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Naëm Bestandji

Féminisme / Universalisme / Laïcité

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Voile : le CCIE en pointe des offensives islamistes contre l’école

Par Naëm Bestandji . Publié le 23 Septembre 2022 à 13h33

L’islamisme politique multiplie les attaques contre la République, à travers les offensives contre la laïcité à l’école. Dans l’écrasante majorité des cas, le sexisme du voile reste encore et toujours son outil de prédilection, avec la même inlassable méthode : la victimisation. Cette stratégie imprègne aujourd’hui tous les acteurs et actrices de l’islamisme politique. Les réseaux sociaux assurent une caisse de résonance à des initiatives individuelles ou de petits groupes sans lien autre que l’idéologie qui les nourrit. Ici, une lycéenne refuse de retirer son voile en sortie scolaire. Là, une élève refuse de se baigner en maillot de bain. Ailleurs, une autre conteste la loi de 2004 au nom de sa « liberté religieuse » qui n’est autre que sa soumission au sexisme le plus archaïque par respect du patriarcat islamiste. Partageant leur « traumatisme » sur les réseaux sociaux, ou leurs conseils pour bien porter le voile à l'école, ces jeunes filles publient des vidéos sur les mêmes plateformes où nous trouvons des prédicateurs qui multiplient les courtes vidéos prosélytes (modernes dans la forme) pour contraindre psychologiquement les musulmanes à la servitude volontaire. Ces dernières deviennent à leur tour des « porte-drapeaux » prosélytes par leur voile. Leurs vidéos spontanées n’ont pas l’aval de tous les islamistes (surtout les salafistes). Mais une bonne partie les voit d’un bon œil car elles assurent un prosélytisme inespéré auprès de la jeunesse.

Le CCIE (Collectif contre l’islamophobie en Europe) est la reconstitution du CCIF en Belgique, terre d’accueil de l’islamisme européen. Ses publications sont techniquement les plus abouties, par leur professionnalisme mais surtout par leur narration. Le CCIF/CCIE est passé maître en communication victimaire. Il nourrit celle des tiktokeuses ou autres instagrameuses. Il permet de prendre la température de ces offensives contre l’école à travers le sexisme du voile. Par une série de tweets publiée par le CCIE le 22 septembre 2022, voici comment l’islamisme politique s’y prend pour une bonne communication victimaire.

« Les musulmanes »… forcément toutes voilées

L’élément le plus important est de laisser croire que la société française et/ou l’État, les institutions (Conseils régionaux, départementaux, rectorats, etc.) et les entreprises sont hostiles aux « musulmans ». L’islamisme politique, tel le CCIE, ne parle donc pas de « militantes islamistes », ni de « musulmanes intégristes » ni même de « musulmanes voilées ». Il parle de « musulmanes » tout court, alors que les porteuses du voile chez les musulmans sont minoritaires en France. Ce choix a un double objectif. Il est d’abord de laisser croire aux non-musulmans que la femme musulmane est forcément voilée. Je rappelle que le voile est l’outil politique de l’islamisme. Plus le voile est visible, plus l’idéologie progresse. Il est donc nécessaire d’imprimer dans l’inconscient collectif que le voile est l’attribut naturel de toutes les musulmanes. L’avantage est aussi de déclarer comme hostile aux « musulmans » toute opposition au concept sexiste et patriarcal du voilement des femmes. Le deuxième objectif est de mettre la pression sur les musulmanes non-voilées. Si « les musulmanes » portent le voile, alors les non-voilées ne seraient pas musulmanes ou pas assez « pieuses ». Cela explique la croissance du nombre de musulmanes qui basculent dans la soumission au voilement. Le port du voile n’a pourtant aucun lien avec le degré de piété puisque sa prescription n’a rien à voir avec cela. Le voile marque la soumission à la libido masculine enrobée de faux prétextes religieux.

Campagne du CCIE contre l'école laique 1

L’élément suivant est d’éviter au maximum l’usage du mot « voile » pour lui préférer « foulard ». Les deux ont peu de choses en commun (je le démontre en détail dans mon livre). L’idée est encore ici de créer la confusion pour faire appel à l’inconscient culturel des Français, le fameux « foulard de nos grands-mères ». Cela fonctionne si bien que des non-musulmans comparent par exemple le voile islamiste au… foulard de Grace Kelly.

