Tous les islamistes ne sont pas contre l’idée que les femmes puissent faire du sport (quelques exceptions existent, comme les talibans). Pour eux, les musulmanes sont autorisées à se dépenser physiquement... sous conditions. Plus l’islamisme s’étend, plus la possibilité de pratiquer un sport ou de sortir dans l’espace public est conditionnée à l’occultation de leurs cheveux et de leur corps. Le sport a aussi cela de pratique qu’il est un lieu tout à la fois d’endoctrinement et de normalisation de l’islamisme. Cela passe notamment, encore une fois, par la sexualisation des femmes et des fillettes, objets de tentation à cacher. Cette vision sexiste, rétrograde, patriarcale et flirtant avec la pédophilie, est présentée comme une valeur morale positive et identitaire. Une identité non pas des musulmans en général mais des islamistes en particulier qui visent à l’imposer à l’ensemble des musulmans, avec l’aide de leurs partenaires (les féministes intersectionnelles, des associations "antiracistes" et partis politiques d’extrême gauche). Un exemple récent est révélateur de cet entrisme islamiste dans le sport, inclus dans un écosystème plus large d’activités éducatives à vocation prosélyte.
CDK et la convergence islamiste des luttes
CDK (la Clé Du K-O) est un club de jiujitsu brésilien créé en 2003 et installé à Sevran. Il "double [sa discipline] d’un programme d’actions sociales, culturelles, solidaires, pour ouvrir l’horizon de ses licenciés." (1)
La section enfant, la CDK Kidz, a été créée par Ali Rodrigues. La page Facebook de ce dernier est un mixage de publications sportives autour de sa discipline et de publications religieuses. Une confusion volontaire des genres, typique. Le sport sert aussi à faire passer des messages religieux. Tout comme CDK, Ali Rodrigues élargit son champ éducatif en croisant sa discipline avec des projets humanitaires "contre le mal-être de la banlieue du 93. Il développe des sorties éthiques basées sur le retour à la nature, du bien-être humain et animal, une consommation saine pour une vie saine." (2) Il croise alors la route de Linda Noblesse, avec qui il organise plusieurs évènements au sein du CDK KIDZ. Ils fondent en 2018 une association de "promotion de l’écologie", Travel Etik. Linda en est la présidente, Ali le trésorier.
"C’est avant tout une association de promotion de l’écologie qui fait profiter de ses bons plans. Nos partenaires sont tous locaux et engagés dans un tourisme éthique. Ethique = qui respecte l’humain, l’animal et la nature. Des personnes respectées et respectueuses, des animaux bien traités et abattus selon un rite sain et sans souffrance, une exploitation durable et soucieuse de l’environnement. Travel Etik organise des évènements et des séjours adaptés s’appuyant essentiellement sur le principe de ‘consommer sainement’." (3)
Cette présentation sur le site de l’association ne fait jamais référence à la religion. Pourtant, l’islam (version intégriste) y est constamment présent. D’abord par l’étendard sexiste arboré sur la tête de la présidente de Travel Etik, son hijâb. Un message envoyé aux enfants pour leur apprendre la première des valeurs "éthiques qui respecte l’humain" : la femme est un objet sexuel à dissimuler sous un voile pour ne pas exciter les hommes. Cette "éthique" patriarcale d’un autre âge est justifiée par l’adhésion à l’interprétation extrémiste de l’islam dont l’écologie sert de support à la transmission du message. Que ce soit par le sport ou l’écologie, l’intérêt est d’installer une norme religieusement radicale pour qu’elle soit perçue comme l’islam tout court et dont la manifestation publique serait aussi naturelle qu’une promenade dans les bois.
"13eme CDK WARRIORS KIDS TRAINING", 3 février 2021. Banalisation du voilement des fillettes à travers une activité nature et sportive.
L’humanitaire est également l’un des supports préférés de l’islamisme politique. En 2018, Travel Etik souhaite sensibiliser ses jeunes adhérents à l’autisme. Pour cela, elle ne fera pas appel à l’une des multiples associations non-confessionnelles qui œuvrent en ce domaine. Elle va solliciter les services de Ummah Charity.
Ummah Charity, le prosélytisme néo salafiste par l'humanitaire
Comme feu BarakaCity, Ummah Charity est une association religieuse dont le support est l’humanitaire. Cela transpire dès le choix de son nom. "Ummah" signifie la communauté des musulmans, par-delà les frontières nationales. Son approche religieuse est néo salafiste, là encore comme BarakaCity. Les deux associations sont donc naturellement en lien. Ummah Charity avait aussi officiellement déclaré, dès 2011, son affection pour le CCIF. En 2020, le fondateur de Ummah Charity, Billal Righi, a été placé en garde à vue dans l’enquête sur l’assassinat de Samuel Paty. Il avait lancé une cagnotte de soutien à Brahim C., ce parent d’élève qui s’était opposé à l’enseignant et réclamait des sanctions contre lui. Sur son compte Twitter, Billal Righi avait "également apporté un soutien inconditionnel à l'association Baraka City et au Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF)" (4), dissous depuis par le gouvernement. Pour mieux le situer idéologiquement, si cela était encore nécessaire, Billal Righi est en lien avec LE prédicateur français de cette mouvance néo salafiste, Nader Abou Anas.
Installer une norme religieusement radicale pour qu’elle soit perçue comme l’islam tout court et dont la manifestation publique serait aussi naturelle qu’une promenade dans les bois.
