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Naëm Bestandji

Féminisme / Universalisme / Laïcité

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Mohamed Nadhir (partie 9) : ostentation religieuse et victimisation à tout prix

Par Naëm Bestandji . Publié le 22 Novembre 2024 à 19h54

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Une des différences entre l’islam et l’islamisme est que le premier sert d’outil au second. L’islamisme instrumentalise l’islam. Pour l’islamisme, la spiritualité est secondaire, un prétexte à l’ostentation, à l’affichage identitaire, social et politique. Le sexisme du voilement des musulmanes est l’exemple le plus frappant. Cela ajouté à une intransigeance dans la pratique (alors que l’islam sait faire preuve de souplesse), nous obtenons des confrontations entre notre société sécularisée et des pratiques islamiques ostentatoires et intransigeantes. C’est le cas dans certaines situations avec le ramadan. C’est aussi le cas des prières. En bon intégriste, Mohamed Nadhir revendique cette intransigeance et cette ostentation. En bon islamiste, il se positionne en victime face à toute opposition.

Prier aux heures dites, cinq fois par jour, à tout prix

Un de ses fidèles/followers lui demande si « Rattraper ses prières en fin de journée du fait qu'on ne trouve pas un endroit propice pour le faire, c'est grave ou pas ? » Mohamed Nadhir lui répond : « Oui c'est grave. Il est interdit de sortir une prière de son temps. Donc oui, c'est grave. » Il insiste, martèle ce message dès qu’il en a l’occasion. Il poursuit la lecture du message reçu : « « Si les collègues me voient, ils vont me voir en train de prier, ils vont dire que… » Et ben qu'ils disent. La femme a le droit de prier en public, tant qu'elle essaye de faire en sorte de se cacher au maximum. »

Il propose ensuite des astuces pour contourner les règlements des écoles et entreprises. Il conseille de « chercher à avoir des petites pauses de cinq minutes, même trois minutes pour essayer d'avoir la prière en son temps ». Jouer sur la pose pipi lui semble alors une bonne idée : « On ne peut pas interdire une pause de trois minutes juste pour aller aux toilettes. »

Sur la question des prières à l’université, il apporte son soutien « à toutes les sœurs qui pratiquent leur religion de manière décomplexée. […] Pratiquez votre dîn de manière visible. « Est-ce que c'est autorisé à la femme de prier en public ? » Oui. […] Continuez à pratiquer votre dîn de manière visible et qu’Allah nous raffermisse tous. […] Continuez à pratiquer de manière visible et apparente et soyez fiers de votre dîn. »

À l’université ou en entreprise, « il faut constamment que vous accomplissiez les prières à l'heure. Il faut que vous trouviez un endroit pour pouvoir les faire au travail. Même quitte à, en dernier recours, les faire dans les wc handicapés par exemple. La prière sera valide. […] Il faut trouver un endroit. Le mieux c'est de sortir. Par exemple, si vous avez un square qui est par exemple proche du travail, ou vous avez une issue de secours ou peu importe, sortir pour prier et faire tous les efforts que vous avez. C’est à dire qu'il faut chercher dans n'importe quelle situation que vous pourrez imaginer. Il faut chercher comme si vous deviez sauver quelqu'un. […] Il faut véritablement chercher partout, quitte à chercher un sous-sol qui pourrait être secret ou peu importe. »

L’intransigeance présentée, mise en scène de façon dramatique « comme si vous deviez sauver quelqu’un », montre la radicalité, le fanatisme de ce prédicateur. Un fanatisme qui le mène jusqu’à conseiller d’occuper indûment des toilettes pour handicapés, afin de prier dans les temps. Les handicapées ayant une envie pressante devront patienter. L’appel d’Allah d’un musulman valide prime sur l’appel de la vessie d’une personne en fauteuil roulant. Mais, encore une fois, Mohamed Nadhir n’est pas une exception. Chez les islamistes, il est la norme. Un tel discours, multiplié par nombre de prédicateurs sur les réseaux sociaux et, parfois, dans les mosquées, pousse des musulmans à se radicaliser au quotidien. Les conséquences concrètes surgissent parfois dans les médias.

Mohame Nadhir n’incite pas ses fidèles à s’adapter à la société où ils vivent, notamment dans la discrétion religieuse. Au contraire, il les pousse à faire plier notre société par leur ostentation.