Du voile à l’abbaya pour tenter de contourner la loi de 2004

De la simple lycéenne aux structures comme le CCIE, à cause de la loi de mars 2004 sur l’interdiction des signes religieux ostensibles à l’école, il est aujourd’hui compliqué de revendiquer le port du voile sans appeler frontalement à violer la loi républicaine. Des initiatives individuelles voient alors le jour pour la contourner. L’outil est autant le voile que certaines tenues islamistes comme l’abbaya (tunique portée par-dessus les vêtements qui couvre l’ensemble du corps sauf la tête). Présentée comme une simple tenue culturelle anodine (ce qu’elle n’est pas), des lycéennes défient la République, à travers la défiance envers leurs établissements scolaires. Ces initiatives spontanées sont les fruits d’un endoctrinement patiemment instillé lui aussi à la fois victimaire et offensif. Le voile et l’abbaya ne sont pas seulement présentés comme des outils de « pudeur » (euphémisme pour ne pas dire « sexisme ») uniquement destinés aux femmes. Ils sont aussi présentés comme des outils identitaires. Les prédicateurs réussissent alors à transformer le symbole dégradant du patriarcat en fierté identitaire et les lois républicaines, communes à tous, comme discriminantes envers « l’identité musulmane ».

La campagne agressive du CCIE contre la République

Le CCIF/CCIE a fortement contribué à la diffusion de ce message. Il récolte aujourd’hui un retour sur investissement en surfant sur les initiatives individuelles d’élèves du secondaire ou de l’enseignement supérieur par la mise en scène populiste et larmoyante des « traumatismes » de ces militantes islamistes en herbe. Galvanisé par la multiplication de leurs plaintes sur les réseaux sociaux, le CCIE ne prend plus de gants. Il oppose à présent frontalement les étudiantes « musulmanes » à l’Éducation nationale.

Campagne du CCIE contre l'école laique 2

Campagne du CCIE contre l'école laique 3

La technique est toujours la même : recueil de témoignages des « victimes » sans aucun recul ni réponses des accusés (Éducation nationale, personnels des établissements scolaires, etc.) ; aucune image de ce qui est déclaré être des « kimonos » ou de simples « tuniques longues » ; aucune indication sur le lieu ni sur les circonstances ; les établissements et leur personnel sont présentés comme des caricatures de méchants dignes de films de série B et les « musulmanes » comme d’émouvantes victimes sans défense ; des éléments de langage soigneusement choisis comme « discrimination » (alors que c’est le voile qui discrimine les femmes), « alpaguer violemment » ou « le proviseur a empoigné ma fille au niveau du bras », « terreur », « conséquences psychologiques ». L’idée est moins de dénoncer une discrimination que d’émouvoir par des détails (faux ou exagérés pour la plupart) pour une meilleure victimisation.

Campagne du CCIE contre l'école laique 4

Pris dans son euphorie, le CCIE va encore plus loin. Les surveillants et proviseurs qui font respecter la loi de 2004 dans leurs établissements sont accusés de « pister les filles voilées », seules à transgresser ladite loi. Certains sont même accusés de ficher ces « filles voilées » sur une liste. Le choix de ces mots est de l’orfèvrerie. Qui, dans l’histoire de France, avait pisté des individus pour ensuite les ficher ? Et qui étaient ces individus ? Les Juifs fichés par les nazis et leurs collaborateurs français. Cela rejoint le narratif victimaire de l’islamisme politique sur la situation des musulmans d’aujourd’hui qui pourraient connaitre le même destin funeste que les Juifs européens d’hier.

Campagne du CCIE contre l'école laique 8

Le CCIE instrumentalise la lutte contre le racisme

Un des volets de la stratégie victimaire est de vouloir alors s’inscrire dans la lutte contre le racisme. L’islam(isme) ne serait plus une religion ou une idéologie politique à laquelle on adhère mais une ethnie à laquelle on appartient biologiquement. Les lois concernées ne seraient donc plus celles de 1905 (si l’islam est une race, alors la liberté de conscience devient caduque) ni de 2004, mais toutes les lois contre le racisme. Une autre manière est de créer une autre confusion en accusant les institutions non pas d’hostilité envers une tenue « religieuse » mais de racisme envers les élèves « d’origine arabe et africaine ». Il faut ethniciser par tous les moyens.

Campagne du CCIE contre l'école laique 6

Le CCIE n’entend pas en rester là. Comme le CCIF hier, il termine sa démonstration en appelant les lycéennes « victime de discrimination » à se signaler auprès de lui pour les « accompagner dans toutes [leurs] démarches ».

Campagne du CCIE contre l'école laique 7

Cette campagne agressive du CCIE qui cache de moins en moins ses intentions n’est que l’arbre qui cache la forêt. Des jeunes toujours plus nombreux à adhérer aux idéaux islamistes, galvanisés par la victimisation et la lutte par fierté identitaire, multiplient les offensives dans le monde réel, amplifiées par les réseaux sociaux. Le silence, voire le soutien, d’une partie des féministes et d’une frange de la gauche ne fait que renforcer le phénomène. La loi de 2004 et celle de 2021 sur le « séparatisme », qui ne traitent que des conséquences en les écopant à la petite cuillère, ne servent pas à grand-chose si le problème de l’islamisme n’est pas pris à la source et à bras-le-corps. En attendant, le rempart républicain craque de toute part. L’islamisme voit son agenda sur le long terme récompensé.

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