CDK Kidz et la sexualisation des fillettes par le voile
Revenons à CDK Kids et son fondateur. Comme tout militant islamiste, Ali Rodrigues considère le sport comme un moyen prosélyte auquel la tête des femmes, et des fillettes, sert de support. Il partage parfois des publications en ce sens. En 2019 par exemple, il soutient sur Facebook une jeune femme islamiste qui déclare dans une longue publication combien se dissimuler sous un voile et être ainsi entravée lui apporte un bien-être. (5)
Un évènement parmi d’autres illustre aussi la participation de CDK kids à la norme islamiste, dont les corps des fillettes servent de support politique. Le 18 janvier 2022, Ali Rodrigues s’insurge sur sa page Facebook : "Touchez pas à nos enfants", suivi d’un emoji exprimant sa colère. (6)
Qu’est ce qui le met dans un tel état ? La publication qu’il partage donne la réponse. Un club de sport s’inscrit à une compétition de jiujitsu brésilien pour le 16 janvier 2022, organisée par la fédération française de cette discipline, pour les catégories "kids". Une partie des jeunes compétitrices du club est dissimulée sous un voile, pour les préparer au sort d'objet sexuel convoité qui les attend. Aucun garçon n’est bien sûr voilé. Un acte prosélyte, sexiste et contraignant qui s’assoit sur la liberté de conscience des enfants, évidemment présenté comme "un choix personnel". En application du règlement sur l’interdiction des couvre-chefs, les athlètes concernées sont disqualifiées. La stratégie victimaire habituelle s’enclenche. L’accent est mis sur l’intense préparation physique pour ce jour si attendu et les classiques éléments de langage sont utilisés : "discrimination, humiliation, injustice". Tout est inversé. La rhétorique d’inversion est un classique. La discrimination sexiste du voile est occultée pour accuser de discrimination un règlement applicable à toutes et tous sans distinction. L’énorme déception de ne pas participer à la compétition n’est pas mise sur le compte de l’intransigeance fanatique des parents, également transmise à leurs filles, mais sur le dos des organisateurs. Si ces athlètes avaient réellement voulu participer à la compétition, elles auraient retiré leur voile le temps de celle-ci. Puisque le port de cette prison mobile est présenté comme un "choix personnel", alors elles font le choix de s’exclure elles-mêmes. Cela s’appelle le fanatisme. Leurs convictions extrémistes d’un autre âge, qui rabaissent et sexualisent les corps féminins juvéniles pour en faire de honteux objets de tentation à dissimuler, sont plus importantes que le sport. C’est cela qui doit inquiéter et être interrogé, non un règlement qui ne discrimine personne. Voilà les valeurs transmises à ces jeunes : l’intransigeance "religieuse", sexiste et patriarcale plutôt que l’acceptation des règles communes. La colère d’Ali Rodrigues est dirigée contre le règlement qui empêche l’épanouissement de son idéologie totalitaire pour laquelle il s’investit tant. Il en tirera les leçons.
CDK Kids a pu échapper à une telle déconvenue en organisant sa propre compétition de Jiujitsu Brésilien pour enfants de 6 à 14 ans. Elle s’est déroulée le samedi 28 mai 2022 à Villepinte. Des fillettes ont pu servir de support publicitaire à son idéologie rétrograde. Il ne voit aucun inconvénient à banaliser la sexualisation des enfants. Sa compétition fut une réussite. Son déroulement a été parfait, les parents et leurs enfants satisfaits. La contribution à la banalisation de l’islamisme à travers le sexisme du voile est entière. L’éducation à l’égalité des sexes, au respect de chacun dans son humanité, est piétinée. L’apprentissage de la liberté de conscience pour ces citoyennes en devenir, cœur du principe de la laïcité, est annihilé. Et tout cela, avec la bénédiction de la ville de Villepinte.
Compétition organisée par CDK Kidz à Villepinte, le 28 mai 2022.
Tout au long de l’année, CDK Kidz participe à la banalisation du voilement des fillettes. L’approche se veut être la même que les associations qui luttent contre les discriminations : "l’inclusivité". L’infiltration sexiste, patriarcale et prosélyte du voile, outil politique de l’islamisme, ainsi que la maltraitance infantile flirtant avec la pédophilie sont alors présentées comme une forme de "tolérance de la différence".
Je ne doute pas de la sincérité des motivations sportives, humanitaires et écologistes de CDK Kidz et de Travel Etik. Tout comme je ne doute pas qu’elles se confondent avec leur prosélytisme dû au fanatisme religieux de leurs fondateurs. C’est à travers ces activités (écologie, sport, culture, humanitaire, soutien scolaire), éléments de tout un écosystème, que l’islamisme politique étend son influence auprès des musulmans et réussit à décrocher des soutiens et des partenariats avec des partis politiques, des structures et personnalités non-musulmanes. Aucune subvention ne peut leur être accordée, aucun partenariat ne peut être construit, si les motivations politico-religieuses sont frontalement affichées. Cela n’excuse pas la dangereuse naïveté de leurs partenaires. Ils sont en partie responsables du glissement communautariste au sein de leurs territoires et de la pression exercée sur les musulmans qui résistent encore à la vague islamiste.
(1) Les voies du CDK, Sevran le journal
(2) Ali, co-fondateur et trésorier de l’association, site de Travel Etik
(3) A propos de Travel Etik
(4) Pourquoi le fondateur de l’ONG Ummah Charity a été placé en garde à vue
(5) https://www.facebook.com/ali.rodrigues93/posts/2836516913040289
(6) https://www.facebook.com/ali.rodrigues93/posts/7308864862472116