Mohamed Nadhir conseille également de prier dans le train, quand le trajet est long par rapport aux heures de prière. Selon lui, la prière ne doit pas se faire assis. La discrétion n’est pas de mise. Il propose de prier debout dans le wagon, avec de légères inclinaisons, voire de prier normalement en se prosternant dans le couloir entre deux wagons. « Les gens vous regardent bizarre, c’est pas votre problème. Vous priez, en essayant de laisser un peu de passage ». Il propose la même chose pour l’avion. Il n’incite donc pas ses fidèles à s’adapter à la société où ils vivent, notamment dans la discrétion religieuse. Au contraire, il les pousse à faire plier notre société par leur ostentation. Si des citoyens expriment leur gêne et leur mécontentement, si d’autres alertent, si l’État réagit, la stratégie victimaire s’enclenche :

« Continuez ! Continuez à pratiquer votre religion de manière apparente, de manière visible. Le but de toute cette salve, de toute cette organisation que vous avez dans ce discours politico-médiatique d'islamophobie, d'oppression, etc., c'est de nous invisibiliser. C'est de faire disparaître ce musulman qui dérange. Et donc plus vous allez apparaître et plus vous allez déranger, mais c'est bien ! Lorsque ça fait mal, c'est signe que c'est positif. »

L’alliance entre extrême droite musulmane et extrême gauche

Sur l’échiquier politique, l’islamisme se situe à l’extrême droite. Mais dans les pays où les musulmans sont minoritaires, les tenants de cette idéologie n’hésitent pas à s’allier à une partie de la gauche pour faire avancer leurs idéaux totalitaires. Pour cela, l’islamisme politique utilise la stratégie victimaire et compte sur la naïveté et la bêtise d’une frange perdue de la gauche. Celle-ci sera émue face aux larmes de crocodile des militants islamistes. Ces derniers récupèrent des expressions et concepts issus de la gauche et des droits humains pour les redéfinir et les retourner contre la société. C’est la rhétorique d’inversion. Comme les autres, Mohamed Nadhir y a recours :
« Je précise les sœurs, même s’il y a des frères qui pratiquent leur religion contre vents et marées, parce qu'on sait que les sœurs c'est les premières attaquées par la lubie colonialiste qui veut dévoiler les femmes constamment, qui veut attaquer les femmes constamment. On sait que les femmes c'est le premier sujet sur lequel appuie cette lubie colonialiste. Les campagnes coloniales « dévoilez-vous » etc. sont la meilleure preuve. Donc qu’Allah raffermisse toutes les sœurs qui sont dans cette situation. »

Pour séduire une partie de la gauche, Mohamed Nadhir ne manque pas d’ironie dans son recours à l’argument colonial. Dans son interprétation littérale, l’islam est prosélyte et impérialiste. L’Afrique du nord, par exemple, a été colonisée et soumise à l’islam, au point que la culture et les langues amazighes (berbères) ont failli être éradiquées. Un grand nombre de Nord-Africains se considèrent même comme « Arabes » et renient leurs ancêtres amazighs. Depuis le XXe siècle, l’impérialisme arabo-musulman s’accentue à travers la montée en puissance de l’islamisme. Le corps des femmes sert d’outil prosélyte et politique, porte-étendard de leur drapeau : le voile. Un voile standardisé pour être reconnaissable partout dans le monde. Ainsi, les haïks et autres safsaris (voiles régionaux culturels tout autant sexistes) ont été progressivement remplacés par les hijabs, jilbabs et niqabs. Ce prosélytisme par la visibilité s’observe aussi en France. Les offensives politiques à travers le sexisme du voile se multiplient depuis 35 ans. La référence de Mohamed Nadhir aux musulmanes qui seraient les premières attaquées fait donc partie de la stratégie victimaire. Ce prêcheur ne fait que reprendre les éléments de langage de l’islamisme politique, dont le CCIF était l’exemple le plus abouti.
Après avoir endoctriné des femmes pour qu’elles consentent à se soumettre en se voilant, après les avoir convaincues que leur soumission patriarcale serait une fierté identitaire à travers le prosélytisme par la visibilité, les musulmanes voilées sont mises en avant et instrumentalisées par les islamistes. Ils ont ensuite beau jeu de se présenter en victimes face à toute opposition.

Les haïks et autres safsaris (voiles régionaux culturels tout autant sexistes) ont été progressivement remplacés par les hijabs, jilbabs et niqabs.

Mais la stratégie de communication et les éléments de langage sont différents d’un continent à l’autre. Dans les pays musulmans, les islamistes jouent sur la culpabilisation religieuse : les Nord-Africains ne seraient pas assez musulmans. Tout refus de l’importation de l’islamisme sur leur sol est considéré comme un rejet de l’islam. Leurs discours sont offensifs. En France, leurs discours sont défensifs. Ils jouent sur la culpabilisation laïque : les Français seraient intolérants, refuseraient « la diversité », relent de leur passé colonial. Tout obstacle à la colonisation islamiste des esprits et de l’espace public est accusé de… « colonialisme ». C’est la rhétorique d’inversion dans toute sa splendeur, cœur langagier de la stratégie victimaire.

Les islamistes réussissent ainsi à obtenir le soutien des « idiots utiles » d’une partie de la gauche. L’usage de termes comme « colonialisme » et « islamophobie » servent efficacement leurs discours victimaires. Nous le découvrirons dans la prochaine et dernière partie de cette série.

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