'est la raison pour laquelle on a tous ces textes en islam qui nous mentionnent la gravité de se refuser à son conjoint, que la femme se refuse à son mari. »
Notre droit civil intégrait la notion de « devoir conjugal ». Cela a été supprimé pour ne plus autoriser l’époux à violer son épouse. Une évolution décadente pour les islamistes qui affirment, comme le fait ici Mohamed Nadhir, « que la femme qui se refuse à son mari, les anges passent la nuit à la maudire. Pourquoi ? Parce que c'est une personne qui a trahi l'objet du contrat. C'est une personne qui a trahi la raison pour laquelle ce contrat-là a été lié. Donc, à partir de là, il y a une faute qui est commise. »
Voilà comment transformer un viol en acte licite. Non seulement cela ne peut pas être un viol commis par le mari, mais au contraire une faute commise par la femme, une trahison, si elle refuse de respecter le « contrat ». Elle a signé. Elle doit donc s’exécuter, qu’elle le veuille ou non. Cela s’appelle un viol. La négation de son existence dans le droit islamique permet son autorisation. C’est abject, mais c’est efficace. Le prêcheur rappelle que, malgré tout, cela ne justifie pas de violenter (« injustement ») son épouse. Nous retrouvons la fameuse « juste mesure » islamiste entre l’époux et l’épouse, revendiquée par Mohamed Nadhir et ses confrères.

« La femme qui se refuse à son mari, les anges passent la nuit à la maudire ».

Face aux oppositions, Mohamed Nadhir affirme que les personnes luttant contre le viol conjugal auraient « une très basse moralité et défendent des causes qui sont dévoyées, de viol conjugal etc. Nous ne reconnaissons pas ce genre de concepts parce que ce sont de la poudre aux yeux qui est mise pour cacher autre chose derrière, pour cacher généralement le cheval de Troie du féminisme qui vient attaquer les principes islamiques, ensuite qui va remettre en question le mariage, l'institution même du mariage, qui va remettre en question l'obéissance de la femme à son mari, qui va remettre en question le patriarcat dans la société islamique. »

Sa défense zélée du patriarcat islamique n’exclut pas une forme de bienveillance (je suis ironique) en matière de divorce : « on peut se marier et on peut divorcer sans aucun problème, sans que ça doit être un sujet tabou. » Evidemment, il parle toujours de se marier et divorcer religieusement, en dehors de l’État de droit. L’inégalité dans le mariage entre l’homme (supérieur « d’un degré ») et la femme (inférieure en tout) se retrouve aussi dans le divorce.

L’homme est le « roi dans son foyer », y compris pour le divorce

« Allah a fait de la société islamique une société patriarcale fondée sur la prédominance de l’époux dans le foyer. » Cette évidence islamiste rappelée sur le site internet de son institut (1), Mohamed Nadhir s’appuie sur « l’unanimité des savants » pour justifier la faiblesse des droits de l’épouse en matière de divorce : « Ainsi, le divorce, comme le reste des paramètres de la gestion du foyer au sens large fut délégué à l’homme, qui en est le garant, à l’unanimité des savants. En effet, tous les savants s’accordent à dire que le seul cas où la femme peut directement divorcer d’elle-même est lorsque le mari lui délègue la capacité de divorcer. Hormis ce cas particulier, le divorce n’appartient qu’à l’homme et il est le seul à pouvoir le prononcer ou le décider. » Autrement dit, la femme a le droit de divorcer… seulement si son mari est d’accord. A l’inverse, le mari a le droit de divorcer, peu importe l’opinion de sa femme. Nous sommes toujours dans la fameuse « juste mesure », « l’équité », le fameux « équilibre » si largement martelés par les islamistes pour justifier toutes les injustices envers les « reines en islam ».

Pour prouver leur bienveillance à l’égard des femmes, et la « juste mesure » de la charia, Mohamed Nadhir rappelle que « il est autorisé à la femme de demander le divorce en cas de préjudice sévère, comme le fait qu’il la batte, qu’il l’insulte, qu’il ne remplisse pas ses obligations envers elle ou qu’il commette des perversités tel que délaisser des obligations ou commettre des grands péchés. » Mais les islamistes ne peuvent pas s’empêcher de remettre la femme à sa « juste » place : « Néanmoins, il est opportun de rappeler ici la parole du Prophète : « Aucune femme qui demande à son mari le divorce sans raison valable ne sentira l’odeur du Paradis ». Ainsi, le divorce n’est pas une mince affaire, et le demander en particulier pour la femme doit reposer sur une justification sérieuse. »

Tous ces propos pourraient sembler risibles s’ils n’étaient entendus que par une poignée de fidèles à l’influence inexistante. Mais ce n’est pas le cas. Son audience sur internet est colossale. Quand on y ajoute ses autres collègues intégristes au même discours, une large part des musulmans est arrosée par cette averse. C’est pour cela que, par exemple, l’élément de langage « contrat de jouissance » pour justifier le viol conjugal qui n’en serait pas un, sort aujourd’hui de la bouche de nombre de musulmans et de musulmanes. Quand vous écoutez des fanatiques musulmans s’exprimer, sur internet ou dans la vie réelle, rien ne sort de leur esprit. C’est une forme de ventriloquisme où ils ne font que répéter ce que les prédicateurs ont mis dans leur esprit. Ces prédicateurs-eux-mêmes sont les transmetteurs de ce que leurs ainés ont incrusté dans leur cerveau.

Les islamistes sont plus obsédés par le sexe que par la religion. L’islam n’est là que pour réguler leurs ardeurs. Le patriarcat en est le moyen. Leur acharnement à vouloir contrôler le corps des femmes au quotidien, à les considérer comme des objets, se matérialise par l’accessoire vestimentaire le plus misogyne que l’homme ait jamais créé : le voile. Ce sera le sujet de la prochaine partie.

(1) #5 – La femme peut-elle divorcer ?

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